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"Le Centre nous rejoindra" - Jean-Christophe Cambadélis

Jean-Christophe Cambadélis au siège du Parti socialiste début juillet.
Jean-Christophe Cambadélis au siège du Parti socialiste début juillet. © Zihnioglu Kamil / SIPA
Par Elisabeth Chavelet et Mariana Grépinet , Mis à jour le

Le premier secrétaire du Parti socialiste veut faire souffler un vent de modernité rue de Solférino.

Paris Match. Vous fêtez cette semaine vos 100 jours à la tête du PS et l’on parle déjà de «Cambamania». Vous voulez «tout changer». Souhaitez-vous en finir avec l'appellation de social-démocratie?
Jean-Christophe Cambadélis. Oui, il faut tout changer mais avant de s’occuper de la vitrine, il faut s’occuper du fond de commerce. Les socialistes sont confrontés à une nouvelle époque et ils doivent fonder leur socialisme moderne. Après on verra s’il faut rompre avec telle ou telle formule.

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Comment révolutionner rapidement un parti resté à l’ère du fax et du timbre poste alors que nous sommes dans une société de réseaux sociaux?
Dans leur vie personnelle, nos élus sont dans la modernité. Ils ont tous des portables, lisent des tweets du matin au soir. Il faut que ce mode de vie devienne un mode d’organisation. Nous devons aller plus vite que les médias. Nous devons créer un nouveau réseau social socialiste et avoir notre propre télé sur le net pour avoir notre propre force d’information et d’opinion.

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Manuel Valls a dit que la gauche pouvait mourir et vous même l’avez envisagé. N’avez-vous pas dramatisé la situation?
Regardez les élections législatives partielles qui ont eu lieu, avant les municipales. A chaque fois le PS était absent du second tour. Bien avant les débats économiques qui nous occupent aujourd’hui. Donc il y a un risque. C’est pour cela que le PS doit être à nouveau une force attractive dès le premier tour.

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Comment faire?
La vie politique a muté. Nous sommes passés du bipartisme au tripartisme. On peut le regretter ou pas, le FN est là. Et vraisemblablement au deuxième tour de toutes les élections qui vont venir jusqu’à la présidentielle. Pour que la gauche soit qualifiée au premier tour, il faut refonder le pilier réformiste de la gauche. Accepter qu’il y ait un pôle de radicalité –le parti communiste et d’autres- qui n’élimine pas le pôle réformiste. Nous sommes condamnés, à gauche, à bien nous entendre. A partir de là nous pourrons faire venir à nous d’autres démocrates. Les centristes, aujourd’hui attachés à l’UMP, ne s’en détacheront que s’ils sentent une dynamique réformiste forte dans la gauche. Pour reprendre la formule de François Mitterrand : «Le rôle du PS, c’est d’être l’élément qui attire la mitraille».

"La carte d'identité du PS est un peu sépia"

Du 1er septembre au 6 décembre vous allez lancer les états généraux du PS. Pour quoi faire?
Pour moderniser la carte d’identité du PS. Aujourd’hui elle est un peu sépia. Elle ne permet pas d’être opérationnel dans le monde moderne, de se repérer et d’être repéré. Il faut que les Français qui nous soutiennent puissent dire : «Je suis socialiste pour des raisons claires».

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Le PS a t-il trouvé sa place à côté de l’exécutif?
Nous sommes solidaires du gouvernement mais nous ne procédons pas de l’exécutif. Deux exemples : le Président et le gouvernement réfléchissent sur la suppression des seuils sociaux. J’ai dit que nous étions contre. Par ailleurs, le gouvernement préconise, ainsi qu’un certain nombre de parlementaires, la fusion du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie. J’ai dit que j’y étais défavorable, comme l’a expliqué Martine Aubry. Si on veut compter sur le PS, il faut aussi compter avec lui. 

Le report des élections régionales de mars à décembre 2015 pose problème au PS qui devait organiser son congrès cette année-là. Le chef de l’Etat semble indiquer une préférence pour un report en 2016, afin de ne pas diviser davantage le parti. Quelle est votre position?
J’ai proposé de créer une commission qui se réunira à l’automne pour décider ensemble de la date en fonction du moment des élections régionales, ce qui ne s’est jamais fait. D’habitude c’est le premier secrétaire qui décide. Selon la décision du Conseil constitutionnel, si le congrès avait lieu en 2016, il porterait plus sur la prochaine présidentielle que sur la doctrine.

"Le match Fillon-Sarkozy est le plus probable"

Croyez-vous à l’hypothèse Ségolène Royal à la présidentielle?
Cela voudrait dire beaucoup de choses. Que François Hollande aurait renoncé. Que les primaires seraient lancées. Je ne sais pas si elle pourrait l’emporter. Il est trop tôt et ce n’est pas l'hypothèse la plus probable. Le scénario Hollande l’ est davantage.

La situation financière de l’UMP est catastrophique. Depuis 2012, le PS a perdu 25 000 adhérents. Dans quel état sont vos propres finances?
Les partis politiques sont moins dépendants de leurs adhésions que de leurs résultats électoraux. On peut perdre beaucoup d’adhérents sans pour autant être en déficit parce que nos subventions sont calculées sur les résultats aux législatives et présidentielles. Ensuite, nous avons perdu énormément de mairies et les élus locaux reversent au parti une part de leurs indemnités. Aujourd’hui, nous sommes strictement à l’équilibre. Cela veut dire qu’il ne faut pas perdre les autres élections a venir. 

"Alain Juppé est le Delors de la droite"

Les grandes manœuvres des présidentielles vont commencer cet été à droite. Comment analysez-vous la situation?
Alain Juppé est le Delors de la droite. Il peut être apprécié, voire même au delà de son camp, ce qui est nouveau pour lui. Mais il ne veut pas être candidat. Il connaît ses faiblesses et il n’a pas envie de prendre de coups. François Fillon est le plus déterminé à y aller. Il a fait une embardée thatchérienne en proposant de réduire massivement les fonctionnaires et de remettre en cause le code du travail. Je me demande si c’est un programme pour être élu à l’UMP ou pour la présidentielle. Le match Fillon-Sarkozy est le plus probable.

François Hollande mène une politique des petits pas car il sait la société bloquée. Face à la crise, peut-il tenir ainsi jusqu’en 2017?
Les réformes ne se décrètent pas. Encore faut il les faire passer. On se souvient que Juppé avait été applaudi par l’ensemble de la classe politique quand il avait annoncé la réforme des retraites en 1995. Le résultat : ce fut un million de personnes dans la rue. Il a dû reculer. Et il nous a fallu vingt ans pour revenir sur cette réforme des retraites. Il ne s’agit pas de provoquer l’opinion mais d’avoir une pédagogie de la réforme. S’il faut avancer par petits pas, prendre des demi-mesures mais qu’elles permettent de faire bouger la France, c’est plus efficace que des pétitions de principe. 

Le 14 juillet François Hollande a annoncé que 2016 serait l’année des réformes de société et institutionnelles dont le droit de vote des étrangers, s’il y a «consensus». Comment y parvenir?
Au lendemain de la présidentielle il y avait encore une majorité des Français favorables au droit de vote des étrangers. Elle a fondu. Il est possible de la reconstruire. J’ai proposé la création d’un comité national d’action comme il y a eu en 1905 un comité national d’action laïque qui s’est battu avec succès pour la laïcité en France. Ce comité regroupera l’ensemble des forces de gauche -à l’exception de nos amis du MRC- et des écologistes, des associations, des syndicats, des personnalités. Partout en France ils animeront des réunions, des meetings afin de créer un véritable mouvement civique pour le droit de vote des étrangers. S’il est suffisamment solide, les élus entendront la voix de l’opinion.

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