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Ukraine : l’Europe frappe la Russie au portefeuille

Lourdes sanctions de l’UE contre des pans entiers de l’économie russe. La vente des navires Mistral par la France n’est pas remise en cause.

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Inflexible jusque-là, le président russe peut se lancer à son tour dans des mesures de rétorsion.

Par Renaud Honoré

Publié le 29 juil. 2014 à 19:20

Cette fois, les Européens tapent vraiment du poing sur la table face à la Russie. L’Union européenne a ainsi adopté, hier soir, à l’issue d’une réunion des ambassadeurs des Vingt-Huit à Bruxelles, une large palette de sanctions qui devraient toucher plusieurs pans de l’économie russe. L’attitude prudente adoptée depuis le début de la crise ukrainienne n’était plus tenable après le crash de l’avion de Malaysia Airlines, alors que de forts soupçons pèsent sur les rebelles ukrainiens qui auraient bénéficié de batterie de missiles sol-air fournies par Moscou. « Notre volonté avec ces sanctions est d’enfin obtenir une désescalade de la situation en Ukraine. Elles pourront être revues périodiquement en fonction de l’évolution des positions », explique une source européenne.

Ce qui a été décidé, hier, paraît ressembler beaucoup à ce qu’avait proposé la Commission européenne la semaine dernière. L’UE aurait ainsi imposé de couper le robinet du financement des banques publiques russes, qui ne pourront donc plus emprunter auprès de personnes physiques ou morales européennes, selon des sources européennes. Les sanctions incluent également l’interdiction des exportations « sensibles » vers la Russie, dans le domaine de l’énergie à l’exception du gaz (comme les équipements de forage en eaux profondes) ou pour les biens à double usage militaire et civil (comme certains biens électroniques de haute technologie). Il sera également interdit de vendre des armes à la Russie, sans que cela remette en cause les contrats existants. Une position critiquée publiquement par la Premier ministre lituanienne Dalia Grybauskaitė, qui a regretté dans un tweet « que rien n’empêche la vente des navires Mistral » par la France à la Russie.

Une zone de turbulence

Ces annonces ne sont pas les dernières en la matière. L’UE devrait ainsi dévoiler, aujourd’hui, les noms de quatre hommes d’affaires russes proches de Vladimir Poutine, qui s’ajouteront à la longue liste de personnes dont les avoirs ont été bloqués. Et les Etats-Unis ne comptent pas être en reste, puisque de nouvelles sanctions devraient être dévoilées rapidement, a expliqué hier le secrétaire d’Etat, John Kerry.

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Ces nouvelles sanctions tombent alors que l’économie russe traverse d’ores et déjà une zone de turbulences. Il y a quelques jours, le FMI a revu nettement à la baisse les prévisions de croissance du pays (+ 0,2 % pour le PIB cette année, contre 1,1 % attendu). Ces sanctions pourraient aussi accélérer un peu plus la fuite des capitaux du pays, qui a atteint près de 75 milliards de dollars au premier semestre, plus que pendant l’année 2013 toute entière. En réponse, la Banque de Russie a relevé il y a quatre jours son taux directeur à 8 %, soit la troisième hausse depuis mars.

Cette fragilisation extrême de l’économie russe peut-elle faire plier Vladimir Poutine ? Inflexible jusque-là, le président russe peut se lancer à son tour dans des mesures de rétorsion. Sans oublier que l’économie européenne, elle même, risque d’être touchée par les sanctions décidées contre Moscou. Hier, le FMI a averti que des banques étrangères et notamment françaises, font face à des « risques accrus de défaut » de paiement en Russie.

Obama  : il n'y a pas de "nouvelle guerre froide" avec la Russie

Le président américain Barack Obama a annoncé mardi de nouvelles sanctions américaines contre la Russie, en raison de son soutien aux rebelles dans l'est de l'Ukraine, dans le secteur de l'énergie, de la défense et de la finance.Le chef d'État a annoncé la suspension des exportations de biens, de technologie relative au secteur de l'énergie vers la Russie et la suspension des crédits à l'exportation et du financement du développement économique.Les sanctions continueront de faire augmenter la pression sur Moscou, a déclaré le président américain, ajoutant que les mesures de rétorsion existantes avaient affaibli un peu plus une économie russe déjà faible.Le président des Etats-Unis précise toutefois qu'il n'y a pas de "nouvelle guerre froide" avec la Russie. L'Europe, qui a annoncé également de nouvelles sanctions, "perd patience" face à Poutine estime-t-il.

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