«Girl Summit 2014» : l'école contre le mariage forcé

 

«Girl Summit 2014» : l'école contre le mariage forcé

    Aichatou Mohamed, jeune réfugiée malienne, au Niger, suit les cours à l'école primaire d'Intikane, dans le nord du Niger. Elle fait partie d'un nouveau mouvement financé par l'UNICEF qui aide les jeunes filles à se scolariser et à ne pas se marier trop jeune.

    «Beaucoup de filles pensent que l'école ça ne sert à rien. Mais une fille, qui est promise à quelqu'un, peut se confier à ses professeurs et ainsi échapper à ce mariage. Au contraire, celle qui accepte de se marier, ne dira rien» explique la jeune Aichatou Mohamed.

    Son oncle, Manou Talkadat interrogé, abonde dans son sens et privilégie lui aussi le chemin de l'enseignement pour préserver l'avenir des jeunes femmes. «Se marier très jeune est un handicap dans la vie d'une jeune fille. Physiquement et moralement. On a vu des tas d'exemples» déclare-t-il.

    VIDEO. Une réfugiée malienne à l'école plutôt que le mariage.

    Le parcours d'Aichatou illustre bien les initiatives des ONG qui défendent la cause des jeunes filles à travers le monde. Depuis mardi, Londres organise le sommet consacré à la protection des filles, «Girl Summit 2014».

    700 millions de femmes mariées avant leur 18 ans

    «Plus de 700 millions de femmes dans le monde ont été mariées alors qu'elles étaient enfants», a dénoncé mardi l'Unicef, l'organisateur de la conférence. Ce sommet international coorganisé avec le Premier ministre britannique David Cameron, est le premier du genre, selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef).

    130 millions de filles excisées

    Il vise à rallier des soutiens à travers le monde afin de mettre un terme aux mariages forcés et à l'excision, qui touche plus de 130 millions de femmes et de fillettes dans le monde.

    «Notre objectif est d'interdire les mutilations génitales et les mariages forcés partout et pour tout le monde» et de le faire pour «la génération actuelle», a déclaré David Cameron lors de la conférence. Père de deux filles, le chef du gouvernement britannique, a ajouté qu'il souhaitait qu'elles «aient les mêmes opportunités» que son fils. Dans un tweet posté sur son compte mardi, il invite les citoyens à signer le manifeste contre le mariage forcé.

    Selon de nouveaux chiffres de l'organisation onusienne, parmi les 700 millions de femmes victimes de mariage forcé, plus d'une sur trois (250 millions) ont été mariées alors qu'elles n'avaient pas 15 ans. Près de la moitié des mariages forcés ont eu lieu en Asie du sud, selon le rapport, essentiellement en Inde (33%).

    VIDEO. Le bouleversant appel de Nada, 11 ans, qui refuse un mariage forcé

    «Nous ne devons pas suivre des traditions qui vont à l'encontre des droits de l'Homme», a déclaré la jeune Pakistanaise Malala Yousafzai, qui milite pour l'éducation dans le monde après avoir échappé à une tentative d'assassinat des talibans.

    Concernant les mutilations génitales particulièrement pratiquées dans 29 pays d'Afrique et du Moyen-Orient - elles touchent 91% des femmes âgées de 15 à 49 ans en Egypte - , l'Unicef note une amélioration de la situation, affirmant que le risque pour une adolescente de subir une excision s'est réduit d'un tiers en 30 ans.

    «Mais sans des actions immédiates beaucoup plus intenses et soutenues de la part de tous les acteurs de la société, des centaines de millions de filles vont continuer à subir des blessures profondes, permanentes et tout à fait inutiles», a mis en garde l'Unicef.

    «Si ces problèmes sont mondiaux, les solutions doivent être locales, portées par les communautés, les familles et les filles elles-mêmes pour changer les états d'esprit et briser les cycles qui perpétuent les excisions et les mariages forcés», a déclaré le directeur général de l'Unicef, Anthony Lake.

    Le Premier ministre britannique a annoncé une nouvelle législation afin de poursuivre au Royaume-Uni les parents qui n'empêchent pas leur fille d'être excisée. Il a également annoncé la création d'un fonds pour les victimes et les femmes à risque, doté de 1,4 million de livres (1.8 millions d'euros), dans le cadre d'un programme de prévention des excisions.