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1905 : la République chasse la religion de l'espace public

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1905 : la République chasse la religion de l'espace public

L'actu expliquée par l'Histoire

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La loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat ne fut que la dernière bataille d'une longue confrontation entre pouvoirs religieux et politique. Retour sur une époque où l'Etat chassait le goupillon à coups de sabre.

En 1879, après des années d'incertitudes, une succession de gouvernements conservateurs et une tentative de restauration monarchique menée par Mac-Mahon, les républicains prennent en main les destinées de la IIIe République. Jules Grévy est élu président de la République et Jules Ferry entre au gouvernement comme ministre de l'Instruction publique. Il s'agit alors de savoir qui de l'Eglise ou de la République régnera sur les esprits et sur leur formation. Les écoles publiques, que chaque commune doit ouvrir et entretenir depuis la monarchie de Juillet et les lois Guizot, sont loin de former un système éducatif cohérent. Elles ne sont ni obligatoires, ni gratuites, et la laïcité de leurs enseignements dépend de la volonté des maires.

Au moins trouve-t-on dans les écoles primaires des instituteurs indépendants de l'Eglise. Il y a bien quelques lycées d'Etat, mais les établissements secondaires se trouvent pour la plupart sous la coupe des congrégations, dont la puissante Compagnie de Jésus. Pour créer un enseignement républicain unifié sur tout le territoire, Jules Ferry doit affronter l'Eglise catholique et ses congrégations. Après avoir exclu les prêtres et les religieux de l'Instruction publique, Jules Ferry entre en guerre ouverte avec les congrégations catholiques.

Les grands ordres monastiques tentent de résister, mais le gouvernement ne cède pas.

Il cosigne avec le président du Conseil, Charles de Freycinet, les deux décrets du 29 mars 1880 : le premier expulse les jésuites du territoire national, le second oblige toutes les autres congrégations à solliciter une autorisation pour exercer leur activité. Les grands ordres monastiques tentent de résister, mais le gouvernement ne cède pas. Il décrète donc l'expulsion des ordres religieux, les bénédictins comme les capucins et les franciscains. Les forces de l'ordre pénètrent dans les couvents et expulsent sans ménagement leurs occupants.

A Paris, le gouvernement a nommé un préfet de police à poigne de fer, en la personne de Louis Andrieux, qui démissionne de son mandat de député du Rhône pour assurer cette tâche. Il se charge d'expulser à coups de sabre les jésuites et les dominicains, mais n'évoque pas cet exploit quand il publie, en 1885, ses Souvenirs d'un préfet de police. Il a pourtant mené rondement toutes les opérations de fermeture de couvents et de collèges catholiques, en se plaçant à la tête de ses policiers montant à l'assaut des couvents. Il est vrai qu'il publie ses souvenirs alors qu'il a repris sa carrière politique et se concentre donc sur des exploits plus consensuels.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne