Pollution : la «brume des sables» venue du Sahara perdure en Martinique

Poussées par le régime des alizés, ces vents d'est localisés sur l'Atlantique, des particules fines parviennent jusqu'aux Antilles française. Le phénomène, d'habitude assez court, dure depuis neuf jours. Une première. 

La pollution atmosphérique est très importante en ce moment en Martinique et dure depuis plusieurs jours. Les particules fines qui tombent du ciel viennent...du Sahara. 
La pollution atmosphérique est très importante en ce moment en Martinique et dure depuis plusieurs jours. Les particules fines qui tombent du ciel viennent...du Sahara.  (NASA)

    Avis de forte brume sur Fort-de-France. «C'est très dense, on ne voit pas l'horizon. Habituellement, on voit la côte, mais là, non», observe Olivier Noteuil, responsable qualité de Madininair, l'association régionale de surveillance de la qualité de l'air. Depuis neuf jours consécutifs, un phénomène de «brumes de sable» place les Antilles françaises en alerte rouge à la pollution aux particules fines.

    Sur toute la Martinique par exemple, l'indice de la qualité de l'air dépassait vendredi les 80 microgrammes par m3, soit le «plus mauvais» relevé, et devrait encore ce samedi avoisiner le seuil d'alerte, déclenché à 50 microgrammes. Les Martiniquais sont invités à limiter leurs activités sportives, tout particulièrement les enfants et les personnes âgées.

    Ce phénomène de pollution atmosphérique local vient de très loin. Le sable fin qui retombe en poussière sur les pare-brise des voitures n'est pas issu des plages locales mais... du Sahara.

    Un épisode connu dans la région

    «A la fin de la saison sèche et avant la saison des pluies, le désert saharien se réchauffe fortement», décrypte Etienne Kapikian, de Météo France. «Les dépressions thermiques qui en résultent soulèvent d'importantes quantités de sable à haute altitude, poussées par le régime des alizés, ces vents d'est localisés sur l'Atlantique. Sous ce flux, les particules les plus fines parviennent jusqu'aux Antilles françaises, les premières îles sur leur route», poursuit le météorologue.

    Cet épisode est connu de la région, mais il est d'habitude assez court. «Un ou deux jours seulement, estime le spécialiste de Madininair, surpris de son exceptionnelle durée. En dix-sept ans de mesures, c'est la première fois qu'un tel épisode dure aussi longtemps.»

    Ces brumes de sable s'aggravent-elles sous l'effet du réchauffement climatique ? Aucune étude ne le confirme pour l'instant. Mais elles pourraient être le signe de la déforestation et de la désertification, qui augmentent en Afrique.