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Une société française sur la piste d'un vaccin contre la maladie de Lyme

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La société de biotechnologie Valneva a annoncé que l’agence de santé américaine Food and Drug Administration a accordé le statut de "Fast Track" à son candidat vaccin contre la maladie de Lyme, le VLA15. Un premier essai clinique sur une centaine de patients est lancé.

La maladie de Lyme, ou borréliose de Lyme, est une maladie transmise lors d’une piqûre de tique infectée par une bactérie dénommée Borrelia. Si toutes les tiques ne sont pas infectées, une piqûre par celles qui le sont peut provoquer dans les trois à trente jours qui suivent un érythème migrant (plaque rouge et ronde qui s’étend en cercle à partir de la zone de piqûre).

D’autres symptômes moins spécifiques de la maladie tels que fatigue, fièvre, maux de tête, rigidité de la nuque ou myalgie peuvent apparaître. L’évolution est très favorable lorsque la maladie est diagnostiquée et traitée précocement avec des antibiotiques. Mais en cas de traitement tardif ou inadéquat de la maladie, l’infection peut conduire à de sévères complications articulaires, cardiaques ou du système nerveux central, quelques semaines, mois voire années après la piqûre.

Outre les antibiotiques, il n'existe actuellement aucun autre traitement, ni aucun vaccin offrant une protection contre la maladie. Une société française de biotechnologie s'est lancée dans ce défi: la société Valneva SE (Lyon), spécialisée dans les vaccins. Celle-ci vient d'annoncer que la Food and Drug Administration (FDA, "Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux") a accordé le statut "Fast Track" à son candidat vaccin, le "VLA15".

Une protection contre les souches les plus connues

Ce statut a été mis en place avec pour objectif l’arrivée plus rapide de médicaments et vaccins sur le marché. Parallèlement, la société vient d’achever le recrutement de 180 sujets pour une étude de phase I, menée sur trois sites (deux aux Etats-Unis et un en Belgique). Le but étant d’évaluer l’innocuité et la tolérance du candidat vaccin dans différentes doses et formulations.

"Nous aurons les résultats pour la fin du premier trimestre de l'année prochaine puis nous lancerons la phase II. Ensuite, tout dépend de comment la phase III sera construite mais nous visons un lancement officiel pour la fin de l'année 2021.", fait savoir à Santé Magazine le directeur général de Valneva, Franck Grimaud. Les chercheurs vont également commencer à contrôler l’immunogénicité de ce vaccin, mesurée en observant des anticorps spécifiques produits par l'organisme des participants.

Il agit en ciblant la surface externe de la protéine A (OspA) de la Borrelia, l’une des protéines les plus exprimées par la bactérie lorsqu’elle est présente chez une tique. Plus précisément, "ce vaccin vise à protéger contre les cinq souches de Borrelia présentes en Europe et contre la souche principale connue aux Etats-Unis, un pays qui recense 300 000 cas chaque année. Nous travaillons dessus depuis sept ans", indique Franck Grimaud.

L'efficacité sera-t-elle optimale?

En Europe, le nombre de cas annuels est estimé à 85 000, dont un peu plus de 30 000 cas en France, une incidence nationale stable depuis 2009 d'après le Réseau Sentinelles. Mais selon l'association France Lyme, ces statistiques seraient sous-estimées en raison de critères trop restrictifs de validation des cas. "La chronicité de la maladie n’est pas reconnue officiellement en France.", affirme-t-elle, estimant que le pays compte le double de maladies, environ 65 000 nouveaux cas par an.

Une situation qui s'explique selon elle par le fait que les souches de Borrelia sont nombreuses et ne sont pas toutes recherchées en France dans les tiques et chez les malades. De fait, les analyses biologiques actuelles sont peu efficaces car elles détectent trop peu de souches de bactéries. S'ajoute à cela un manque de formation dans ce domaine pour de nombreux praticiens, ce qui conduit à du retard du traitement et des erreurs de diagnostics.

Même si le vaccin cible les sérotypes pathogènes les plus prévalent de Borrelia connus actuellement, aura-t-il la capacité de protéger contre les infections de Borrelia dans tous les pays? "Certes, il est difficile de prédire son efficacité mais nous visons une protection allant de 75% à 80%, répond Franck Grimaud. Par exemple aux Etats-Unis, la souche de Borrelia principalement en cause est la même depuis 20 ans."

Un plan national de lutte contre la maladie de Lyme

Beaucoup d'associations faisant état d'une mauvaise prise en charge en France, ce dernier insiste sur la nécessite d'avancer en parallèle sur la recherche dans ce domaine. En septembre 2016, l'ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine a annoncé le lancement d'un "Plan national de lutte contre la maladie de Lyme et les maladies transmises par les tiques" dans ce but, mené en accord avec les associations de défense des malades.

Son enjeu est de renforcer l’information de la population et des professionnels de santé pour prévenir l’apparition de nouveaux cas d'un côté, et d'améliorer le diagnostic et la prise en charge des malades pour mettre fin à "l’errance médicale" de l'autre. Le Plan mobilise aussi la recherche afin d’améliorer les connaissances sur la maladie de Lyme, notamment avec le programme "OH ! TICKS" visant à mieux connaître l’ensemble des maladies transmises à l’homme par les tiques.

Alexandra Bresson