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Aubry en mode frondeuse

En colère contre la nouvelle carte des régions, la maire de Lille fustige la "méthode" du gouvernement et "l’absence de grande vision".

Cécile Amar , Mis à jour le
Martine Aubry critique la fusion des régions Nord-Pas-de-Calais et Picardie, arguant entre autres que "deux régions pauvres n'ont jamais fait une région riche".
Martine Aubry critique la fusion des régions Nord-Pas-de-Calais et Picardie, arguant entre autres que "deux régions pauvres n'ont jamais fait une région riche". © Bisson/JDD

Elle était l'absente du quinquennat. Martine Aubry est maintenant sa mauvaise conscience avant de devenir un jour son accusatrice. C'est la réforme territoriale qui l'a sortie de sa réserve. Et pourtant, tout avait bien commencé. Quand l'idée d'une telle réforme est annoncée, Aubry, farouche décentralisatrice, entame des discussions avec le président de la région Picardie et ceux des deux Normandies. Ils explorent les pistes possibles et réclament du temps pour modifier les contours de leurs territoires. François Hollande propose ensuite une carte des régions qui laisse le Nord-Pas-de-Calais dans ses frontières actuelles. Mais mardi dernier, le groupe socialiste décide finalement de les faire fusionner avec la Picardie, provoquant notamment l'ire des socialistes nordistes et de Daniel Percheron, actuel président de la région.

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"Le Monopoly" de la réforme territoriale

"François Hollande ne nous a pas demandé de le faire, et quand la fusion avec la Picardie est votée, mardi, il est soucieux des conséquences que cela peut avoir. La commande que j'avais était d'élargir la majorité susceptible de voter ce texte", témoigne Bruno Le Roux, patron des députés PS. Le premier secrétaire du PS et le secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement sont très dubitatifs dans les réunions qui se déroulent le week-end dernier à l'Élysée. "Attention, on est en train de créer plus de problèmes", plaident-ils. Mais trop tard. "C'est une combinaison de concours de circonstances, d'absence de vigilance politique et peut-être, chez certains, une volonté de mettre un pied dans le jardin de Martine", se désole un pilier du groupe socialiste.

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Martine Aubry a critiqué, vendredi, la méthode, fustigeant "le Monopoly ou Sim City" qui aboutit à changer la carte de France au gré des jours. La maire de Lille a expliqué que "deux régions pauvres n'ont jamais fait une région riche". Cette nouvelle grande région sera-t-elle dirigée par le FN? "Je ne pense pas que Madame Le Pen puisse gagner la région Nord-Pas-de-Calais ni la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie", déclare Martine Aubry. Et quand on lui demande plus tard, la maire de Lille confie qu'elle n'entend pas mener ce combat régional : "Je n'ai jamais été candidate, je ne veux pas être candidate, je ne serai jamais candidate. Je n'ai pas d'autre ambition qu'être maire de Lille."

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Valls : "Sa réaction est disproportionnée"

La réforme territoriale sera votée mercredi. Les députés socialistes nordistes devraient voter contre. Elle reviendra au Sénat à l'automne. Mais le message de l'ex-patronne du PS était plus large. "Il n'est pas trop tard pour réussir le quinquennat, il n'est pas trop tard pour réussir cette réforme de la décentralisation et des régions. Depuis deux ans, si, dans les grands domaines, on avait eu une grande vision et une méthode, nous aurions eu un peu moins de problèmes", a lancé Aubry. Des mots qui sont sortis spontanément de sa bouche, ils ne figuraient pas sur ses notes. Des termes qui ont déplu dans les allées du pouvoir.

"Je n'avais qu'un objectif, partagé par beaucoup, avoir une majorité la plus large possible pour cette réforme territoriale. Je rediscuterai avec les élus du Nord, du Pas-de-Calais et de la Picardie, mais je trouve que la réaction de Martine Aubry est disproportionnée", confie Manuel Valls au JDD. "Résultat des courses de cette belle manœuvre, la carte du Président a été battue, Martine sort furieuse, le Premier ministre a un adversaire de plus et les frondeurs ont un leader inespéré, vraiment bravo!", déplore un dirigeant socialiste. Seule bonne nouvelle pour François Hollande et Manuel Valls, Martine Aubry ne viendra pas à l'université d'été du PS, à La Rochelle. Mais ses amis s'y réuniront. L'ancienne première secrétaire n'a plus l'intention de se taire. Elle dira ce qu'elle pense de la politique économique et sociale du quinquennat de Hollande à la rentrée. Ce n'était qu'un début.

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Source: JDD papier

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