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France Télévisions : Delphine Ernotte n'échappera pas à une motion de défiance

La présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, fait l'objet d'une motion de défiance par les journalistes. LUDOVIC MARIN/AFP

Malgré la préservation des émissions «Envoyé spécial» et «Complément d'enquête», les journalistes maintiennent la pression contre leur présidente.

Les journalistes de France Télévisions avaient tiré vigoureusement sur la sonnette d'alarme la semaine dernière en brandissant la menace d'une motion de défiance à l'encontre de Delphine Ernotte. Malgré les avancées faites par la direction pour limiter les coupes budgétaires, ils mettront bien leur menace à exécution.

La semaine prochaine, l'ensemble des rédactions du service public sera donc appelé à voter une motion de défiance contre la présidente de France Télévisions. Delphine Ernotte avait échappé au vote d'une première motion en mai dernier, au prix de la démission de Michel Field, patron de l'info de l'époque. Il sera a priori difficile cette fois d'esquiver l'obstacle, tant le mécontentement des équipes est fort.

L'ultimatum posé jeudi dernier par les journalistes avait pourtant produit en partie son effet. La présidente du groupe audiovisuel public a finalement fait marche arrière et rendu un arbitrage budgétaire plus favorable que prévu concernant le pôle information. «Dans un contexte budgétaire contraint, l'entreprise réaffirme que l'information est la première priorité du service public et veillera en 2018 comme au-delà à préserver son offre, son indépendance et sa qualité. C'est dans cet esprit que son budget est construit et préservé», indiquait Yannick Letranchant dans un mail adressé mardi midi aux salariés, que Le Figaros'est procuré.

Budget du pôle info en baisse de 2 %

Le budget du pôle info de France Télévisions (hors France 3 Régions et les outre-mers) doit être rogné de 2 %. Actuellement de 240 millions d'euros, «il baissera de 5 millions en 2018, pour atterrir à 235 millions d'euros», confirme Yannick Letranchant. S'agissant des effectifs, la coupe est moins sévère que prévu. Sur les 1340 ETP (équivalents temps plein) aussi bien des journalistes que des techniciens ou des personnels administratifs, les économies demandées à l'origine s'élevait autour de 66 ETP. «Ces effectifs devront être réduits au global de 30 ETP au cours de l'année en repensant nos modes de fonctionnement et nos méthodes de travail», déclare le directeur de l'info.

Surtout, Delphine Ernotte a mis de l'eau dans son vin en préservant les magazines de la case du jeudi. Dans un premier temps, la direction avait envisagé de diffuser moins de numéros d'«Envoyé spécial» et de «Complément d'enquête», à l'antenne trois jeudis par mois. Cette décision aurait entraîné la suppression de près de 30 ETP. Ce dossier constituait un point de crispation majeur, qui a mobilisé de nombreuses personnalités, bien au-delà de la seule rédaction.

«Envoyé spécial» et «Complément d'enquête» préservés

Invité mardi par l'Association des journalistes médias (AJM), Olivier Schrameck, le président du CSA, a notamment rappelé l'importance d'une information indépendante. «L'investigation est au cœur du service public audiovisuel, c'est une forme de contrôle sur les pouvoirs établis, donc une arme aux mains des citoyens pour vérifier qu'ils ne sont pas sous leur domination», a-t-il déclaré. Finalement, «Envoyé spécial» et «Complément d'enquête» «conserveront leur périodicité et la même programmation, explique Yannick Letranchant. Ils perdront 3 ETP, ce qui équivaut à 5 ou 6 personnes. Cet arbitrage m'a semblé équitable.»

La rédaction ne partage visiblement pas cet avis, même si Yannick Letranchant assure que le pôle info demeure le mieux préservé des coupes budgétaires. L'an prochain, les crédits de France Télévisions vont être amputés par l'État actionnaire de 50 millions d'euros. Tout le monde est donc prié de participer à l'effort de guerre. «Le problème, c'est que les arbitrages budgétaires fonctionnent en vases communicants. Les efforts qui ne sont pas réalisés d'un côté devront être supportés par d'autres», indique un porte-parole du groupe.

France Télévisions : Delphine Ernotte n'échappera pas à une motion de défiance

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66 commentaires
  • ARIK

    le

    A quand la privatisation de 3 ou 4 des 7 chaînes du service public, qui parfois font double emploi, notamment au niveau de l'information ?

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