Seine-Saint-Denis : un stage syndical pour enseignants... non ouvert aux Blancs

Un stage proposé par le syndicat Sud-Education 93 « en non-mixité » à destination des enseignants crée une vive polémique.

    Le stage est baptisé « Où en est-on de l'antiracisme à l'école ». Organisé pour des profs, les 18 et 19 décembre à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) par le syndicat de gauche Sud-Education 93, il provoque un tollé sur Internet. En cause, deux ateliers, sur les neuf prévus, dont celui-ci : « Récit d'expérience : quelle vie professionnelle pour les enseignants racisés ? », qui sont proposés avec la mention « en non-mixité ». Sous entendu, non accessible aux Blancs.

    « Inconstitutionnel et inacceptable », a réagi lundi sur Twitter le ministre de l'Education nationale. « Je condamne avec fermeté le projet d'une réunion syndicale triant les membres sur la base de leur origine », poursuit Jean-Michel Blanquer. Marine Le Pen, présidente du Front national, a salué la réaction du ministre dans un tweet, mais réclame « des sanctions exemplaires contre les professeurs fautifs ». « Trier les participants à une réunion en fonction de leur couleur de peau, c'est non » a encore écrit un internaute.

    Certains défendent la position de Sud-Education 93, injoignable lundi, en critiquant la prise de position du ministre. « Vous voulez empêcher des personnels de terrain de se réunir pour lutter contre le racisme ? Vous voulez empêcher la libération de la parole ? » répond sur Twitter Honoré Giovarino, prof d'histoire-géo. Un avis partagé par Jean-Michel Delarbre, de la Ligue des droits de l'homme en Seine-Saint-Denis : « Ces ateliers non mixtes peuvent permettre aux personnes concernées d'avoir une parole plus libérée. »

    Le but du stage, pour les professeurs, est d'analyser « le racisme d'Etat dans la société et en particulier dans l'Education nationale », réfléchir « sur les outils pour déconstruire les préjugés de races » et d'amener les enseignants blancs à s'interroger sur leurs « représentations et postures dominantes ». Un positionnement qui fait bondir Laurent Bouvet, prof de sciences politiques à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. « Cela développe les idées du Collectif contre l'islamophobie en France, qui parle d'islamophobie d'Etat. » Marwan Muhammad, ancien porte-parole du CCIF, est notamment invité à l'une des conférences.