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La France n‘en finit pas de dévisser - Croissance

Avec une croissance plus forte qu’attendu, la Grande-Bretagne de David Cameron arrive en tête de l’Europe.
Avec une croissance plus forte qu’attendu, la Grande-Bretagne de David Cameron arrive en tête de l’Europe. © REUTERS/Francois Lenoir
Par Marie-Pierre Gröndahl et Anne-Sophie Lechevallier

Des chiffres exécrables traduisent le fossé croissant avec ses voisins européens.

Vilipendé par le FMI et l’OCDE il y a seulement deux ans pour ses mesures économiques « catastrophiques », David Cameron peut savourer sa revanche. Avec une croissance bien plus forte qu’attendu, de 0,8 % pour chacun des deux premiers trimestres, la Grande-Bretagne caracole en tête de tous les pays développés. Du coup, le FMI lui a présenté ses excuses et a relevé ses prévisions de croissance à 3,2 % en 2014. Le pays enregistre sa plus forte progression depuis les débuts de la crise financière et retrouve son niveau d’il y a six ans. « Quand on s’en tient à un plan économique à long terme, quitte à prendre des décisions difficiles, il est possible de remettre un Etat sur la bonne voie », s’est félicité le Premier ministre britannique. L’Allemagne, avec moins d’auto­satisfaction, mais plus de régularité, devrait réaliser une croissance de 1,9 %, toujours selon le FMI, cette année.

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Même dans l’un des pays européens les plus fragiles et les plus ébranlés par la crise, les signes de convalescence se multiplient. Ainsi, en Espagne, pour la première fois depuis 2008, le nombre de créations d’emplois repart à la hausse, bien que le taux de chômage (24,5 %) ­demeure le deuxième plus haut d’Europe, après celui de la Grèce (26,8 %). Cette amélioration profite à la zone euro, qui devrait croître de 1,1 % en moyenne cette année – un taux qui reste « faible » selon Olivier Blanchard, le chef économiste du FMI. Un autre chiffre confirme ce redressement : l’indice PMI de l’institut Markit – qui mesure la production – s’établit à 54 points en juin pour toute la zone, l’un de ses meilleurs scores depuis trois ans.Mais, en France, ce même indice ne s’établit qu’à 49,4…

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Seul le secteur des services rebondit légèrement, alors qu’il s’envole en Grande-Bretagne

« L’homme malade de l’Europe », selon le magazine allemand « Der Spiegel », auteur d’une enquête ­ravageuse, patine, au risque justement de ralentir le redressement de ses voisins, à l’exception de l’Italie, également très mal en point. La deuxième économie de la zone euro n’en finit pas de dévisser. Au point que même François Hollande s’inquiète désormais publiquement d’une ­absence de reprise. La production manufacturière s’effondre : les fabricants ­signalent la plus forte baisse depuis plus d’un an. Seul le secteur des services rebondit légèrement, alors qu’il s’envole en Grande-Bretagne. Le chômage (10,1 %) augmente une fois de plus, pour le huitième mois d’affilée. Tous les indicateurs sont au rouge vif, d’où une révision à la baisse de la croissance pour cette année, à 0,7 % par le FMI et l’Insee. Le prochain chiffre, publié le 14 août, sera « mauvais », pour la plupart des économistes.

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« Nous chutons moins quand tout va mal, mais nous rebondissons moins quand tout va bien, rappelle Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis. En France, les réformes n’ont que dix-huit mois. Nous souffrons donc d’un décalage de deux ans avec nos voisins. » Selon lui, les expériences passées démontrent qu’il faut trois à sept ans pour que les réformes de ce type portent leurs fruits. Circonstance aggravante pour l’économie française, l’absence de forte demande extérieure. Pierre Gattaz, pour le Medef, et beaucoup d’autres patrons réclament des baisses de charges drastiques. « Une thérapie de choc serait malvenue et risquerait de saboter une consommation déjà faible, le dernier moteur encore en activité », ­estime Jean-Christophe Caffet.

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