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Comment PS et UMP «chosifient» le droit de vote des étrangers

Les partis désorientés cherchent des sujets clivants. Avec le droit de vote des étrangers aux élections locales le PS voit l’occasion de ressouder ses troupes, la droite de s’opposer sans se déchirer.

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Cécile Cornudet, éditorialiste aux Echos.

Par Cécile Cornudet

Publié le 15 juil. 2014 à 19:06

Dans le spectacle politique aussi, il y a des interludes. Des sortes de figures imposées, où chaque camp respire, rejoue une scène connue par coeur, comme on s’échange des balles faciles pour se détendre, sans vraiment faire attention au contenu du texte lui-même. La scène donnée ces derniers jours a déjà un long passé derrière elle : le droit de vote des étrangers aux élections locales. Le PS sait qu’il a pour vertu immédiate de ressouder ses troupes en mal de symboles « de gauche ». L’UMP en profite aussitôt pour crier à la manoeuvre favorable au Front national. Le tout est merveilleusement clivant, quand la gauche peine à faire accepter sa politique économique et la droite à surmonter ses divisions internes. La pièce déjà rodée a été jouée sans fausse note depuis dimanche. François Hollande a remis le sujet dans le débat, lors de son interview du 14 juillet, en évoquant cette réforme parmi ses chantiers institutionnels de 2016.

Grand débat à l’automne

Avec prudence - « cela doit être le fruit d’un consensus »-, mais suffisamment pour susciter les réactions de l’UMP. C’est « le dernier clou sur le cercueil de la Nation », surtout si l’on ajoute une dose de proportionnelle, s’est enflammé Bruno Le Maire. « C’est une ficelle bassement électoraliste » a poursuivi Eric Ciotti à l’Assemblée. Ce qui lui a valu cette réponse cinglante de Manuel Valls : « Vous divisez les Français parce que vous êtes incapable de trouver une bonne réponse à la politique réformatrice du gouvernement », a lancé le Premier ministre, dans des termes finalement réversibles, puisque la droite les utilise contre lui.

Le projet a-t-il des chances de voir le jour ? Là n’est pas le sujet. Le Premier ministre s’est montré véhément contre Eric Ciotti, mais sans jamais défendre le projet lui-même. Tout simplement parce qu’il n’en veut pas. Qu’importe, l’important est de rassurer la gauche. Jean-Christophe Cambadélis, le patron du PS, va lancer un grand débat fin octobre sur le sujet, piloté par un Comité national d’action. « Toutes les forces de gauche sont d’accord sauf Chevènement », plaide-t-il, tout en sachant que le Parlement ne dispose pas de la majorité des 3/5e pour le voter. Voici comment le droit de vote des étrangers s’est peu à peu chosifié : mesure qu’on agite d’autant plus facilement qu’on sait qu’elle n’est pas prête de voir le jour.

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