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Convaincant les eurodéputés

Juncker élu président de la Commission

VIDEO. Jean-Claude Juncker a défendu mardi matin devant les eurodéputés un plan d'investissements de 300 milliards d'euros et une Europe plus sociale avant d'être élu président de la Commission européenne par 422 voix pour.

Jean-Claude Juncker dans les bras de Martin Schulz après le vote au Parlement européen
Jean-Claude Juncker dans les bras de Martin Schulz après le vote au Parlement européen © PHOTO: Reuters

(DN avec AFP) - Jean-Claude Juncker a défendu mardi matin devant les eurodéputés un plan d'investissements de 300 milliards d'euros et une Europe plus sociale avant d'être élu président de la Commission européenne par 422 voix pour et 250 contre. 47 bulletins blancs ont été décomptés. Le nombre de suffrages exprimés était de 729, avec 10 votes non valides.

"La démocratie s'est exprimée", a déclaré M. Juncker après le vote, en conférence de presse. C'était l'ultime étape d'un processus qui avait débuté fin 2013.

Le vote ouvre le bal des nominations avec la désignation attendue mercredi par les dirigeants européens du vice-président chargé de la politique extérieure.

L'ancien Premier ministre chrétien-démocrate luxembourgeois devait obtenir la majorité absolue, soit 376 voix sur 751 députés. Il comptait sur les 480 voix du bloc formé par les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) et les socialistes, renforcé par les Libéraux et centristes.

Ci-dessous : vidéo de l'arrivée de Jean-Claude Juncker dans l'hémicycle

Répondre aux angoisses, peurs et espoirs par le rêve

Mais de nombreuses défections étaient attendues. Au moins une soixantaine d'élus des trois groupes devaient voter contre ou s'abstenir, selon des décomptes officieux.

Jean-Claude Juncker à Strasbourg mardi matin, lors d'un débat précédent le vote
Jean-Claude Juncker à Strasbourg mardi matin, lors d'un débat précédent le vote © PHOTO: Reuters

Avec 422 voix en sa faveur, M. Juncker fait toutefois mieux que José Manuel Barroso qui, en 2009, avait recueilli 382 votes favorables, sur un total de 718 votant et de 736 députés que comptait à l'époque l’assemblée.

Le candidat a tenté de convaincre les indécis avec un discours plein de promesses. "Nous devons répondre aux angoisses, aux peurs et aux espoirs des citoyens européens par le rêve", a-t-il lancé.

Il a ensuite annoncé son intention de demander un plan d'investissements de 300 milliards d'euros sur les trois prochaines années pour lutter contre le chômage.

Extraits du discours de M. Juncker

Lutte contre la fraude et l'évasion fiscale, le dumping fiscal

Il a affirmé que "le social doit être aussi au cœur de l'action européenne", promettant de "lutter contre la fraude fiscale, l'évasion fiscale, le dumping social" et assurant de sa détermination à établir dans tous les pays de l'Europe des salaires sociaux minimaux. Il a assuré qu'il allait "modifier le processus d'autorisation de culture des OGM" et qu'il n'accepterait pas un accord de libre échange avec les Etats-Unis conclu "à n'importe quel prix".

Ce catalogue d'engagements clairement adressés aux élus socialistes, libéraux et Verts dont l'indécision menace son élection, a été plutôt bien reçu, une longue salve d'applaudissements saluant sa conclusion.

"Je remercie Mme Le Pen de ne pas voter pour moi. Je ne veux pas avoir l'assentiment de ceux qui rejettent, qui excluent. Merci, Madame, de ne pas voter pour moi !" a-t-il enfin lancé, juste avant que les eurodéputés ne votent sur sa nomination à la tête de la Commission européenne.

Pas d'élargissement de l'Union

Jean-Claude Juncker dans l'hémicycle du Parlement européen à Strasbourg, le 15 juillet
Jean-Claude Juncker dans l'hémicycle du Parlement européen à Strasbourg, le 15 juillet © PHOTO: AFP

M. Juncker a également affirmé qu'aucun nouveau pays ne rejoindrait l'Union européenne au cours des cinq ans de son mandat, même si elle devrait à terme s'ouvrir aux Etats des Balkans. Après l'adhésion de la Croatie en 2013, la Serbie, le Monténégro, la Macédoine, le Kosovo, l'Albanie et la Bosnie-Herzégovine sont engagés dans des négociations plus ou moins avancées avec l'UE.

"L'UE a besoin de faire une pause dans son processus d'élargissement afin de consolider ce qui a été fait à 28", a-t-il ajouté, en rappelant que 13 Etats l'avaient rejoint en dix ans.

M. Juncker a également appelé à "intensifier les efforts de coopération, d'association et de partenariat" avec les pays du "voisinage oriental" comme l'Ukraine et la Moldavie. "Les Ukrainiens sont un peuple européen et l'Ukraine a sa place en Europe", a-t-il déclaré.

Il s'est par ailleurs prononcé pour "une Europe plus forte sur la scène internationale". "Nous ne pouvons nous satisfaire de notre politique étrangère actuelle", a-t-il dit, en regrettant que l'action de la chef de la diplomatie européenne soit parfois "freinée" par les ministres des Affaires étrangères des Etats membres.

M. Juncker a donc souhaité que le prochain Haut représentant pour les affaires étrangères soit "une personnalité respectée et expérimentée".

"Pas de chèque en blanc"

"Nous ne vous donnons pas un chèque en blanc, a toutefois averti le président du groupe socialiste, Gianni Pittella. "Vous serez probablement élu, et nous vous souhaitons bon vent, mais nous ne voterons pas pour vous aujourd'hui", lui a lancé le conservateur britannique Syed Kamall.

"C'est difficile pour une partie du Parlement, mais en votant pour élire le président de la Commission européenne, nous établissons une vraie démocratie européenne", a insisté le patron des Libéraux, Guy Verhofstadt. "Vous vous mettez du coté des anti-européens", a-t-il prévenu les élus tentés par un vote contre.

Les libéraux, incontournables pour la constitution d'une majorité au Parlement, réclament "une représentation dans toutes les institutions", et exigent que l'exécutif bruxellois compte "pas moins de neuf postes de commissaire pour des femmes", comme dans la Commission sortante.

M. Juncker milite en faveur d'une Commission paritaire et a rappelé, mardi, qu'au moment de la Commission Prodi en 1999, il avait proposé trois femmes pour le poste de commissaire luxembourgeois : "Une libérale, une démocrate-chrétienne et une socialiste."

Les exigences des libéraux renvoient au grand marchandage engagé entre les capitales pour les deux derniers grands postes à pourvoir, chef de la diplomatie européenne et président du Conseil, et pour l'obtention de portefeuilles de poids au sein de l'exécutif.

Les socialistes revendiquent le poste de président du Conseil, actuellement occupée par le chrétien-démocrate belge Herman Van Rompuy, mais ils ne sont pas parvenus à s'entendre sur un candidat. Ils pourraient se satisfaire du poste de chef de la diplomatie, avec en complément le portefeuille de l'Economie, brigué par l'ancien ministre socialiste français Pierre Moscovici.

La présidence du Conseil pourrait alors revenir à la droite du PPE ou aux libéraux. En cas de blocage, les chefs d'Etat et de gouvernement pourraient choisir de renvoyer cette décision à un nouveau sommet en septembre ou en octobre.

Le sommet de mercredi soir à Bruxelles ne déboucherait que sur la nomination du successeur de la Britannique Catherine Ashton à la tête du service diplomatique. Le poste devrait revenir à une femme. La jeune chef de la diplomatie italienne, la social-démocrate Federica Mogherini, tient la corde, mais la Bulgare Kristalina Georgieva, proche du PPE et actuelle commissaire à l'Action humanitaire, brigue également la fonction.

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