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UKRAINE

Donetsk, ville fantôme dans la crainte d’un assaut ukrainien

En pleine contre-offensive depuis le mois de juin, l’armée ukrainienne reprend peu à peu des territoires passés sous contrôle de séparatistes pro-russes et se rapproche notamment de Donetsk, principale ville de l’est du pays. Inquiets de l’imminence des combats, les habitants ont fui ou se terrent chez eux, dans une ville où l’activité est réduite au strict minimum.

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Donetsk en juillet 2014. Photo : @Alex_Annet

En pleine contre-offensive depuis le mois de juin, l’armée ukrainienne reprend peu à peu des territoires passés sous contrôle de séparatistes pro-russes et se rapproche notamment de Donetsk, principale ville de l’est du pays. Inquiets de l’imminence des combats, les habitants ont fui ou se terrent chez eux, dans une ville où l’activité est réduite au strict minimum.

L’armée ukrainienne s’est rapprochée de Donetsk ces derniers jours et elle a revendiqué mardi 29 juillet de nouvelles prises, comme le village de Stepanovka, à environ 80 kilomètres à l'est de la cinquième ville d’Ukraine. Les troupes ukrainiennes ont par ailleurs encerclé la ville de Gorlovka, à 45 kilomètres au nord de Donetsk. La stratégie de l’armée est d’encercler les séparatistes et de les pousser à se replier dans Lougansk et Donetsk, les deux principales villes de la région qu’ils revendiquent. À Donetsk, des tirs d’artillerie ont été entendus mardi dans le centre-ville, alors que la chute d’un obus sur un immeuble de dix étages a tué une personne.

Ce climat de tension croissant et la perspective de combats au sein même de la ville inquiète les habitants de Donetsk. Depuis le début des affrontements à l’aéroport en mai, ils sont de plus en plus nombreux à fuir la ville. Mi-juillet, le  "Premier ministre" de la "République populaire de Donetsk" autoproclamée, Alexandre Borodaï, estimait que plus de 70 000 des quelque 900 000 habitants avaient déjà fui. Ceux qui ont pu sont partis en train, en direction de Dniepropetrovsk, d’où certains ont gagné la Russie, quand d’autres ont poursuivi vers Kiev ou des régions plus calmes de l’est du pays.

D’autres, comme notre Observatrice, se réfugient chez des proches qui vivent dans les environs, faute de pouvoir désormais fuir la région. Cet exode se conjugue avec la fermeture progressive des magasins et des administrations, donnant l’impression d’une ville fantôme, comme le montre ces images postées sur les réseaux sociaux.

Photo de Donetsk fin juillet. Crédit : @carloangerer

Photo @mattfrei.

"Les gens se terrent chez eux et ceux qui le peuvent aménagent des abris de fortune dans leur cave"

Anja (pseudonyme) est formatrice et vit à Donetsk. Elle a quitté la ville il y a cinq jours. Elle assure n’être ni pro-Kiev ni pro-russe et veut "juste que la guerre se termine au plus vite".

"Depuis début juillet la ville tourne vraiment au ralenti. D’habitude, il y a beaucoup de trafic et des bouchons à plusieurs moments de la journée, mais en ce moment, il n’y quasiment plus aucune voiture sur les avenues. Les transports en commun, bus et tram fonctionnent à fréquence normale, mais il n’y a quasiment personne dedans.

Les grandes entreprises qui avaient des bureaux à Donetsk ont toutes fermé leurs bureaux et envoyé leurs employés dans leur siège de Dniepropetrovsk ou de Kiev. Les restaurants McDonalds ont tous fermé il y a trois mois déjà, peut-être parce qu’ils "symbolisent" l’Occident et auraient pu être la cible des pro-russes. Du côté des administrations, on trouve de plus en plus souvent porte close : le centre de formation où je travaille a fermé début juillet, alors qu’il est supposé être ouvert toute l’année ; les universités sont toutes fermées, alors qu’à cette époque, normalement, elles grouillent d’étudiants qui viennent s’inscrire et se renseigner pour l’année suivante.

Il y a néanmoins des magasins qui restent ouverts, ce sont surtout les petits commerces qui vendent de l’alimentaire et des biens nécessaires du quotidien. Les magasins de vêtements en revanche sont fermés. Même chose pour les grands centres commerciaux, je pense que c’est parce qu’ils concentrent plusieurs magasins au même endroit, et donc potentiellement beaucoup de visiteurs, ce qui peut en faire une cible de tirs.

"J’ai eu peur pendant trop longtemps et j’ai préféré partir"

Du coup, la ville a logiquement perdu une partie de sa population. Au centre-ville, sur les places et artères principales, on croise peu de monde. Pour ma part, je suis partie avec mon mari et mon bébé chez ma mère, qui vit à une cinquantaine de kilomètres de Donetsk. Le quartier où je vivais n’était pas touché par les tirs et les explosions, mais j’ai eu peur pendant trop longtemps et j’ai préféré partir, ça devenait dangereux de rester, surtout pour mon enfant. Le quartier où je vis est plutôt calme, mais à force d’entendre chaque jour des tirs et des explosions, j’ai fini par me décider, notamment après avoir été à la piscine ouverte il y a dix jours : je nageais quand j’ai entendu un bruit d’explosion terrible, puis aperçu un gros nuage de fumée. La piscine a du être évacuée. Je ne suis pas sûre d’être totalement à l’abri là où je suis, mais je ne sais pas où je pourrai aller : toutes les routes sont désormais bloquées, les chemins de fer en partie détruits et de moins en moins de trains circulent.

Nous n’avons pas tous la chance d’avoir un endroit où aller à proximité de Donetsk. Ceux qui restent se terrent chez eux, ceux qui le peuvent aménagent des abris de fortune dans leur cave au cas où ils devraient s’y réfugier si des combats venaient à éclater entre les pro-russes et l’armée. Certains ont même déjà décidé d’y vivre : un de mes amis n’est pas sorti de sa cave depuis quatre jours, il dit qu’il a trop peur de rester chez lui.

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