Réforme territoriale Tour de France des régions : qui est content, qui ne l’est pas

Les élus sont passés par des sentiments contrastés sur la nouvelle carte des régions, au fur et à mesure de ses modifications. Panorama avant le vote en première lecture du projet de loi mercredi à l’Assemblée.
AFP - 22 juil. 2014 à 18:44 | mis à jour le 22 juil. 2014 à 18:48 - Temps de lecture :
Infographie AFP
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ILS SONT SATISFAITS MAIS...


Les Normands: enfin réunifiés, les Normands auraient toutes les raisons d’être heureux. Sauf que leurs élus se déchirent déjà sur le choix de la capitale régionale (Caen ou Rouen, voire Le Havre?). Le débat va se poser également entre Toulouse et Montpellier avec la fusion entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon.


Bourgogne et Franche-Comté: les présidents des régions Bourgogne et Franche-Comté ont été les premiers à s’engager dans un processus d’union. Reste là aussi à résoudre le choix de la capitale (Dijon ou Besançon?) ainsi que l’avenir du Territoire de Belfort que certains verraient bien avec l’Alsace.


ILS ONT SAUVÉ L’ESSENTIEL


Les Bretons: toutes tendances politiques, les élus bretons, avec l’appui de Jean-Yves Le Drian au gouvernement, se sont mobilisés contre une fusion avec les Pays de la Loire au sein d’un «grand ouest mou», pour préserver «l’identité» ou la «marque» Bretagne. «Le rapport de forces, à l’Assemblée, penchait très clairement en faveur d’une fusion avec les Pays de la Loire. Que nous l’ayons évitée relève du miracle», soulignent dans un communiqué cinq députés PS bretons, dont le président de la commission des Lois, Jean-Jacques Urvoas.


Pour obtenir la «réunification» rêvée de la Bretagne à cinq départements, avec la Loire-Atlantique, il leur restera la possibilité du droit d’option, ouvert en 2016, qui sera cependant difficile à mettre en oeuvre puisqu’il faudra que les trois collectivités concernées (département, région de départ et région d’arrivée) adoptent chacune la même délibération à une majorité des trois-cinquièmes.


Pays de la Loire: snobés par les Bretons sur leur demande de fusion des deux régions, ils n’ont pas insisté démesurément, le Nantais Jean-Marc Ayrault en premier, et ont assuré le statu quo pour ne pas se retrouver avec le Centre.


ILS SONT SOULAGÉS


Poitou-Charentes et Limousin: hostiles à la grande région avec le Centre proposée initialement par François Hollande, ils ont obtenu gain de cause avec leur rattachement à l’Aquitaine.


Picardie et Champagne-Ardenne: unis dans la première carte, ils ne se voyaient guère de points communs et ont donc applaudi la nouvelle carte où les premiers rejoignent le Nord-Pas-de-Calais et les seconds la Lorraine et l’Alsace.


ILS SONT MÉCONTENTS


Martine Aubry et les socialistes du Nord: ils sont furieux contre la fusion Nord-Pas-de-Calais/Picardie qualifiée par la maire de Lille «d’aberration économique et sociale». Deux arguments: «on ne fait pas de deux régions pauvres une région riche» et la crainte de voir cette grande région aux mains du FN après les élections de 2015.

ILS SONT AMERS


Les Alsaciens: s’ils avaient accepté du bout des lèvres une fusion avec la Lorraine, les Alsaciens digèrent mal de faire partie d’une région à trois avec Champagne-Ardenne. «Qu’a donc fait l’Alsace à la République française ?», a lancé le député UMP Claude Sturni aux députés PS. Pour le président du conseil régional Philippe Richert (UMP), l’ajout de la Champagne-Ardenne donne en outre à la Lorraine la position centrale dans le nouvel ensemble, avec un «affaiblissement de Strasbourg» comme siège potentiel au profit de Nancy ou Metz.


ILS SONT RÉSIGNÉS


Le Centre: privé de grande métropole, il semble n’exister que par défaut. «Comment appelle-t-on les habitants du Centre? Les centristes? Les centraliens? Les centraux?», ironise un des artisans de la carte. Personne ne voulait d’eux, ni les Pays-de-la-Loire, ni le Poitou-Charentes, ni l’Ile-de-France, ni le Limousin qui ne voulait pas être «le sud de rien...», ajoute-t-il. Prenant acte de sa solitude, le président de la région Centre, François Bonneau (PS) veut développer des coopérations inter-régionales.


Les Auvergnats: ils venaient d’inaugurer un hôtel de région à Clermont-Ferrand. Ils se seraient bien vus avec le Limousin au sein d’une région «Massif central» mais celui-ci regardait à l’ouest. Dans le cadre de ce mariage avec la puissante Rhône-Alpes, le Cantal ou l’Allier ont peur de ne pas peser lourd.


ILS SONT INDIFFÉRENTS


Ile-de-France, Corse, PACA... Les élus de ces régions dont le périmètre n’est pas touché par la réforme ne sont guère intervenus dans l’hémicycle lors des 30 heures de débat sur le texte la semaine dernière.