La taxe carbone annulée par le Sénat en Australie

SYDNEY (Reuters) - Le Sénat australien a voté jeudi l'abandon de la "taxe carbone" et du plan national de réduction des émissions de gaz à effet de serre, une importante victoire politique pour le Premier ministre conservateur Tony Abbott qui remet toutefois en cause la capacité du pays à respecter ses engagements. L'Australie, qui est l'un des plus gros émetteurs mondiaux de dioxyde de carbone (CO2) par habitant, prévoyait jusqu'à présent de mettre en place en 2015 un marché des droits d'émission de CO2, appelé à devenir le troisième du monde après celui en place en Europe et celui de Guangdong, en Chine. L'abolition de la "taxe carbone" était l'une des principales promesses de Tony Abbott lors de la campagne pour les élections de 2013. Le Sénat a adopté le projet par 39 voix contre 32 jeudi grâce au soutien du Palmer United Party (PUP), le mouvement politique du magnat des mines Clive Palmer, qui fait et défait les majorités à la chambre haute du Parlement. Les travaillistes et les verts ont combattu avec force le texte, qu'ils présentent comme une tache sur la réputation internationale de l'Australie. "C'est un jour effroyable pour l'Australie lorsqu'un gouvernement, plutôt que de passer à l'offensive (...) est déterminé à se tourner vers le passé", a déclaré avant le vote Christine Milne, une sénatrice écologiste. Tony Abbott, qui a un temps remis en cause la théorie du changement climatique, estimait que la taxe carbone était un handicap pour l'économie et les consommateurs d'un pays dont une grande partie de l'électricité reste produite par des centrales au charbon. Le projet de taxe prévoyait d'imposer à 348 des plus grandes entreprises australiennes un prélèvement de 25,40 dollars australiens (17,60 euros) par tonne de CO2 émise. Le gouvernement Abbott prévoit de substituer à cette taxe un Fonds de réduction des émissions doté de 2,55 milliards de dollars, qui verserait des aides aux gros émetteurs réduisant leurs émissions. Mais le PUP s'oppose à ce projet, ce qui pourrait empêcher l'Australie de tenir ses engagements en matière de réduction des émissions. Canberra a promis unilatéralement de réduire ses émissions globales de 5% d'ici 2020 par rapport aux niveaux de 2000. "Si l'on revient sur le mécanisme de prix du CO2, on ne sait plus du tout clairement comment on pourra y arriver", a déclaré Bret Harper, directeur associé du cabinet de conseil spécialisé dans l'environnement Reputex. Un autre dispositif, censé favoriser le développement des énergies renouvelables pour porter leur part dans la production d'électricité nationale à 20% d'ici 2020, n'est en revanche pas remis en cause, a dit Tony Abbott. (Matt Siegel,; Marc Angrand pour le service français)