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Santé

La gale se propage dans un camp de migrants parisien

En six mois, Médecins Sans Frontières a diagnostiqué 164 cas de gale dans le camp de migrants de la porte de la Chapelle, à Paris. Une maladie très infectieuse que les conditions de vie favorisent. 

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Camp de migrants de la porte de la Chapelle à Paris

Le camp de migrants de la Porte de la Chapelle, le 9 juin 2017. 

GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

C'est une vieille maladie qui s'installe à Paris même. Si en France elle semble appartenir à un autre siècle, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 300 millions de personnes sont atteintes de la gale dans le monde. Dans le camp de migrants de la porte de la Chapelle, dans le 18ème arrondissement de Paris, Médecins sans Frontières et plusieurs autres ONG alertent sur des cas de plus en plus fréquents de gale. Dans les murs du centre d’accueil, ce sont 157 cas qui ont été repérés depuis novembre 2016, révèle Franceinfo. A l’extérieur, plusieurs centaines d’hommes, femmes et enfants, campent devant ses portes, en attendant d’y entrer. Mise en place depuis le mois de mars 2017 pour soigner ce campement sauvage, la clinique mobile de MSF a diagnostiqué 164 cas de gale, sur 1.300 consultations effectuées depuis fin décembre. 

Un tiers des consultations

Le phénomène semble gagner en ampleur. "Aujourd’hui, cela correspond à un tiers des consultations", confie à Franceinfo le docteur Mondane Berthault, qui traite les patients dans la clinique mobile. La gale est en effet une maladie très contagieuse que les conditions de promiscuité et d’insalubrité d’un tel regroupement favorise largement. Due à un acarien (le sarcopte, causant démangeaisons et lésions cutanées), la gale se transmet par contact physique direct peau à peau. Aujourd’hui, il s'agit d’une maladie bénigne. Mais son traitement et les mesures de prévention peuvent s'avérer contraignants au quotidien.

"Soigner une gale dans la rue est illusoire", explique le docteur Goudjo, directeur des équipes santé du Samu social de Paris, à Franceinfo. La maladie nécessite d’être suivie sur plusieurs jours, voire semaines. "C’est une population très mobile, pour le suivi médical c’est très compliqué", continue le docteur Berthault. "La seule chose qu’on peut faire, c’est leur donner la double dose de médicaments et leur expliquer de les reprendre à huit jours d’intervalle".

Indicateur Avancé Sanitaire IAS® de la gale, réalisé en juin 2016 en utilisant les données de ventes de médicaments contre la gale transmises par les pharmacies. Un indice gale de 100 indique que le niveau est identique à celui de mai-juin 2009 (période de référence). Un indice de 180 signifie qu’il y a 80% de plus de gale que lors de cette période de référence.

De plus, au traitement médical s’ajoutent des mesures d’hygiène difficiles à mettre en place dans une telle situation. Les vêtements, le linge de lit et de toilette doivent être lavés à 60°C. "L’idéal serait qu’ils puissent laver leurs vêtements, faire bouillir leurs draps… mais dans ces conditions, c’est utopique", observe le docteur Berthault. Il est également possible de laisser les vêtements enfermés dans un sac plastique pendant une semaine, car le sarcopte ne survit pas plus de quelques jours loin de la peau. Idéalement, il faut éviter tout contact physique et relation sexuelle pour éviter la transmission du parasite. Or, le nombre de migrants qui s'installent porte de la Chapelle augmentent de jour en jour. "Depuis un mois, c’est de pire en pire, estime Corinne Torre, citée par Franceinfo. La responsable de la mission France de Médecins sans Frontières continue : "aujourd’hui on est à 500 personnes qui dorment aux alentours de la porte de la Chapelle. [...] Avec l’été, cela va être démultiplié. Je suis assez inquiète par la situation." Les ONG tirent la sonnette d'alarme : dans de telles conditions et avec aussi peu de moyens, la propagation de la maladie semble inévitable. 

En savoir plus : la gale, fiche maladie

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