Les menaces de "Mister" Lavrilleux
L’eurodéputé, ex-bras droit de Jean-François Copé et homme clé de l’affaire Bygmalion, prend ses contempteurs de haut.

"La grenade dégoupillée" pénètre dans l'hémicycle du Parlement européen. Jérôme Lavrilleux, puisque c'est lui que Jean-François Copé, son ancien patron, a comparé à cet engin explosif, étire son long cou, comme s'il cherchait à se libérer d'une grande tension. Puis le nouvel eurodéputé s'installe à la place n° 588, dans les rangs du Parti populaire européen (PPE). Le dépaysement à Strasbourg de celui qui a cumulé les fonctions de directeur de campagne adjoint de Nicolas Sarkozy et de directeur de cabinet de Copé était prévu de longue date. Mais depuis la déflagration de l'affaire Bygmalion, l'institution européenne fait office de terre d'asile pour "l'homme qui a déclenché la bombe qui va tuer Sarkozy", selon la prophétie d'un… filloniste.
"Vous voulez quoi, qu'on le tue ?"
Les 19 autres eurodéputés UMP surveillent en silence celui qui, au lendemain de son élection, a avoué, en direct, sur BFMTV, les larmes aux yeux, le système de double facturation qui aurait été mis en place pour faire couvrir par l'UMP le large dépassement du plafond de dépenses autorisé par la campagne de Nicolas Sarkozy. "Je n'ai rien avoué du tout, coupe sèchement Lavrilleux, quand on l'interroge mercredi matin à ce sujet. Il faut relire le script. D'ailleurs, je rappelle que je ne suis pas mis en examen." Il en est ainsi de ce quadragénaire qui sait dans la même journée susciter la pitié, se rendre séduisant puis cassant, voire glaçant.
À la télévision, il a effectivement expliqué que sur le fond, il ne se "reproche rien" si ce n'est de n'avoir pas "tiré" la sonnette d'alarme quand les dépenses de campagne ont "explosé". "L'animal savait ce qu'il disait au mot près, il pesait ses mots. Il va plaider qu'il a assisté au viol de la loi mais qu'il n'y a en rien participé", peste l'un de ses collègues de Strasbourg qui aurait aimé le voir démissionner "pour avoir trahi ses électeurs" et qui le décrit comme "un grand dissimulateur, un véritable fauve avec des capacités d'envoûtement".
Au début, les eurodéputés de son camp se sont très sérieusement inquiétés pour la vie de l'élu de la circonscription du Nord-Ouest. "On sait que c'est un garçon très solitaire, à la vie affective compliquée, confie l'un d'eux. On s'est vraiment demandé s'il n'allait pas faire une bêtise." Mais à présent, les membres de la délégation commencent à douter de tout. "S'il est vraiment en détresse, je ne veux pas lui lancer le coup de pied qui l'achèvera, résume l'un de ses collègues. Mais peut-être aussi se fout-il de notre gueule." "Que la justice fasse son travail, oui, mais qu'on le jette aux chiens, non! Vous voulez quoi, qu'on le tue?", lance pour sa part l'ex-ministre Renaud Muselier. On trouvera finalement peu de députés européens pour accabler à visage découvert celui qui, âme damnée de Copé, a souvent facilité leur investiture. Un filloniste s'amuse aussi de "la trouille bleue" des sarkozystes, présents en nombre à Strasbourg : "Ils ont peur que Lavrilleux répète en public ce qu'il dit en privé, à savoir que Sarkozy était au courant de tout."
Mais que dit Lavrilleux, justement? Il expose sa défense avec application ; explique "qu'il fait confiance à la justice pour faire une gradation dans la responsabilité", que dans la grosse machine sarkozyste, il était "le décorateur et pas le producteur", et menace presque : "On verra qui a signé les papiers, qui a donné les ordres. Une chose est sûre, je ne me laisserai pas écrabouiller. Je suis un homme libre de dire et de faire."
"Je ne suis pas tout à fait une grenade dégoupillée"
Pour mieux le prouver, Jérôme Lavrilleux distille son venin. La direction provisoire du parti veut prononcer son exclusion définitive à la rentrée? "L'UMP, ce n'est pas ces gens-là", assure celui qui retrouve encore Copé toutes les semaines. Selon lui, "Fillon est en train de se tuer", il n'est guère plus tendre avec Juppé. "Ah, celui-là, quel ministère occupera-t-il en 2017? Celui de la Jeunesse et des Sports?", rit-il avant de prévenir que, malgré les appels à sa démission, il ne "partira pas de lui-même".
À Strasbourg, l'affaire est restée franco-française. "90 % des gens ne savent pas qui il est. Il est juste "Mister Lavrilleux"", résume un bon connaisseur des lieux. Manfred Weber, président du groupe PPE laisse l'UMP s'occuper de son cas avant d'entamer une éventuelle démarche d'exclusion. En attendant, Jérôme Lavrilleux aime jouer de son statut de bombe humaine : "Je ne suis pas tout à fait une grenade dégoupillée, prévient-il. Vous savez pourquoi? Parce qu'une grenade dégoupillée explose tout de suite."
Source: JDD papier

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