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Santé/ONU/Afrique

Santé: l'ONU célèbre pour la première fois la journée mondiale des toilettes

L'accès aux latrines, c'est un sujet qui peut prêter à sourire, pourtant 2,5 milliards de personnes dans le monde n'ont toujours pas accès à des toilettes dont 610 millions de personnes en Afrique subsaharienne. Ce mardi, les Nations unies célèbrent pour la première fois la Journée mondiale des toilettes. Un intitulé léger mais aux conséquences dévastatrices sur la santé publique et le développement. Focus sur deux pays, l’Ethiopie, longtemps à la traîne mais qui met en œuvre une politique ambitieuse pour combler cette lacune. Et le Sénégal où une grande partie de la population rurale n’a pas accès à des toilettes.

Un jeune garçon sur des toilettes.
Un jeune garçon sur des toilettes. REUTERS/Romeo Ranoco
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Avec nos correspondants à Dakar et Addis Abeba, Carine Frenk et Grégoire Pourtier

Ce mardi, les Nations unies célèbrent pour la première fois la Journée mondiale des toilettes. Un évènement créé en 2001, mais qui est reconnu pour la première fois par l’ONU cette année. L’objectif est évidemment de sensibiliser à cette insuffisance majeure, puisque plus d’un tiers de la population mondiale n’a pas accès à des toilettes. Et les conséquences sont dévastatrices sur la santé publique et le développement. La World Toilet Organisation estime par exemple que plus de 200 000 enfants meurent chaque année à cause du manque de sanitaires.

L'Ethiopie rattrape son retard

L’Ethiopie a longtemps été à la traîne : seulement 10% de la population ayant accès à des toilettes au début de ce siècle. Mais le pays mène une politique volontariste et si en l’an 2000, un Ethiopien sur deux a pu avoir un accès inédit à des toilettes, aujourd'hui le total atteint 60% de la population. Mais, fidèle à son plan de développement, le pays veut faire plus. L'objectif est 100% de couverture d’ici 2018. Un programme nécessitant un investissement de 2,3 milliards de dollars, et une collaboration étroite entre gouvernement et partenaires techniques et financiers. Parmi ceux-ci, l’Unicef a par exemple décidé de se focaliser sur les structures institutionnelles, telles les écoles ou les hôpitaux.

Toilettes = croissance économique

Alors l’Ethiopie peut-elle achever son plan, considéré comme le plus ambitieux du continent ? Cela dépend sans doute du niveau d’attente. Simple trou ou petit coin fermé et en dur, les standards ne sont pas forcément partout les mêmes, et les autorités d’Addis Abeba sont bien moins exigeantes que les Nations unies sur l’aspect et la fonctionnalité d’un sanitaire.
Reste que l’essentiel est bien que l’utilisation de toilettes se développe, ce qui prend du temps.

Non seulement parce qu’au-delà de l’aspect financier, les besoins techniques et matériels ne sont pas forcément toujours disponibles, mais aussi parce qu’il n’est pas évident de changer les mentalités et les habitudes d’une population habituée à déféquer à l’extérieur.
Selon certains calculs, le gain serait pourtant énorme, puisqu’un accès généralisé aux toilettes pourrait augmenter de plus de 2% le taux de croissance du pays.

Quand je pense à toutes les économies qui peuvent être faites en construisant un toilette dans une maison, comparé par exemple à la construction d'un hôpital(...)nous appelons les gouvernements à repenser leur politique d’assainissement.

00:57

Amadou Kanouté

Carine Frenk

«Avoir des toilettes dans une maison est une nécessité absolue»

Ailleurs sur le continent, au Sénégal, à Dakar, l’ONG Wateraid organisait hier, lundi, une conférence de presse. Et pointait un problème silencieux et pourtant ô combien réel.

Dans un pays comme le Sénégal, 67 % de la population rurale n’a pas accès à des toilettes. Et dans les villes ils sont encore 37 %. Mamadou Diouf, coordonateur du Forum social sénégalais analyse : «Excusez-moi mais nous ne sommes que des humains. La fonction des toilettes dans une maison n’est pas un luxe, c’est une nécessité absolue qui répond à un besoin naturel. Il faut donc avoir des toilettes dans les maisons, dans les écoles, parce que les maladies diarrhéiques constituent encore la 3ème cause de mortalité infantile ! »

A peine 0,5% des budgets des gouvernement consacrés à l’assainissement

En Afrique au Sud du Sahara, les gouvernements ne consacrent même pas 0,5 % de leur budget à l’assainissement. Pour Amadou Kanouté, directeur exécutif du CICODEV, l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement, il est temps de remobiliser la volonté politique : « Les politiques d’assainissement ne les intéressent pas, tout simplement parce que ça n’est pas visible, parce que ce sont des tuyaux enfouis sous terre. Ce qui les intéresse ce sont des monuments, des routes parce que ça peut rapporter gros en termes de dividendes politiques lors des élections. Voilà tout le problème. Et c’est pourquoi cette journée pour rappeler qu’il est important d’investir dans les toilettes, pour un assainissement, est primordiale ! »

 

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