Après avoir fermement condamné les « actes antisémites » ayant eu lieu lors de deux manifestations pro-Gaza ce week-end, le gouvernement semble reconnaitre des erreurs dans le traitement des rassemblements. Interviewé sur le plateau de BFMTV mardi 22 juillet, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a concédé s'être « laissé dépasser par des gens qui voulaient de toute façon manifester », malgré l'interdiction qui touchait les manifestations de Barbès et de Sarcelles.
M. Le Foll a tenu à répondre aux critiques, venant aussi bien de la droite que de la gauche, concernant le bien-fondé d'interdire une manifestation.
« On confond ce qui est la cause avec ce qui est une conséquence. La cause, ce sont les violences. Ce qui est en cause, c'est l'expression de la haine. (...) On est dans une société aujourd'hui où il y a une radicalité qui s'exprime et cherche jusqu'au bout à contester le vivre-ensemble et l'ordre de la République. »
UNE MANIFESTATION AUTORISÉE À PARIS MERCREDI
A propos des manifestations à venir, le porte-parole a assuré qu'elles seraient autorisées à condition qu'elles répondent « aux questions posées en termes de sécurité et surtout de non-expression de la haine ».
La préfecture de police de Paris a d'ailleurs changé de stratégie en donnant son feu vert à un nouveau rassemblement mercredi 23 juillet dans la capitale.
Le coprésident des députés écologistes, François de Rugy, a « salué l'autorisation » de la manifestation parisienne de mercredi, jugeant que « ceux qui veulent aller à l'affrontement n'auront pas le dernier mot ».
Lundi, François Hollande avait reçu à l'Elysée les représentants des cultes en France afin de faire de la lutte contre l'antisémitisme une cause nationale.
VALLS NE DÉSARME PAS
Dans une interview publiée sur le site du Parisien, le premier ministre, Manuel Valls, a pour sa part refusé de lier les débordements des manifestations aux interdictions.
« C'est la violence, avec des slogans, des actes dont le caractère antisémite ne fait aucun doute, qui a justifié l'interdiction. Ce n'est pas l'interdiction qui a provoqué la violence. Le ministre de l'intérieur a donc eu raison. Dans notre pays, la liberté de manifester est un droit fondamental, mais le droit de manifester, ce n'est à aucun moment le droit de casser ou d'attiser la haine. »
Le premier ministre a, dans le même temps, justifié l'autorisation de la manifestation prévue mercredi car « le parcours a été discuté et des gages de sécurité ont été donnés par les organisateurs de cette manifestation, plus responsable cette fois-ci ».
PAS DE « CACOPHONIE »
« Il n'y a pas de principe général d'interdiction de manifestations en France », a pour sa part déclaré le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, réfutant toute « cacophonie » au sein du gouvernement. Concernant les quatre rassemblements interdits, « nous avions suffisamment d'éléments témoignant de risques de dérapage », a justifié le ministre, en évoquant notamment Sarcelles car « aucun acte d'antisémitisme ne peut être toléré ».
En plus de celle de Paris, de nouveaux rassemblements pro-palestiniennes sont prévus mercredi dans plusieurs grandes villes françaises ainsi que samedi dans la capitale. Ils sont pour l'instant autorisés.
Plusieurs personnalités de l'opposition ont lancé un appel à l'interdiction. Rachida Dati, maire UMP du VIIe arrondissement de Paris, a ainsi demandé que la manifestation propalestinienne qui doit s'achever place des Invalides mercredi soit interdite par les autorités.
« Les habitants, les commerçants et la maire que je suis n'ont absolument pas été informés, ni même consultés. Tous ici gardent en mémoire les scènes d'émeutes violentes qui avaient éclaté lors du débat sur le CPE en 2006 »
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