Les contacts visant à parvenir à un cessez-le-feu se mènent selon deux canaux : le traditionnel canal égyptien et le canal turco-qatari. L’Autorité palestinienne [de Mahmoud Abbas, à dominante Fatah] est active sur les deux canaux. De façon assez surprenante au vu des desiderata israéliens, les États-Unis semblent privilégier le canal turco-qatari, à l’instar du Hamas, qui ne fait aucune confiance aux généraux égyptiens.

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas s’est rendu au Caire.

L’Egypte et l’Autorité palestinienne [AP] examinent l’envoi de 300 agents de sécurité palestiniens au poste-frontière [palestino-égyptien] de Rafah. La réouverture de ce point de passage est l’exigence la plus importante du Hamas, mais le Caire y fixe un prix élevé : la restauration de la présence officielle de l’AP dans la bande de Gaza, pour la première fois depuis sept ans [de gestion exclusive par le Hamas].

La deuxième question clé est celle des salaires des 43 000 fonctionnaires estampillés Hamas dans la bande de Gaza. Le Qatar se dit disposé à verser les fonds nécessaires, mais l’Egypte n’est pas très enthousiaste. Aux yeux de la junte égyptienne, le Qatar est un allié des Frères musulmans, qu’ils considèrent comme le mouvement le plus dangereux du monde arabe. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et ses conseillers préfèrent que la fonction publique du Hamas soit financée par une autre source du Golfe, à savoir les Émirats arabes unis.

Vers un scénario à la somalienne ?

Ces deux revendications du Hamas ne concernent en rien Israël.

Ce qui n’est pas le cas d’une troisième exigence : la libération des membres du Hamas arrêtés le mois dernier en Cisjordanie, en particulier ceux qui avaient été libérés dans le cadre de la libération du soldat Gilad Shalit [en octobre 2011].

Pour Israël, cette question n’est pas à l’ordre du jour : il s’agit d’un dossier qui ne concerne que la Cisjordanie, et Israël n’est disposé à en discuter qu’avec l’Autorité palestinienne. Par ailleurs, Israël n’a pas encore répondu à une autre proposition qui semble étonnamment venir du Hamas : la négociation d’un armistice de 10 ans. Pour l’establishment militaire israélien, tout ce qui peut fournir un ballon d’oxygène économique aux habitants de Gaza mérite discussion et peut servir de base à ce cessez-le-feu.

Bien que le Hamas ait tiré plus de 1000 roquettes sur Israël en un peu plus d’une semaine, l’armée israélienne craint un scénario bien pire : un scénario à la Somalienne où des dizaines de bandes armées et de clans prendraient le contrôle des divers secteurs de la bande de Gaza. À cet égard, il est à noter que ni le Premier ministre [Binyamin Netanyahou], ni le ministre de la Défense [Moshe Yaalon], ni le chef d’État-Major [Benny Gantz] n’exigent d’écraser l’expression politique du Hamas à Gaza, ce qui signifie que son chef politique, Ismaïl Haniyeh, n’est pas une cible pour Israël, contrairement à Mohammed Deif, chef de la branche militaire du Hamas.

Le rappel de réservistes supplémentaires

Le mercredi 17 juillet a été marqué par une légère diminution du nombre de frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza, ainsi que du nombre de roquettes tirées sur Israël. L’armée israélienne a continué d’appeler des dizaines de milliers d’habitants de Gaza vivant près de la frontière à évacuer leurs maisons. La réponse à ces appels n’a été que partielle, mais là où il y a eu des évacuations, l’armée israélienne a attaqué quelques sites de lancement de roquettes disséminés dans des quartiers d’habitude densément peuplés. Néanmoins, la principale préoccupation de l’armée israélienne est que le Hamas tente d’infiltrer des combattants armés sous la frontière pour frapper une ville israélienne ou une base militaire.

Le Cabinet de sécurité a accepté mercredi une demande du ministre de la Défense Moshe Yaalon de battre le rappel de 8000 réservistes, en plus des 48 000 déjà mobilisés. Cependant, ces réservistes supplémentaires ne seront pas affectés à la conquête de la bande de Gaza, malgré les souhaits du ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman [extrême droite laïque] et du ministre de l’Economie Naftali Bennett [extrême droite nationaliste religieuse].

Enfin, le Hamas continue d’attaquer Israël sur le “cyberfront”, principalement par des tentatives un peu grotesques de créer la panique en envoyant des messages rédigés dans un hébreu approximatif à plusieurs dizaines de milliers d’Israéliens. Si cette capacité d’infiltrer le réseau Internet israélien témoigne d’une certaine sophistication technique, elle reste cependant anecdotique.