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Le « crowdfunding » et la création d'un nouvel ordre social

Publié le 1 août 2014 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Le phénomène du « crowdfunding », efficace pour les uns, social pour les autres, fait l'unanimité. Les plates-formes se multiplient : elles sont 672 en 2013, selon la Banque mondiale. Néanmoins, il existe peu d'analyses sur les raisons de son développement irrésistible. L'apparition de ce phénomène coïncide avec la démocratisation des NTIC, qui ont permis aux individus d'interagir à moindre coût. C'est, par ailleurs, l'augmentation considérable des coûts de transaction liés à l'élargissement de l'offre qui avait fait tomber en désuétude certaines formes de transaction, telles que les enchères ou le troc. Cela a encouragé la professionnalisation et corrélativement la prédominance d'autres formes de transactions.

Concrètement, dans le secteur financier, si le développement de l'intermédiation a créé des économies d'échelle, cela n'a favorisé que les grands projets. Et, leur réussite aidant, des lois conservatrices sont venu les appuyer sous couvert de protection des faibles.

La réduction drastique des coûts de transaction par les NTIC a permis la renaissance des anciennes formes de transactions et le retour aux sources du marché. C'est-à-dire, ici, la possibilité de faire un appel massif de fonds auprès de plusieurs internautes, ce qui ne coûte presque rien, pour un retour démultiplié de petits montants. Dans le même temps, cela a replacé les « faibles » en position participative et non juste subie dans la vie économique.

Ce phénomène spontané, qui a commencé à se développer après 2005, est en train de se structurer. Son succès est considérable, avec un taux de croissance vertigineux et une collecte au niveau mondial estimée à 5,4 milliards de dollars pour 2013, contre 2,7 en 2012. Le potentiel de ce marché à dix ans est évalué à 1.000 milliards de dollars par « Forbes ».

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Or un marché de millions de petits investisseurs pourrait créer un nouvel ordre économique et par la suite un nouvel ordre social. Celui-ci pourrait se distinguer du type de capitalisme aujourd'hui dominant, avec ses dérives spéculatives détachées de la vraie création de valeur.

Cela nécessite, néanmoins, une forme de régulation, d'abord pour protéger les internautes épargnants des plates-formes contre les malversations, dont ils risquent d'être victimes, et ensuite ceux qui sont les bénéficiaires actuels du système et qui craignent toute nouvelle forme de concurrence.

Une autorégulation peut-elle suffire ? Dans toutes les régions du monde, c'est la voie de la réglementation par le législateur qui a été empruntée. Les acteurs du financement participatif, demandeurs d'un assouplissement du cadre du financement aux entreprises jugé totalement inadapté, courent néanmoins le risque de verser dans l'excès inverse que les Etats-Unis sont en train de connaître.

La loi américaine Jobs de 2012 devait élargir le financement aux entreprises - en particulier des PME dont le financement bancaire n'est pas aussi bien organisé qu'en France - par une possible prise de participation dans leur capital via une plate-forme Internet. Cela devait permettre de démultiplier le nombre de « business angels », tout en démocratisant leur profil.

Cependant, la Securities and Exchange Commission a restreint cette loi, à l'automne 2013, en créant des limites nouvelles, bridant la liberté des porteurs de projet et plus encore des investisseurs potentiels.

Le texte français en préparation ne devrait pas subir les mêmes critiques dans la mesure où il a été créé de manière collaborative, en intégrant les acteurs du marché dans les réflexions et pour ainsi dire dans sa rédaction. Espérons que ce cadre nécessaire pourra, ensuite, être suffisamment souple afin de permettre à tous les opérateurs du « crowdfunding » de s'autoréguler.

Laurence Attuel-Mendès, Djamchid Assadi et Arvind Ashta

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