Constantza,
principale ville roumaine sur les rives de la mer Noire, fait régulièrement la une des journaux du pays. La cité est au
centre d’un scandale politique majeur depuis le début de l’été : Mircea Basescu, originaire de Constantza et frère du président roumain, a été mis en examen le 14 juillet pour trafic d’influence,
annonce Ziua de Constanta. Les mauvaises langues n’hésitent pas à soutenir que son frère, Traian Basescu, n’en sortira pas indemne. A quatre mois de l’élection
présidentielle, même si le président actuel ne peut pas se représenter, le scandale affaiblit la droite.

Quant au maire centre gauche de la ville, Radu Mazare, “mis en examen depuis 2005 pour diverses affaires concernant la restitution des terres confisquées par les communistes”, selon le quotidien, il n’en finit pas de faire parler de lui. Fêtard invétéré et amateur de mises en scène
rocambolesques, il finance avec l’argent
public les événements qu’il organise – où il apparaît déguisé tantôt en Hitler, tantôt en César. Le dernier carnaval en date, organisé le 5 juillet pour son anniversaire,
lui a valu des tombereaux d’insultes sur les réseaux
sociaux. Une cinquantaine
de personnes seulement ont eu le courage de se rassembler devant la mairie pour protester.

Une république dans la République

Radu Mazare n’est pas le seul notable de la ville à avoir maille à partir avec la justice : une demande d’extradition a été lancée aux Etats-Unis à l’encontre du président du conseil départemental,
Nicusor Constantinoiu. L’archevêque Teodosie, quant à lui, est accusé de complicité de corruption… Au point que, pour la journaliste Ada Codau, la célèbre ville portuaire et balnéaire, qui fut la terre d’exil du poète Ovide, est devenue “la fierté du pays en
matière de scandales”.

L’agglomération urbaine est à la dérive. Le
maire n’a ni le temps ni l’argent nécessaires pour restaurer le lustre d’une ville
jadis prisée des touristes, avec son aéroport et ses nombreuses attractions. Ni même pour ce
qui est de restaurer le fleuron de la ville, son casino historique.
Exaspérés,
les habitants, inspirés par l’initiative d’une ONG bucarestoise de jeunes
architectes et designers nommée Calup, ont décidé de prendre les choses en main :
le casino ouvrira ses portes du 1er au 10 août pour accueillir un événement artistique qui mêle littérature,
histoire et musique de l’entre-deux-guerres. Le tout sera financé par crowdfunding… Pour les habitants de cette “république dans la République”, surnom de Constantza sur les réseaux sociaux, il est temps d’organiser eux-mêmes leurs réjouissances.