Ukraine : le Parlement repousse le vote sur la démission du Premier ministre

 

Ukraine : le Parlement repousse le vote sur la démission du Premier ministre

    Crise économique, crise identitaire, crise politique, crise diplomatique... Plusieurs mois après son changement de gouvernement, en février, qui ont suivi les révoltes de Maïdan, l'Ukraine reste en proie à l'instabilité.

    Le Premier ministre  Arseni Iatseniouk a présenté jeudi sa démission et l'union des pro-européens se fissure. Le crash du MH17 dans l'est du pays, contrôlé par les séparatistes, n'a fait qu'accentuer les tensions entre pro-Russes et armée ukrainienne, qui tente de reprendre le contrôle de la zone. En l'espace de trois mois, le conflit a fait plus de 1 000 morts, dont les 298 passagers de l'avion de ligne de la Malaysia Airlines, probablement abattu par un missile sol-air.

    Les parlementaires examineront la démission du Premier ministre la semaine prochaine.

    Contre toute attente, Arseni Iatseniouk a annoncé sa démission jeudi. Le Premier ministre ukrainien est l'une des figures clé de Maïdan, la révolution pro-européenne de l'hiver. Sa démission doit être entérinée par la Rada (Parlement ukrainien).

    Le président Porochenko a demandé au Parlement de ne pas approuver la démission de Arseni Iatseniouk et de son gouvernement et a réclamé l'organisation vendredi d'un vote de confiance. Mais la Rada (parlement) a clos vendredi ses travaux sans qu'aucun vote ait eu lieu, le président du Parlement ayant promis de convoquer une séance extraordinaire «la semaine prochaine». Dans l'attente d'un vote au Parlement, le gouvernement a nommé le vice-Premier ministre chargé des régions, Volodymyr Groïsmann, Premier ministre par intérim.

    L'ouverture d'un «deuxième front».

    La décision du chef du gouvernement fait suite à l'éclatement de la coalition parlementaire. Deux partis politiques ukrainiens, Oudar (centre droit), de l'ex-boxeur Vitali Klitschko, et Svoboda (Liberté, droite nationaliste) d'Oleg Tiagnibok, avaient en effet annoncé leur retrait de la coalition au pouvoir. Une dislocation qui, selon Iatseniouk, «bloque les initiatives gouvernementales». Le parti Batkivchtchina de Ioulia Timochenko, dont Arseni Iatseniouk est membre, a dénoncé vendredi «l'ouverture d'un deuxième front» à l'intérieur du pays.  «Entre la paix et le chaos, l'Ukraine choisit malheureusement le chaos politique», accuse Batkivchtchina.

    Vers des élections anticipées à l'automne.

    Conséquence de la désintégration de la coalition gouvernementale au parlement, des élections anticipées devraient avoir lieu à l'automne. Capitalisant sur son succès à l'élection présidentielle, où il a obtenu près 55 % des suffrages, Petro Porochenko souhaitait un scrutin anticipé afin de dégager une majorité solide. Son projet était appuyé par les partis politiques Oudar et Svoboda.

    A l'inverse, le parti Batkivchtchina du Premier ministre, majoritaire au sein de la coalition, y était opposé. Fort de cette désintégration, le chef de l'Etat devrait fixer dans les prochains jours la date des élections qui doivent impérativement se tenir dans les deux mois. Au-delà de calculs politiques, nombre d'Ukrainiens ne supportent pas de voir siéger à la Rada (élue en 2012) des députés du président déchu Ianoukovitch, et d'autres du PC.

    100 000 déplacés en Ukraine, 130 000 réfugiés ont fui en Russie.

    Conséquence de la guerre qui fait rage à l'est du pays, 100 000 personnes ont été déplacées dans le pays, un chiffre qui a doublé en moins d'un mois, et 130 000 autres ont préféré fuir vers la Russie, rapporte le Haut commissariat des Nations Unies.

    Depuis début juin, ces civils fuient tout particulièrement les villes de Donetsk et Lougansk, bastions séparatistes pro-Russes, actuellement théâtres de la guerre entre armée loyaliste et combattants pro-Russes. Quatorze personnes ont été tuées dans les combats au cours des dernières 24 heures à Donetsk et deux personnes ont trouvé la mort à Lougansk, ont annoncé selon les autorités locales vendredi. L'armée ukrainienne a annoncé avoir perdu 13 militaires.

    A Donetsk, les combats font rage. (LP/Yann Foreix)

    Economie au bord du gouffre.

    Au bord de la banqueroute, l'économie ukrainienne qui vit sous perfusion du Fonds monétaire international, est très fragile. Lors du discours justifiant sa démission, Arseni Iatseniouk a alerté : «Le gouvernement n'a pas de réponses aux questions. Avec quoi payer demain les salaires, comment faire le plein de blindés et financer l'armée ?» Selon le FMI, le pays devrait voir son Produit intérieur brut chuter de 6,5 % cette année, notamment en raison des difficultés de percevoir les impôts dans le poumon industriel à l'est du pays.