La physique est pleine d’opposés. Pour chaque action, il y a
une réaction ; chaque charge positive a sa charge négative ; chaque pôle nord magnétique a un pôle sud. L’opposé de la matière est l’antimatière. Les
trous noirs, eux, ont les trous blancs.

Les trous noirs sont connus pour aspirer tout ce qui les
entoure. Même la lumière n’échappe pas à leur prodigieuse gravité. Les trous
blancs, eux, expulsent un flot constant de matière et de lumière. Au point que
rien ne peut y entrer. Alors pourquoi sont-ils si mal connus ?

D’abord, les trous blancs sont des créatures exotiques. Les
théoriciens ne peuvent que spéculer sur leur existence, mais peu y croient,
pour la simple et bonne raison que personne n’en a jamais observé un. Nikolaï
Kardashev 
et ses collègues du Centre astrospatial de Moscou espèrent bien y
remédier grâce à un immense radiotélescope qui possède une vue équivalente à celle
d’une antenne 30 fois plus
grande que la Terre. Et s’ils confirment l’existence des trous blancs, cela remettra
en question notre conception de ce qui réside au cœur des galaxies, y compris
la nôtre. Jouer avec l’espace-temps

Ce serait aussi une reconnaissance pour le physicien Igor
Novikov, qui fut le premier à théoriser l’existence des trous blancs en 1964. A
l’époque, les trous noirs étaient appelés “étoiles gelées” et
ils étaient encore moins bien compris qu’aujourd’hui. Novikov a fait ce que
font les physiciens théoriciens quand ils sont confrontés à des situations
impossibles à tester en laboratoire : il a procédé uniquement par raisonnement
pour établir ce qui arriverait à un trou noir si le temps s’écoulait en sens
inverse. Son expérience théorique a produit un nouveau type d’objet, qui crache
de la matière et de la lumière en continu : le trou blanc.

D’autres se sont emparés de l’idée. Que se passerait-t-il si
on associait un trou noir à un tunnel spatio-temporel, un raccourci dans l’espace-temps
qui connecte deux régions de notre univers, voire deux univers
différents ? Le trou noir aspirerait la matière, alors qu’à l’autre bout
du tunnel spatio-temporel, il y aurait un trou blanc qui l’émettrait. Une existence mathématique et théorique

Beaucoup de physiciens, toutefois, ont eu du mal à avaler la
notion de trou blanc. Somme toute, on pense que les trous noirs se forment
quand une gigantesque étoile s’effondre sur elle-même sous l’effet de sa propre
gravité ; la matière, en s’effondrant, produit une singu