Aujourd'hui, 20% des collégiens choisissent de suivre une langue ancienne. Mais seulement 8,6% d'entre eux continue à suivre cette option au lycée.

L'enseignement secondaire est le secteur avec lequel le comité d'experts est le plus sévère. Il pointe aussi la santé et les retraites.

afp.com/Frank Perry

"Est-ce qu'on vit mieux avec 57% de dépenses publiques alors que c'était 52% il y a cinq ans?", s'interrogeait François Hollande en 2012. Depuis cette interrogation, le Pacte de responsabilité est arrivé et faire des économies est devenu le sport national. Mais on n'est pas encore revenu au niveau du début du quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Publicité

"En France, les administrations publiques dépensent chaque année l'équivalent de 54% de la richesse nationale (hors intérêts de la dette)", souligne France Stratégie, un think thank rattaché à Matignon et auteur d'un rapport publié ce mardi. Un chiffre qui place la France sur la troisième marche du podium des Etats les plus dépensiers en Europe, à un cheveu du Danemark et de la Finlande. A titre de comparaison, l'Allemagne dépense près de 12 points de PIB en moins, tandis que la moyenne européenne se situe autour de 47%.

En la matière, et d'un point de vue purement comptable, la France fait donc figure de cancre. Attention tout de même, "un niveau élevé de dépenses n'est pas nécessairement problématique. La bonne dépense publique peut être un atout dans la compétition internationale", rappelle Laurent Bigorgne, directeur de l'institut Montaigne. Mais, à défaut d'être un cancre objectif, l'élève France peut certainement mieux faire. Partant de ce constat, le rapport de France Stratégie, laisse apparaître de belles marges de manoeuvre pour l'Etat qui s'est déjà engagé à réduire ses dépenses de 50 milliards d'euros d'ici 2017.

En février dernier, l'Institut Montaigne s'était déjà penché sur la question des dépenses publiques et de leurs résultats. Il soulignait alors que l'Etat n'est responsable que de 33%, environ des dépenses, le reste se partageant entre la Sécurité sociale (46,5%) et les collectivités locales (20,5%). L'étude pointait notamment le poids des dépenses de protection sociale et celui des effectifs de la fonction publique. Cette fois l'étude de France Stratégie identifie l'éducation, la santé et les retraites comme étant les politiques les moins efficientes relativement à nos voisins européens... et donc les meilleures pistes d'optimisation pour la dépense publique.

Dans quels domaines la France dépense-t-elle plus que ses voisins?

Les chiffres sont sans appel, puisque la France dépense plus que la moyenne de la zone euro dans presque tous les domaines. C'est le cas sans surprise de la Défense (+0,6 point de PIB), domaine dans lequel la France fait encore figure de leader européen. Mais cela pourrait ne pas durer puisque les crédits de ce ministère baisseront de 2% en 2015 tandis que 7500 postes y seront supprimés. C'est le cas aussi des Affaires économiques (+0,5 point de PIB) ou encore de la Protection de l'environnement et de la Culture (respectivement +0,3 point de PIB de dépense supplémentaire).

En matière d'Ordre et de Sécurité, l'étude montre en revanche que les dépenses de la France s'inscrivent dans la moyenne de la zone euro. Et le rapport jette un énorme pavé dans la marre en faisant apparaître que les services généraux, c'est à dire l'administration dans son ensemble à l'exception des profession particulières (profs, militaires, médecins...), est le seul domaine dans lequel la France dépense moins que la moyenne de ses voisins (-1 point de PIB).

Mais on est encore loin du compte puisque la France enregistre un total de 7 points de PIB de dépenses supplémentaires par rapport à ses voisins. "Les deux tiers environ des dépenses publiques, en France comme dans la zone euro, sont constituées par la dépense sociale", explique France Stratégie. De fait, la protection sociale, la santé et l'éducation, expliquent à eux seuls "plus de 80% de l'écart constaté entre le niveau de dépenses françaises et la moyenne européenne".

Enseignement secondaire, santé... Les pistes d'économies les plus évidentes

L'enseignement secondaire. Dans ce domaine, les auteurs du rapport ont comparé le niveau constaté de dépenses publiques à des indicateurs objectifs de performances, tel que le résultat des élèves français au test Pisa, le taux de décrochage scolaire, ou encore le taux de diplomés du secondaire.

Et si le niveau de dépenses français est comparable à celui de ses voisins pour l'ensemble du poste "enseignement", il est bien supérieur dans le secondaire. Pire, avec plus d'argent la France a tendance à faire moins bien. "La performance de la France la place notamment derrière l'Allemagne qui, avec des dépenses consacrées à l'éducation secondaire plus faibles performe nettement mieux. La France se distingue notamment par un faible taux de diplômés du secondaire", expliquent les auteurs.

Le rapport pointe du doigt la pratique du redoublement qui fait débat depuis de longues années, mais dont les profs et les parents ne veulent pas entendre parler. Elle coûterait chaque année à l'Etat jusqu'à deux milliards d'euros. "Selon l'OCDE, 28% des élèves français ont redoublé au moins une fois, contre 12% chez leurs camarades européens", rappelle France Stratégie qui épingle une pratique "coûteuse mais inefficace".

Une autre explication s'attache à "l'allocation des dépenses entre les différents niveaux de l'enseignement". L'étude relève que "si les dépenses moyennes par élève sont supérieures de 21% dans le secondaire par rapport aux autres pays de l'OCDE, dans le primaire elles sont inférieures de 17%." Les auteurs suggèrent que dépenser davantage plus tôt pourrait aider à faire baisser la dépense globale.

La santé. En matière de santé, "les performances relatives des systèmes sont très dispersées", souligne l'étude. En d'autres termes, difficile de comparer la France où la santé est un service public avec le Royaume Unis, par exemple, où elle relève très largement de dépenses privées. En revanche, l'étude fait apparaître deux points parfaitement en ligne avec les politiques publiques engagées : "la surconsommation de médicaments" et le faible développement de la médecine ambulatoire, c'est à dire la prise en charge médicale d'un patient, sans hospitalisation. La promotion des médicaments génériques et la réorganisation de l'hôpital public va déjà dans ce sens.

Le cas particulier des retraites

Enfin les dépenses regroupées sous le poste "vieillesse" (essentiellement la retraite et la dépendance) représentent à elles seules près de 14% du PIB de la France, soit 5 points de plus que le Royaume-Uni, 4,5 points de mieux que l'Allemagne et 3 de plus que le Suède. Là non plus, le rapport entre les dépenses engagées et les résultats obtenus en termes de niveau de rente (sur ce seul critère, la France se classe tout de même troisième), d'exposition à la pauvreté ou d'inégalités de revenus n'est pas à l'avantage de la France.

Mais ce résultat doit être relativisé, soulignent les auteurs du rapport. En France, les retraites sont très largement financées par la dépense publique et le système par répartition demeure la norme. En Suède par exemple (20%) et plus encore au Royaume-Unis (45%), le système de retraire est financé pour une large part par le secteur privé.

Sans même parler de système de retraite par capitalisation, l'Etat français possède tout de même dans ce domaine des marges de manoeuvre importantes. Les Français présentent ainsi un âge effectif moyen de sortie du marché du travail "plus faible que la moyenne de la zone euro", souligne encore le rapport. Selon les chiffres de l'OCDE, en 2012, l'age moyen du départ à la retraite en France se situait à 59,7 ans pour les hommes et de 60 ans pour les femmes, contre 61,7 et 60,5 ans en moyenne dans la zone euro et 62,1 et 61 pour l'Allemagne.



Publicité