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Les vrais salaires des coureurs du Tour de France

Néo-pros, équipiers, leaders confirmés du Tour de France : la grille des salaires des cyclistes oscille entre 30.000 euros annuels et plusieurs millions.

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Néo-pros, équipiers, leaders confirmés du Tour de France : la grille des salaires des cyclistes oscille entre 30.000 euros annuels et plusieurs millions.

Par Nicolas Richaud

Publié le 16 juil. 2014 à 11:01

Le peloton a certains rites et codes qui lui sont propres. Mais comme dans n’importe quelle profession, il existe une grille des salaires. Et ceux-ci sont indexés sur la performance des coureurs, mais aussi sur leur ancienneté ainsi que leur expérience. En bas de l’échelle, on retrouve ceux entrés récemment sur le marché du travail : les néo-pros qui font leurs gammes et « débutent avec un salaire brut annuel compris entre 30.000 et 40.000 euros selon le niveau de l’équipe », confie un observateur du cyclisme, qui préfère rester anonyme, le sujet étant sensible dans le milieu.

Au-dessus, il y a des coureurs qui commencent à avoir de l’expérience et sont de bons équipiers. C’est-à-dire des cyclistes qui remontent les bidons d’eau, protègent leur leader du vent, les replacent en tête du peloton. Ces routiers émargent à des salaires bruts annuels compris entre 60.000 et 80.000 euros.

« Leaders à la française »

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Dans la tranche supérieure, gagnant entre 150.000 euros et 180.000 euros, on retrouve des « équipiers confirmés, voire de niveau UCI WorldTour* », et qui sont capables de jouer le même rôle mais sur les plus grandes courses du monde où le niveau est particulièrement relevé. Dans le documentaire, « Le prix de l'échappé » – diffusé fin juin sur France 2 et réalisé par feu Pierre-Henri Menthéour - le coureur français d'AG2R-La Mondiale, Steve Chainel, qui réalise sa 7eme saison chez les professionnels, confie ainsi gagner « entre 130.000 euros et 180.000 euros annuels (...) suivant les primes ».

A partir de 300.000 euros bruts par an, ce sont des « coureurs capables de gagner des courses de haut niveau et de peser sur la course », poursuit notre expert. Les coureurs pouvant prétendre à des salaires situés entre 500.000 et 800.000 euros bruts par an sont des « leaders à la française », tels que Sylvain Chavanel ou Thomas Voeckler (qui touchait 750.000 euros par an, contrat d’image compris en 2012, selon le « JDD »).

Les figures montantes que sont Thibaut Pinot, Romain Bardet, Nacer Bouhanni ou Arnaud Démare - ces deux derniers qui ne font pas encore partie du « Big Four » du sprint mondial (constitué par Marcel Kittel, André Greipel, Mark Cavendish, Peter Sagan) mais collectionnent près d’une dizaine de bouquets par saison - ne devraient pas tarder à faire partie de cette catégorie salariale.

1 million d’euros pour les vainqueurs de classiques

A compter d’un million d’euros et jusqu’à deux millions, se trouvent les coureurs en capacité de gagner des « classiques », des courses d’un jour extrêmement cotées telles que Paris-Roubaix, Milan-San Remo ou Liège-Bastogne-Liège.

Il y a quelques semaines Roberto Amadio - directeur sportif de Cannondale - qui était alors en pourparlers avec Nacer Bouhanni pour discuter de la venue du coureur français dans son équipe., a déclaré : « De Geyter (ndlr : un agent de coureur) réclame un million d'euros (ndlr : montant annuel brut), plus les charges, soit 1,5 million à l'année (ndlr : dans certains pays les cyclistes ont un statut d’indépendant alors qu’en France, ils sont considérés comme des salariés) pour Bouhanni (…) Le tarif d'un vainqueur de classiques. Nous étions prêts à mettre 700.000 à 800.000 euros mais pas davantage. »

En 2011, Tom Boonen – quadruple vainqueur de Paris-Roubaix et triple vainqueur du Tour des Flandres – touchait ainsi 1 million d’euros, « mais vu son palmarès depuis, ses revenus actuels doivent plutôt tourner de 1,5 million d’euros par an », précise notre source.

Grands tours

Enfin, à partir de deux millions d’euros et plus, on retrouve Fabio Cancellara, coureur polyvalent au palmarès extrêmement fourni - trois Paris-Roubaix à son actif, huit étapes du Tour de France, trois Tour des Flandres, un Milan-Sanremo - avec 2 millions d’euros d’émoluments par an. Il y a aussi les vainqueurs potentiels de grands Tours. A l'image de Vincenzo Nibali, qui a déjà remporté le Tour d’Italie et d’Espagne et fini troisième d’un Tour de France, et qui percevrait un salaire annuel de 4 millions d’euros.

Comptant cinq grands tours - dont deux Grandes Boucles - sur son CV, Alberto Contador touche 2,8 millions d’euros par an, sans compter son contrat avec un fabricant de cycles qui le paie 2 millions d’euros chaque saison. Pour Chris Froome, dernier en date à avoir rallié les Champs-Elysées avec le maillot jaune sur le dos, le site spécialisé « Cycling Weekly » avançait l’an dernier la somme de 4 millions d’euros par an.

Se trouvent aussi, à ce niveau de salaire des coureurs qui, en plus d’être très performants, sont très médiatisés tels que Peter Sagan ou encore Mark Cavendish. Ce dernier touche 2,4 millions d’euros par an, alors que le Slovaque était en négociations, ces derniers mois, avec plusieurs équipes pour un salaire annuel allant de 3,3 millions d’euros à 4 millions par an.

5.400 euros nets en moyenne pour un coureur français

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Mais ces niveaux de salaires, astronomiques, ne concernent qu’une minorité de coureurs. En 2012, l’Union cycliste internationale (UCI) estimait que les coureurs des équipes constituant « l’UCI WorldTour »** percevaient en moyenne 264.000 euros bruts par an. Un montant tiré vers le haut par les salaires des hauts dignitaires du peloton qui courent tous sous le maillot d’équipes classées dans cette catégorie.

« En France, le salaire moyen dans le peloton professionnel français est de 5.400 euros nets », confie Pascal Chanteur président de l’Union nationale des cyclistes professionnels (UNCP). A titre de comparaison, le salaire moyen des footballeurs de Ligue 1 tourne autour de 35.000 euros nets par mois, soit près de 540.000 euros bruts annuels. Pascal Chanteur rappelle que « le salaire minimum réglementaire des coureurs français est de 15% plus élevé » que le SMIC du peloton dont le montant a été fixé par l’UCI.

Des « smicards » sur le Tour de France

Dans le détail, un néo-pro français percevra au minimum 34.336 euros bruts par an dans une équipe de première division, 29.347 dans une équipe de deuxième division, et 20.900 dans une équipe de troisième division. Un coureur bénéficiant lui du statut professionnel touchera respectivement 41.532, 34.882, et 20.900 euros bruts annuels dans ces mêmes catégories.

Dans certaines équipes, l’intégralité des cyclistes est payée à ce niveau-là. « Chez nous, tous les coureurs sont au SMIC », confie Jean-Charles Canonne, président de Roubaix Lille Métropole (RLM), club professionnel de niveau « Continentale » (équivalent de la troisième division).

D’après notre source, la grande majorité des coureurs d’une équipe comme Bretagne-Séché Environnement (classée en deuxième division et qui participe au Tour de France) touche le salaire minimum. Fin novembre, le grimpeur Brice Feillu (vainqueur d’une étape de la Grande Boucle en 2009 et qui y participe cette année), s’était engagé dans cette équipe pour une année, "avec un salaire de néo-professionnel", selon les dires du directeur sportif Emmanuel Hubert qui confiait, début juillet, au « Parisien » que dans son équipe, l’échelle des salaires est comprise entre 3.000 et 10.000 euros mensuels.

Des « smicards » font donc partie du peloton sur la Grande Boucle. Le fait n’est pas neuf, loin de là. Comme le rapporte Fabien Conord dans son livre « Le Tour de France à l’heure nationale »***, Charles André Chaumont (un militant socialiste) écrivait déjà en 1973 : « Pour un Bobet, un Anquetil ou un Poulidor pour qui le vélo fut un instrument de réussite sociale, combien de travailleurs au rabais terminant le Tour avec 500 ou 1.000 francs en poche ? ».

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*Catégorie comprenant les courses les plus prestigieuses et où le niveau est donc le plus relevé. Parmi elles, on retrouve notamment le Tour de France, d’Italie et d’Espagne. Mais aussi des courses par étapes (Dauphiné Libéré, Paris-Nice, Tour du Pays basque, Tour de Romandie), ainsi que des courses d’un jour (Milan-San Remo, Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège, Grand Prix cycliste de Montréal).

** Il existe plusieurs catégories dans lesquelles sont classées les équipes. La première étant l’UCI WorldTour où on compte les principales écuries parmi lesquelles les équipes françaises Europcar, Fdj.fr et AG2R la Mondiale. En dessous, se trouve la catégorie « Continentale Pro » où on compte notamment les teams français Cofidis et Bretagne-Séché Environnement. Puis la catégorie « Continentale » avec notamment les équipes françaises que sont Roubaix Lille Métropole, La Pomme Marseille, ou BigMat-Auber 93 qui ont un statut professionnel.

***Editions Presses universitaires de France (PUF)

**** Article s’intitulant « La Grande Boucle, société de classes » paru en 1973 dans « L’Unité », périodique socialiste.

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Nicolas Richaud

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