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Glyphosate, la "bourde" qui va coûter cher à Merkel

Glyphosate, la "bourde" qui va coûter cher à Merkel

Allemagne

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La trahison du ministre de l'Agriculture allemand, qui a voté sans prévenir ses alliés en faveur de la commercialisation de l’herbicide glyphosate, tombe au plus mal pour la chancelière qui se cherche des partenaires de coalition.

« Le dérapage » de Christian Schmidt sur le glyphosate ? « Ça va coûter cher à Merkel » garantissait ce mardi 28 novembre le député social-démocrate Johannes Kahr, porte-parole de l’aile droite du SPD. Lundi dernier, le ministre de l’Agriculture allemand, le conservateur bavarois Christian Schmidt, a en effet voté sans prévenir ses alliés en faveur de la commercialisation de l’herbicide glyphosate. Le produit est fabriqué par l’américain Monsanto, lui-même en cours de fusion avec le chimiste allemand Bayer.

Depuis cette bourde, le tout Berlin politique est en ébullition. Le ministre a tout d’abord trahi ses alliés européens opposés à la vente du glyphosate, la France en premier lieu. Alors que l’abstention allemande était acquise et devait faire gagner le camp du « non », le revirement inattendu de Berlin a fait basculer d’autres pays en faveur du « oui ». Par ailleurs, il a enfreint une règle sacro-sainte de la politique allemande qui veut que quand deux partenaires d’une même coalition sont en désaccord, on s’abstient.

« J’ai pris seul une décision qui était nécessaire, dans l’intérêt du pays et pour ne pas irriter qui que ce soit », a vite précisé Christian Schmidt, sommé de dire s’il avait agi de son propre chef ou sur ordre. Evidemment, quand on sait que la droite allemande, le syndicat paysan et bien sûr le chimiste Bayer, sont favorables au glyphosate, on doute fort de la version du ministre isolé qui choisit de trahir ses accords pour servir son pays.

Merkel n'avait pas besoin de ça

On peut également se demander dans quelle mesure cette action n’a pas aussi été conçue pour gêner la chancelière allemande, en grande difficulté pour former un gouvernement stable. Pour elle, l’affaire arrive en tout cas au pire moment. C’est-à-dire alors même que les conservateurs ne trouvent plus de partenaires pour gouverner, et cherchent désespérément à faire revenir au gouvernement un SPD dont la base est absolument rétive.

En soi, l’affaire n’est pas de nature à faire dérailler des négociations. Cependant, la direction du SPD sait que le seul moyen de convaincre ses militants de retourner au gouvernement est de remplir la hotte de Noël jusqu’à ras bord de mesures et de lois sociales-démocrates. Ce qui va considérablement compliquer les négociations, dont le gros ne devrait pas se dérouler avant le mois de janvier 2018.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne