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Europe : les Vingt-Huit divisés sur le casting à la tête de l’UE

Les discussions ont échoué pour la succession de Catherine Ashton et Herman Van Rompuy. Face à l’offensive de l’Europe de l’Est, Matteo Renzi n’a pas réussi à imposer sa ministre des Affaires étrangères. Une nouvelle réunion se tiendra le 30 août.

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Les Etats d'Europe de l'Est ont fait entendre leur voix dans les négociations sur la succession de Catherine Ashton et Herman van Rompuy

Par Renaud Honoré

Publié le 16 juil. 2014 à 19:43

C’est le premier échec à Bruxelles du remuant Matteo Renzi. Le président du Conseil italien n’a pas réussi mercredi soir à imposer ses vues sur le casting des postes européens à responsabilités pour les cinq prochaines années. Faute d’accord entre les Vingt-Huit, il faudra donc attendre le 30 août, lors d’un prochain sommet pour savoir qui succédera à Catherine Ashton, le Haut représentant à la politique extérieure de l’Union, et à Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen (l’enceinte où se retrouvent les leaders nationaux). «Nous ne sommes pas encore à un point où nous avons une solution consensuelle sur l’ensemble du paquet», a expliqué Herman Van Rompuy. «C’est dommage mais pas dramatique », a-t-il ajouté, jugeant « tout à fait normal que pour ce genre d’opération délicate, on prenne du temps.»

Matteo Renzi avait débarqué à Bruxelles avec un objectif en tête : imposer sa ministre des Affaires étrangères, Federica Mogherini. comme remplaçante de Catherine Ashton à la tête de la diplomatie européenne. Mais de la coupe aux lèvres, le dirigeant italien s’est rapidement heurté à l’intransigeance de nombre de pays d’Europe de l’Est et les Etats baltes. Ces derniers n’ont pas envie d’une diplomate jugée trop complaisante avec Moscou en pleine crise ukrainienne. «Nous constatons maintenant que certains candidats expriment très ouvertement leurs opinions proKremlin», avait martelé avant le début du sommet la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite, jugeant cette position «inacceptable». L’Europe de l’Est veut donc quelqu’un qui ne craigne pas le bras de fer avec Poutine. Elle aimerait surtout avoir sa part du gâteau dans ce grand marchandage en cours. Une situation qui montre que dix ans après le grand élargissement vers l’Est, l’Union européenne n’a pas encore complètement fait disparaître la frontière entre «anciens» et «nouveaux» Etats membres. Matteo Renzi – venu sans plan B – a été incapable de faire bouger les lignes. D’autant qu’il n’a paru faire toujours preuve de beaucoup de finesse, comme lorsqu’il a réclamé en entrant dans la réunion « du respect, notamment pour un pays fondateur ».

Les Vingt-Huit n’ont pourtant pas ménagé leur peine. Dès 17 heures, on voyait débarquer au Justus Lipsius, le grand bâtiment du Conseil, les grands chefs, alors même que le sommet ne débutait officiellement qu’à 20 heures : François Hollande, Angela Merkel mais aussi Jean-Claude Juncker, le tout nouveau président élu de la prochaine commission. Tout ce beau monde était venu en avance pour tenter de forcer la décision avant la grande réunion à 28. Dans les salles de réunion du 10e étage, Herman Van Rompuy tentait de jouer les intermédiaires pour accoucher d’un compromis. Mais en vain.

La méthode à revoir

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Lors du prochain sommet, il faudra revoir la méthode. C’est ce qu’a laissé entendre François Hollande à l’issue du sommet. «Il y a eu le constat qu’il ne pouvait y avoir de nomination d’un Haut représentant s’il n’y avait pas un paquet global. Et il ne pouvait pas y avoir un paquet global s’il n’y avait pas une certaine clarté dans la composition de la future Commission», a-t-il expliqué. En clair, les pays de l’Est ne lâcheront du lest sur le chef de la diplomatie européenne que s’ils ont l’assurance d’avoir des postes importants au sein du prochain exécutif européen dirigé par Jean-Claude Juncker. Tous les Etats vont donc devoir désigner d’ici la fin du mois de juillet leur Commissaire européen. François Hollande n’a pas voulu cette nuit dévoiler le nom de son élu. Mais le favori Pierre Moscovici a quelques raisons d’espérer. «Notre candidat, vous le connaissez, il a été pré-désigné», a assuré une source proche de l’Elysée, dans une allusion claire à l’ancien ministre des Finances.

Une fois que le casting de la prochaine Commission sera connu, les leaders européens espèrent qu’il sera plus facile de remplir les deux cases manquantes, le poste de chef de la diplomatie européenne et celui du président du Conseil. Pour le premier «top job» – pour reprendre le jargon bruxellois – François Hollande a dressé son portrait robot : cela devra être «une femme compte tenu de l’image que nous voulons donner de l’Europe» et de «la famille socio-démocrate». Une description qui laisse à Matteo Renzi de l’espoir pour tenter d’imposer à nouveau Federica Mogherini. Sur le poste du président du Conseil européen, le président français a été plus flou, parlant seulement d’une «personnalité capable de rassembler». L’été européen devrait donc être celui du grand marchandage.

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