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Les marques de luxe s'entichent d'un plastique qui se composte

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- - Patrick Kovarik - AFP

Stella McCartney et d'autres influents noms de la mode et du luxe misent sur le plastique TIPA. Un matériau qui ressemble trait pour trait à la version polluante, tout en étant entièrement biodégradable en compost.

Des déchets qui macèrent débarquent dans le rutilant monde du luxe. Le mérite de ce mariage improbable revient à TIPA, jeune pousse israélienne et à son plastique qui se désagrège comme une pelure d'orange, mais en un peu plus de temps (six mois). Un matériau qui séduit des grands noms de la mode soucieux d'écologie, comme Stella McCartney et Gabriela Hearst.

Le matériau les a bluffées. À l'œil nu, aucune différence avec le plastique qui forme un septième continent dans les fonds marins. Même transparence, même bruit quand il se déchire, même toucher lisse, même imperméabilité. Sauf que celui-ci est conçu pour une petite moitié à partir de végétaux et consommable par des bactéries pour se transformer en engrais. Le tout en étant adapté aux lignes de production des emballages conventionnels.

Aujourd'hui, TIPA emballe des barres de céréales, des produits frais avec sa version à fermeture zippée, des magazines, aussi bien en Israël qu'aux États-Unis, en France, au Royaume-Uni et en Allemagne. Mais depuis quelques mois, un autre secteur s'intéresse de près à ces emballages qui enrichissent l'environnement plutôt que de le polluer: le luxe. En tout cas, quelques figures parmi les plus influentes de ce monde.

Par exemple Gabriela Hearst, dont le groupe de médias familial, Hearst Corporation, édite notamment les prestigieux Elle et Harper Bazaar. Avec son mari Austin, l'héritier de l'empire Hearst, elle a investi 11 millions de dollars dans TIPA en octobre. Gabriela Hearst qui, par ailleurs, designe elle-même une ligne pour femmes, et va utiliser ces plastiques pour emballer ses vêtements et accessoires.

Mais surtout Stella McCartney, la designeuse activiste qui a banni peaux, fourrures d'animaux et autres matériaux non-végétariens de ses collections, a noué un contrat avec TIPA. La fille de Sir Paul a utilisé des enveloppes en plastique TIPA pour envoyer les invitations de son défilé printemps-été 2018. Des invitations en forme de rouleau de sacs poubelles super green!

Le partenariat avec cette marque qui à l'habitude de souffler à sa maison-mère Kering des idées pour réduire son empreinte environnementale, "ne fait que commencer", indique la fondatrice de TIPA, Daphna Nissenbaum. Stella McCartney devrait à terme utiliser ce plastique pour toutes sortes d'emballages. Un vaste marché de robes, bottes et autres accessoires vendus dans 900 points de vente autour du monde. Elle pourrait aussi entraîner dans son sillage Gucci, Saint Laurent, Balenciaga et d'autres griffes détenues comme elle par le numéro deux mondial du luxe.

Le soutien de ces marraines huppées pousse TIPA à croire en l'avenir radieux de son plastique dans l'industrie de la mode. "Ces marques leaders mènent le marché vers la prochaine ère des emballages plastiques compostables", affirme ainsi Daphna Nissenbaum. En outre, elles "donnent l'exemple à d'autres marques, plus grand public, dans de nombreux secteurs".

Les emballages plastiques représentent les deux tiers des déchets plastiques dans le monde. Des rebuts qui mettent des centaines d'années à se désagréger, et jamais complètement. Ainsi, le marché des emballages biodégradables est voué à croître de manière exponentielle. Il devrait dépasser les 65 milliards de dollars en 2022 selon Research and Markets.

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- © Daphna Nissenbaum et Stella McCartney au Fashion Lab - TIPA
Nina Godart
https://twitter.com/ninagodart Nina Godart Journaliste BFM Éco