Tour de France. Hinault : «Les Français doivent oser, quitte à tout perdre»

Après une journée de repos, le peloton s'élance en direction du Jura. Selon Bernard Hinault, quintuple vainqueur de l'épreuve, un autre Tour commence pour les Français candidats au podium.

La Planche-des-Belles-Filles (Haute-Saône), lundi et sur la route de Gérardmer (Vosges), le 12 juillet. Trois cyclistes tricolores, Thibaut Pinot, Romain Bardet et Jean-Christophe Péraud (de g. à dr.), sont susceptibles de se mêler à la lutte pour le podium final. Une nouvelle qui réjouit le dernier Français (Bernard Hinault en médaillon) vainqueur de la Grande Boucle.
La Planche-des-Belles-Filles (Haute-Saône), lundi et sur la route de Gérardmer (Vosges), le 12 juillet. Trois cyclistes tricolores, Thibaut Pinot, Romain Bardet et Jean-Christophe Péraud (de g. à dr.), sont susceptibles de se mêler à la lutte pour le podium final. Une nouvelle qui réjouit le dernier Français (Bernard Hinault en médaillon) vainqueur de la Grande Boucle. (PhotoPQR/« L’Est républicain/Alexandre Marchi et Presse Sports/Bernard Papon.)-(LP/Matthieu de Martignac.)

    Appuyé contre une vitre de la salle du Palais des sports où vient de se tenir la présentation de la Course by le Tour de France, l'épreuve féminine qui se courra sur les Champs- Elysées le 27 juillet, Bernard Hinault a accepté d'évoquer les chances françaises de bien figurer sur cette édition. A 59 ans, il reste toujours aussi offensif.

    Quatre Français dans les dix premiers (Bardet, Gallopin, Pinot et Péraud), on imagine que cela vous fait plaisir...
    Bernard Hinault.

    Bien sûr ! Ça fait quand même un bout de temps qu'on n'a pas autant de coureurs placés. Maintenant, il faut qu'ils aillent jusqu'au bout. Je pense qu'on tirera des conclusions plus facilement quand ils seront tous à Paris. Avec tout ce qu'il reste comme montagne, ils peuvent encore s'écrouler. On l'a vu l'an dernier avec Thibaut Pinot, qui s'est effondré complètement parce qu'il n'est pas un descendeur. Il faut aussi faire attention à ça.

    Le podium est-il envisageable ?

    S'ils gardent cette condition, qu'ils ne font pas d'erreur et n'ont pas d'incident mécanique, il n'y a pas de raison pour qu'ils ne soient pas sur le podium. Pourquoi auraient-ils moins de chances que les autres ?

    Et pour la victoire ?

    Gagner, c'est autre chose.

    De quoi cela dépend-il ?

    De Nibali ! C'est tout. Pour l'instant, il domine le cyclisme sur le Tour de France. Il l'a montré dans les bosses, sur les pavés. Il a 50 % de chances de gagner.

    Si un Français monte sur le podium, on risque d'entendre : « Oui, mais il manquait Froome et Contador... »

    Non, il ne faut surtout pas dire ça ! Les absents ont toujours tort. Ce n'est pas de la faute des autres s'ils sont tombés. Ils vont aller la chercher, leur place, donc celui qui va dire ça sera un malhonnête. Froome n'avait qu'à rester sur son vélo ; Contador, pareil. Ce ne sont pas eux qui les ont foutus par terre !

    Vous avez longtemps dit que les Français n'en faisaient pas assez...

    C'est peut-être pour ça qu'aujourd'hui ils sont là. Ça veut dire quoi ? Qu'ils ont travaillé. Ou qu'on n'avait pas jusque-là les deux ou trois coureurs capables de lutter avec les tout meilleurs. On a cette chance d'avoir, avec Pinot et Bardet, des grimpeurs. Mais il reste le contre-la-montre... C'est leur handicap à tous les deux. Péraud sera un peu plus avantagé. Mais est-ce qu'il sera aussi à l'aise dans la montagne ? C'est autre chose.

    Que vous inspire la situation d'AG2R avec deux leaders (Bardet, Péraud) ?

    Ça se gère, comme toute chose. Va-t-on privilégier le jeune ou l'ancien ? Ou chacun fera-t-il sa course comme il a envie ? C'est l'avantage aussi de pouvoir attaquer chacun son tour. Peut-être qu'un jour Nibali ne pourra pas réagir. Moi, c'est ce que je ferais.

    Faut-il s'attendre à un festival d'attaques tricolores ?

    S'ils attendent que Nibali tombe, ça ne sert à rien. Il faut l'attaquer, oui. Les Français doivent oser, quitte à tout perdre. Mais attention à ne pas se courir les uns sur les autres. S'ils font ça, Nibali va se friser les moustaches...

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