Les Etats-Unis ont étoffé, mercredi 16 juillet, leurs sanctions contre la Russie pour son rôle dans la crise en Ukraine. Pour la première fois, Washington a ciblé principalement des entreprises russes liées au pétrole et au gaz. Moscou a promis en retour des mesures « douloureuses ».
Les Américains ont en effet décidé de placer sur leur liste noire le géant russe des hydrocarbures Rosneft. Le groupe pétrolier, dirigé par un proche du président Vladimir Poutine, Igor Setchine, voit ainsi ses éventuels avoirs aux Etats-Unis gelés. Les entreprises américaines ne sont pour leur part plus autorisées à mener des transactions avec le géant russe.
ROSFNET ET GAZPROM VISÉS
Ce nouveau round de sanctions vise également la banque du géant gazier russe Gazprom, Gazprombank, ainsi que les autorités séparatistes de Donetsk et de Louhansk, qui tentent de faire sécession dans l'est de l'Ukraine.
L'administration Obama assure, ce faisant, répondre aux « tentatives répétées de la Russie de déstabiliser l'est de l'Ukraine » et à son « occupation » de la Crimée, selon les termes employés par le Trésor américain dans son communiqué.
« Ce que nous attendons c'est que les dirigeants russes se rendent compte une fois de plus que leurs agissements en Ukraine ont des conséquences, notamment l'affaiblissement de l'économie russe et un isolement diplomatique croissant », a expliqué Barack Obama mercredi lors d'une courte allocution à la Maison Blanche.
MOSCOU SE DIT CHOQUÉ
En réaction, la Russie, par la voix de son vice-ministre des affaires étrangères Sergueï Riabkov cité par l'agence Interfax, a décrit ces nouvelles sanctions américaines comme « scandaleuses » et « totalement inacceptables ». Il a ajouté que Moscou envisageait une réplique qui serait « douloureuse » pour Washington.
Le vice-président du gouvernement russe Dmitri Rogozine, selon des propos rapportés par l'agence de presse RIA, les a jugées pour sa part « illégales ». Le vice-premier ministre Igor Setchine a déclaré, selon Interfax, que « Dieu voyait tout et allait remettre les choses dans l'ordre ».
Le président russe Vladimir Poutine, depuis Brasilia où il est en visite officielle, a affirmé que la Russie avait un « intérêt vital » à la fin du conflit en Ukraine et que ces sanctions ne menaient « nulle part ». Il a évoqué une dégradation des relations entre Moscou et Washington, qui « nuiront aux intérêts à long terme de l'Etat et du peuple américains. »
PAS DE MESURES ÉCONOMIQUES D'ENVERGURE POUR L'UE
De leur côté, les dirigeants européens ont eux aussi durci leurs sanctions contre la Russie, mais sans aller jusqu'à prendre des mesures économiques d'envergure. Réunis en sommet à Bruxelles, les Européens ont notamment décidé du gel de programmes menés en Russie par la Banque européenne d'investissement (BEI) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), explique une source diplomatique mercredi.
L'UE a également décidé de cibler des « entités », y compris russes, accusées de soutenir « matériellement ou financièrement » les actions menaçant ou sapant la souveraineté de l'Ukraine. Leur liste sera déterminée d'ici la fin juillet. Les dirigeants européens vont aussi lever l'embargo imposé sur les exportations vers l'Ukraine d'équipements sécuritaires de protection comme les casques et les gilets pare-balles.
Jusqu'ici, l'Union européenne avait interdit la délivrance de visas et gelé les avoirs d'une soixantaine de personnalités russes et ukrainiennes impliquées dans l'escalade du conflit entre les deux pays.
KIEV FÉLICITE L'UE
Le président ukrainien Petro Porochenko s'est félicité jeudi des nouvelles sanctions prises par le Conseil européen, saluant « un pas important dans le soutien à la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance de l'Ukraine ».
« L'Europe a manifesté sa solidarité avec l'Ukraine », a écrit M. Porochenko sur sa page Facebook. « Notre dialogue continu a apporté des résultats. Nous attendons la résolution du Parlement européen », a-t-il ajouté, dans une allusion à l'offensive diplomatique de l'Ukraine pour obtenir un appui ferme de l'UE face à la Russie qu'elle accuse de soutenir la rébellion séparatiste dans l'Est.
Curieusement, le président ukrainien ne commente pas les sanctions américaines contre la Russie.
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