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Derrière les manifestations interdites pour Gaza : un collectif de propalestiniens radicaux

Le groupe appelle à un nouveau rassemblement en soutien à Gaza samedi à Paris, interdit par la préfecture.

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Publié le 25 juillet 2014 à 12h18, modifié le 26 juillet 2014 à 07h18

Temps de Lecture 3 min.

Dans la manifestation propalestinienne samedi 19 juillet à Barbès à Paris.

Le collectif propalestinien à l'origine de la manifestation interdite de samedi 19 juillet à Paris, qui avait dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre, appelle à défiler, samedi 26. Mais cette nouvelle manifestation a été interdite, vendredi 25 juillet, par la préfecture de police.

« Les organisateurs seront reçus, il sera discuté de l'itinéraire, des conditions d'organisation de cette manifestation », avait expliqué jeudi 24 juillet le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, tandis que le premier ministre, Manuel Valls, exigeait des « garanties » en matière de sécurité.

Pourquoi cette prudence ? C'est que les organisations de soutien aux Palestiniens ne forment pas un front uni. Si le Collectif national pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, formé d'organisations historiques comme la Ligue des droits de l'homme, le Parti communiste ou la CGT, affiche des revendications consensuelles et pacifistes, ce sont des associations aux revendications plus radicales qui ont appelé les sympathisants de la cause palestinienne à manifester pour la première fois, le 13 juillet.

Ce jour-là, c'est un collectif informel sans nom officiel, composé d'une bande d'amis trentenaires, militants de longue date, qui pilote les événements car les acteurs traditionnels « ne bougent pas », disent-ils. Ce réseau est formé d'un noyau réduit de militants, mais sa capacité de mobilisation sur les réseaux sociaux et sur le terrain compense cette faiblesse. Il réunit des membres de l'Union générale des étudiants de Palestine (GUPS), du Mouvement des jeunes Palestiniens (PYM France), de Génération Palestine, de l'Union juive française pour la paix (UJFP), du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ou du Parti des indigènes de la République (PIR).

De leur propre aveu, cet appel à la mobilisation est le fruit de réunions improvisées en catastrophe. Leurs associations étaient plus ou moins en sommeil depuis la forte mobilisation contre l'opération « Plomb durci » menée fin 2008-début 2009 par Israël.

Le collectif informel appelle au retour des réfugiés palestiniens ainsi qu'à la libération des prisonniers politiques. Mais ses représentants l'avouent, leur revendication ne porte pas seulement sur la paix. Ce collectif sans nom soutient le Hamas, que rejette le Collectif national. L'un des membres du GUPS, née en 1959 et l'une des rares associations palestiniennes présentes en France, interprète ce besoin d'autonomie comme une réaction au « langage du Collectif national, qui depuis longtemps est politiquement un peu mou. On préfère s'organiser en dehors d'eux ».

« NE PLUS ÊTRE DÉPOSSÉDÉS DE NOTRE COMBAT »

Plus que des divergences politiques, Omar Al-Soumi, du Mouvement des jeunes Palestiniens, explique que ses amis et lui n'ont plus voulu dépendre d'un Collectif national bien peu représentatif à ses yeux. Fils d'un artiste palestinien, il a commencé à militer il y a dix ans à Sciences Po. Il se souvient qu'« à l'époque, le profil type du militant, c'était un retraité de la fonction publique aux cheveux blancs. Nous, on voulait s'ouvrir aux quartiers populaires vers cette nouvelle France issue de l'immigration pour ne plus être dépossédés de notre combat ». M. Al-Soumi assure fédérer largement dans les banlieues.

Pour séduire les Français issus de l'immigration, le collectif table aussi sur un autre discours : la lutte contre colonialisme. Youssef Boussoumah, du PIR, intronisé porte-parole par le reste du collectif, est, avec trente ans de militantisme derrière lui, le « papa » du collectif. Le PIR est né en 2005 en réaction à la loi d'interdiction des signes religieux à l'école. « La fracture coloniale est à l'oeuvre en France. La Palestine vit aussi une injustice suprême, c'est la dernière cause coloniale. »

Tous l'assurent, la question reste avant tout politique. Haoues Seniguer, chercheur au Groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, confirme en partie cette hypothèse : « Certains dans ces mouvements se mobilisent aussi au nom d'un référent commun à savoir l'islamité des Palestiniens. Mais ils savent qu'ils n'ont pas intérêt à confessionnaliser ce conflit sous peine de perdre des soutiens. »

Le NPA, seule formation politique à les soutenir, se dit parfois gêné par les slogans religieux lancés lors des manifestations. Omar Al-Soumi assume pourtant que des groupes très religieux et proches du Hamas comme le Collectif du cheikh Yassine défilent à leur côté : « Cela ne nous dérange pas dans la mesure où nous soutenons toutes les résistances et la lutte armée. La diplomatie et la négociation n'ont jamais abouti. »

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