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« StopFake», ou comment des étudiants ukrainiens veulent mettre le holà à la propagande russe

La guerre des mots et des images bat son plein dans la guerre civile ukrainienne.

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StopFake.org
Publié le 21 juil. 2014 à 19:17

Depuis la nuit des temps, les belligérants ont toujours cherché à obtenir la suprématie sur le champ de bataille de l’information. De nos jours, la conduite de la guerre psychologique se retrouve à la croisée des tactiques de propagande classique et des outils du Web 2.0. Les états-majors contemporains ne s’en privent d’ailleurs pas. La crise ukrainienne ne faisant nullement exception à la règle. D’ailleurs, le ministre de l’intérieur ukrainien Arsen Avakov a annoncé sur sa page Facebook sa détermination à constituer un ministère de la propagande : « Ce n’est pas quelque chose d’optionnel. C’est un aspect majeur de la guerre. Une guerre des idées. Nous avons besoin de créer un ministère de la propagande. »

De leur côté, certains ukrainiens luttent contre la désinformation étrangère. C’est le cas d’une poignée d’étudiants de l’école de journalisme de Mohyla de Kiev qui ont mis sur pied en mars dernier la plateforme collaborative StopFake. « Notre initiative est une manière de combattre la Russie dans la guerre de l’information », a confié aux Echos Tetiana Matychak, co-fondatrice de ce projet. « Quand votre pays est en guerre, vous allez faire de votre mieux pour l’aider. Certains deviennent soldats, d’autres financent l’armée voire soignent les blessés. Et les journalistes peuvent consacrer leur temps bénévolement pour révéler les cas de désinformation. » Le succès de StopFake s’avère conséquent après à peine cinq mois d’existence : plus de 17.500 abonnés sur Youtube, plus de 32.000 sur Facebook et près de 19.000 sur VK – un réseau social russe.

Les volontaires du projet Stopfake se retrouvent souvent confrontés à des techniques un peu grossières Ainsi, une dénommée Maria Tsypko intervient régulièrement dans des interviews diffusées sur des chaînes de la télévision russe, mais en incarnant chaque fois un personnage différent. Elle apparaît une fois comme une bénévole levant de fonds en Crimée pour appeler la Russie à l’aide, une autre fois sous le statut d’une réfugiée politique à Sébastopol ou encore comme une organisatrice d’un camp séparatiste à Odessa. Une autre technique consiste à reprendre des photos prises il y a plusieurs années dans d’autres pays et de les injecter ensuite dans le contexte ukrainien. Comme par exemple l’image d’un tank en feu alors qu’il s’agissait en fait d’une photo prise à Tienanmen en 1989.

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« Toute personne capable d’utiliser un moteur de recherche comme Google peut révéler au grand jour de nombreux faits. », insiste Tetiana Matychak. Le site Internet du projet présente d’ailleurs de façon didactique des techniques assez simples pour débusquer de fausses informations. Les initiateurs de StopFake aimeraient que tous les médias ukrainiens puissent développer leurs propres cellules d’investigation en la matière,même si les budgets sont insuffisants.

Benoît Theunissen

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