Partager
High-Tech

Pourquoi les Smart Grid sont sans doute l'avenir de l'énergie

Selon un rapport publié dimanche 27 juillet, les réseaux électriques intelligents vont connaître une envolée sans précédent. Décryptage.
réagir
Photo Communiqué linky erdf
Les réseaux intelligents permettront d'intégrer la production d'énergies renouvelables au réseaux national.
(c) ERDF

Le saviez-vous? L’énergie du futur est intelligente. Ou plutôt, ce sont les réseaux électriques, gérés automatiquement, à distance, en temps réel et donc à moindre coût, qui deviennent "intelligents". Les "smart grids", littéralement "maillages intelligents", prennent d’assaut la planète avec leurs bataillons de compteurs nouvelle génération. Et pour cause. Dans un contexte de crise énergétique mondiale, ce système permet une meilleure gestion de la production et de la consommation d'énergie.

Ce dimanche 27 juillet, un rapport produit par Whatech évaluait à 4,1% le potentiel de croissance annuelle mondiale du marché des boitiers intelligents, piliers des Smart Grids, entre 2014 et 2018. 

Les Smart Grids sont des réseaux intégrés qui ont la capacité de gérer et d'anticiper la consommation des usagers, grâce à de multiples capteurs et points de contrôles commandés à distance. Les enjeux de ces réseaux intelligents? Accompagner la transition énergétique. En effet, un réseau électrique nécessite un équilibre constant entre production et consommation. Or les énergies renouvelables, l'éolien ou le photovoltaïque par exemple, produisent de l'électricité de manière irrégulière. Ces "productions décentralisées" nécessitent une gestion intelligente de leur consommation comme de leur production afin d'être intégrées au réseau moyenne tension. D'où les Smart Grids.

A l'international on attend beaucoup des réseaux intelligents ...

A l'étranger, ces infrastructures sont en plein développement. Les Etats-Unis débloquent depuis 2007 un budget annuel de 100 millions de dollars annuels pour l'implantation de réseaux intelligents. Sous l'administration Obama, ce budget a été doublé, à 200 millions annuels, sans compter la Recherche et développement à hauteur de 153 millions de dollars annuels. C'est que le gouvernement actuel a les problématiques énergétiques à coeur. Le fameux Recovery Act prévoit 8 milliards de dollars en partenariat public-privé dont 3,4 milliards de dollars d'argent public pour une modernisation complète du réseau américain. Point phare de cette réforme d'envergure, la plus grande jamais réalisée aux états-unis: le financement de dizaines de projets locaux et régionaux à travers le pays.

Le Royaume-Uni a, lui, mis en place un cadre de soutien aux technologies de gestion intelligente de la consommation pour faire face à sa crise énergétique. Ainsi, plusieurs entreprises proposent l'installation dans les entreprises de boitiers intelligents, qui, gérés à distance, permettent de réduire la consommation… et d'être rémunéré par National Grid, l’opérateur du réseau électrique national, pour l’énergie ainsi épargnée. Le gouvernement a mis les bouchées doubles. Depuis 2008, les Britanniques ont initié un plan de remplacement de 10 réacteurs nucléaires afin d’optimiser l’offre énergétique.

Une bénédiction pour KiwiPower, une entreprise anglaise spécialisée dans les boitiers électriques intelligents: "Nous soutenons les efforts du gouvernement en matière de politique énergétique" se contente d'affirmer Ziko Abram, son directeur et cofondateur, sans préciser le montant de ces subventions qui lui reviennent.

Selon l’Ofgem, le secrétariat britannique à l’énergie, c’est 4% de l’énergie qui pouvait être épargnée en agissant sur la demande. L'entreprise KiwiPower, déjà présente chez 650 partenaires dont des hôpitaux publics mais aussi des supermarchés du géant britannique de la grande distribution Sainsbury's, affirme d'ores et déjà qu'elle gère plus de 200 megawatts de consommations électriques.

 ... tandis qu'en France, le chantier est déjà en route

Et quid du parc énergétique français ? ERDF continue son plan d’investissements dans le réseau de distribution, à hauteur de plus de 3 milliards d'euros par an. Ces investissements vont contribuer à l’intégration d’un système de gestion intelligente au réseau basse tension. Par ailleurs, tout comme KiwiPower, ERDF va installer des compteurs intelligents chez les particuliers, brique fondamentale des "smart grids". Et ce programme est d’une autre envergure. Après des expérimentations réussies sur Tours et Lyon, la société publique ambitionne de remplacer l’intégralité des compteurs d’électricité actuels par des compteurs nouvelle génération Linky. "La première phase du projet, de l’ordre de 3 millions de compteurs, devrait être achevée d’ici 2016, pour un remplacement des 35 millions de compteurs d’ici 2021." Selon ERDF, ce projet d’envergure devrait générer 10.000 emplois sur la période du déploiement.

Le réseau intégré ERDF

A l'heure où l'on ambitionne d'accorder une place plus importante à la voiture électrique, la modernisation du réseau  implique d'utiles économies d'électricité, en plus de raccord des sources de production d'énergie renouvelables au réseau national. Les critiques? Ce sont celles que l'on adresse aux énergies renouvelables, soit que l'on considère qu'elles sont trop peu développées ou bien, au contraire, qu'elles sont une alternative peu probante aux énergies fossiles. Selon un article du Wall Street Journal, le coût supplémentaire pour le consommateur, particuliers comme entreprises surpasserait l'économie réalisée. Plus récemment c'est Bloomberg qui a révélé que les Smart Grids sont vulnérables au hacking, d'où un surcoût de plusieurs millions de dollars pour les opérateurs de réseaux intelligents américains qui souhaitent les protéger adéquatement contre les attaques informatiques. Et pourtant, le décollage du secteur semble assuré. Lubie collective ou pari sur l'avenir?

Rappel: le système électrique français est composé de plusieurs segments complémentaires. La production d'électricité, d'une part, est en grande partie effectuée par EDF, essentiellement grâce à 58 réacteurs nucléaires éparpillés sur le territoire. RTE s'occupe ensuite de l'acheminement de cette production énergétique via un réseau haute tension jusqu'aux réseaux moyenne et basse tension, gérés principalement par ERDF, qui distribue l'électricité à 35 millions de foyers répartis sur 95% du territoire national métropolitain. En France, le réseau moyenne tension est déjà "intelligent", grâce aux investissements réalisés par ERDF depuis une vingtaine d'années. Ce sont ainsi 30 agences de conduites, véritables tours de contrôle, qui supervisent les 600.000 km de réseau grâce à 100.000 appareils de mesure et automates pilotés à distance. Lors d'incidents, tels que la rupture d'une ligne suite aux intempéries, les opérateurs d'une agence de conduite peuvent isoler le segment défectueux et rétablir le courant via un tracé alternatif. Selon ERDF, lors d'incidents de ce type, 75% des usagers sont réalimentés en quelques minutes.

 

La production "décentralisée" en France

Pierre-Eliott Buet

Commenter Commenter

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications