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Pacte de responsabilité : des effets limités sur l’activité et l’emploi d’ici à 2017

EXCLUSIF - De 60.000 à 80.000 emplois créés d’ici à 2017, selon l’Ifrap. Des estimations inférieures à celles de Bercy en raison de l’impact récessif des mesures d’économies. Le pacte atteindrait sa vitesse de croisière en 2020.

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Les ministres des Finances, Michel Sapin, et de l’Economie, Arnaud Montebourg, tablent sur 190.000 emplois créés en 2017

Par Frédéric Schaeffer

Publié le 17 juil. 2014 à 17:49

François Hollande en est convaincu et l’a encore répété lors de son intervention du 14 Juillet : le pacte de responsabilité et de solidarité, dont les premières mesures sont en passe d’être adoptées par le Parlement, va très vite remettre le pays sur les rails de la croissance et de l’emploi. Problème, les effets pourraient mettre plus de temps à se matérialiser que ne le prévoit l’exécutif.

Le Haut Conseil des finances publiques ou le FMI ont déjà exprimé de telles craintes au cours de dernières semaines. Chiffres à l’appui, la fondation Ifrap confirme ces craintes dans une étude que dévoilent « Les Echos ». Selon les projections de ce think tank libéral, le pacte de responsabilité générerait un surcroît net de croissance de 0,06 point à 0,3 point de PIB et la création de 60.000 à 80.000 emplois à l’horizon 2017. Autant dire, un impact très limité... Et bien moins qu’attendu par le gouvernement, qui table sur 190.000 emplois créés en 2017 (pour un surcroît de croissance de 0,6 point).

Comment expliquer un tel écart ? Le premier élément d’explication tient à la nécessité de financer les mesures dans un contexte économique que l’Ifrap anticipe plus dégradé que le gouvernement. « Environ 27 milliards de nouvelles économies doivent être trouvés afin d’équilibrer le pacte, en plus des 50 milliards déjà annoncés par le gouvernement, estime Agnès Verdier-Molinié, directrice de l’Ifrap. Sans quoi, la dégradation du déficit sera plus importante que prévu et l’objectif de retour à 3 % du PIB largement dépassé. »

Effet maximal en 2020

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Tailler dans les dépenses publiques a forcément un effet récessif, par exemple lorsqu’on gèle le montant d’une prestation sociale. L’impact négatif serait « compris entre 0,9 et 1,15 point de PIB en 2017 et occasionnerait la destruction de 240.000 à 260.000 emplois », calcule le think tank, dont la fourchette de prévision dépend du type d’économies choisies. Du côté de Bercy, les 190.000 créations d’emplois promises pour 2017 ne tiennent pas compte du financement. Or, le plan de 50 milliards d’économies (qui, selon l’exécutif, doit suffire à financer le pacte et à réduire le déficit) pourrait détruire 250.000 emplois, selon des estimations du Trésor révélées par la rapporteure (PS) du budget Valérie Rabault.

Même financé, le pacte aura un effet positif mais limité d’ici à la fin du quinquennat, juge l’Ifrap, pour qui « les objectifs de soutien à la croissance et d’assainissement budgétaire ne sont donc pas antinomiques ». L’autre élément d’explication tient à la montée en puissance du dispositif. « Les mesures vont dans le bon sens mais certaines n’auront pas donné tous leurs effets en 2017 », explique encore Agnès Verdier-Molinié. Outre les baisses de charges, le gouvernement a, par exemple, promis de réduire la fiscalité pour les entreprises de l’ordre de 11 milliards. Mais, à l’instar de la suppression de la C3S, ces mesures seront échelonnées dans le temps. Pour l’institut, il faudra donc attendre autour de 2020 pour que le pacte atteigne sa vitesse de croisière, avec 130.000 à 150.000 emplois créés. C’est à cette échéance que « les investissements engendrés par les baisses des cotisations et de la fiscalité auront commencé de produire leurs effets sur l’économie ».

En clair, le bénéfice des mesures prises aujourd’hui par François Hollande sera maximal... au cours du prochain quinquennat ! Voilà qui promet de nourrir le débat à gauche sur l’équilibre du programme économique de l’exécutif. Un débat dont s’est déjà emparé le ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, en appelant la semaine dernière à « mieux utiliser » les 50 milliards d’économies en les consacrant davantage en baisse d’impôts pour les ménages et moins à la réduction du déficit.

L’impact d’une croissance faible sur les finances publiques

Et si la croissance n’était pas au rendez-vous ? Alors que nombre d’économistes jugent trop optimiste le scénario de reprise du gouvernement (1 % cette année, 1,7 % en 2015, 2,25 % en 2016 et 2017), l’Ifrap a examiné les conséquences sur les finances publiques d’une croissance moins favorable (0,7 % cette année, 1,4 % en 2015, 1,6 % en 2016, 1,7 % en 2017). Dans ce scénario (très proche de celui du FMI), le déficit public serait largement supérieur à l’objectif de 3 % du PIB l’an prochain (à 3,6 %) tandis que la dette publique continuerait d’augmenter pour atteindre un pic à 96,5 % du PIB l’an prochain. Elle se stabiliserait en 2016 avant de commencer à refluer à partir de 2017.

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