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Netflix-Canal+ : que le combat commence

Par David Barroux

Publié le 23 juil. 2014 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Même pas peur. Officiellement le débarquement de Netflix sur les cotes françaises ne fait pas trembler Canal+. Les dirigeants du champion de la télévision payante répètent qu'ils n'ont pas attendu ce géant de la vidéo à la demande pour lancer leur propre service. Ils ajoutent que si le succès de Netflix est indéniable aux Etats-Unis, son essor a tué les loueurs de DVD mais pas coupé l'herbe sous les pieds de HBO, le Canal+ local. Des arguments recevables qui ne doivent pas masquer la réalité. Si Netflix ne va pas tuer Canal, il risque de lui faire mal. D'abord parce que l'émergence d'un acteur sur un segment de marché (les séries et les films) accélère la désagrégation de l'offre. Canal+ a fait fortune en vendant « au menu » un service intégrant films, séries, sports... Le consommateur achète le tout pour avoir accès à ce qui a le plus de valeur pour lui. Mais aujourd'hui, Canal+ trouve face à lui des acteurs de niche comme Netflix ou BeIN Sports qui segmentent l'offre et cherchent à séduire avec une approche « à la carte ». La deuxième menace est tarifaire car le « sur-mesure » proposé par BeIN ou Netflix sera au moins dans un premier temps moins cher. Cette guerre des prix larvée représente une menace déflationniste pour Canal+ qui aura du mal à augmenter ses prix. Ses recettes vont être fragilisées au moment ou, pour défendre son modèle, ce spécialiste du premium augmente ses dépenses afin de garder ses concurrents à distance grâce à la richesse de son offre. Canal+ investit déjà beaucoup plus dans ses séries et dans l'acquisition de droits sportifs. Or, dépenser plus pour gagner pareil ou moins compte tenu de l'inflation est rarement une affaire.

Touché mais pas coulé, Canal+ peut se défendre. Son actionnaire Vivendi, qui a revendu SFR, est riche, ce qui constitue un premier atout. Mais ce n'est pas parce que l'on dispose de munitions que l'on sait forcément quelle cible viser. A l'heure où Murdoch, le propriétaire de BSkyB (un Canal+ paneuropéen) veut acheter Time Warner et sa pépite HBO, Canal+ est sans doute trop petit pour jouer dans la cour des acteurs anglo-saxons, dont l'ambition est de conquérir le monde. Pour résister, Canal+ le français devrait peut-être du coup chercher à être surtout incontournable en France. En achetant TF1, par exemple, en devenant leader sur le gratuit comme le payant dans l'Hexagone, Canal+ deviendrait incontournable. Il disposerait ainsi de la puissance de frappe financière pour continuer d'acquérir des contenus. Une idée peut-être séduisante mais difficilement réalisable. Non seulement parce que le groupe Bouygues ne semble pas vendeur de TF1, mais aussi parce que les autorités de la concurrence bloqueraient sans doute une telle opération, en estimant que Canal serait trop puissant dans l'Hexagone. Mais la France est-elle encore un marché pertinent ?

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