Une partie de la fortune de Johnny Hallyday logée dans un trust

EXCLUSIF. Laura Smet et David Hallyday ont découvert que les droits artistiques de leur père sont placés dans une structure dont Læticia est bénéficiaire.

Par et

Une guérilla judiciaire a commencé entre d'un côté le camp de Læticia Hallyday, épouse du chanteur décédé, et de l'autre celui de Laura et David Smet.

Une guérilla judiciaire a commencé entre d'un côté le camp de Læticia Hallyday, épouse du chanteur décédé, et de l'autre celui de Laura et David Smet.

© Eric Gaillard / X00102 / REUTERS

Temps de lecture : 5 min

Alors que le testament daté du mois d'avril 2014 qui déshérite David Hallyday et Laura Smet était déjà très contesté, voilà qu'un nouveau document émerge, ce jeudi 15 février, par voie de presse. Contrairement au précédent, écrit à Marnes-la-Coquette où Johnny possédait une villa, ce nouveau testament a été rédigé en langue anglaise et aurait été établi, cette fois-ci, à Los Angeles. Il est daté de juillet 2014, soit trois mois plus tard, et aurait été signé par deux témoins devant notaire. Ce qui en fait, pour l'heure, le testament le plus récent paraphé par l'artiste.

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Les conditions dans lesquelles ces documents ont été écrits interrogent cependant. Jusqu'ici, seul le testament d'avril 2014 avait été porté à la connaissance de David Hallyday et Laura Smet, après la mort de leur père. Selon nos informations, ce document – seize lignes manuscrites et laconiques d'une écriture penchée et resserrée – n'avait pas été enregistré au Fichier central des dispositions de dernières volontés (FCDDV), destiné à empêcher qu'une succession ne puisse être liquidée et partagée au mépris des volontés du défunt et au préjudice de ses bénéficiaires.

Un testatement de 16 lignes

Sur le fond, les deux derniers testaments – celui de Marnes-la-Coquette et celui de Los Angeles – déshéritent entièrement David et Laura. Alors que le premier texte est brutal et lapidaire, Johnny indique, dans sa version « américaine » de juillet 2014, les raisons pour lesquelles il ne leur lègue rien. Le rockeur explique ainsi avoir déjà donné de son vivant plusieurs sommes d'argent à David et Laura, afin de leur permettre, notamment, de s'acheter un appartement.

Mais les sommes que ses deux premiers enfants auraient touchées sont cependant bien loin de celles dont Læticia, la dernière épouse du rockeur, va hériter. Le chanteur a en effet décidé de lui léguer son entière fortune (patrimoine, droits moraux…) en vertu de la loi californienne, dont il se revendique dans ses dernières volontés.

Les droits extrapatrimoniaux dissimulés dans un trust

Pour Laura et David, la situation est insupportable. La presse a révélé la teneur du dernier testament de leur père que Læticia refuse toujours, à ce jour, de leur communiquer. Selon leurs avocats, ils viennent également d'apprendre que les bénéfices liés aux droits artistiques de Johnny Hallyday ont été transmis à un trust, dont Læticia Hallyday est bénéficiaire. C'est en tout cas ce que la veuve leur a affirmé. Un montage financier particulièrement opaque dont ils ignorent tout à ce stade. Une volonté de camoufler l'étendue de la fortune du chanteur ? L'avenir le dira.

Pour le moment, David et Laura ont décidé de saisir en référé le tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre afin de se voir communiquer en urgence le projet d'album posthume. L'audience se tiendra le 15 mars prochain. Les enfants aînés de Johnny tiennent en effet à s'assurer de ce qu'il contient et à vérifier qu'il répond aux exigences de l'artiste. S'agit-il bien des chansons originales de Johnny ? À quoi ressemble la maquette ? Dans quel packaging le disque sera-t-il vendu ? Johnny avait-il émis un quelconque souhait quant à la façon dont cet album devait être achevé, lui qui avait fait écouter avec fierté quelques morceaux à Laura, le 4 octobre dernier.

Bataille autour de l'album posthume

De nombreuses autres questions seront posées à l'occasion de cette audience. Les avocats de David et Laura se demandent ainsi à qui les bénéfices des ventes de l'album reviendront. Ils souhaitent également empêcher – temporairement – Læticia de vendre la maison de Marnes-la-Coquette, avant que le problème de succession ne soit réglé.

Sur le fond du testament, les avocats soulèvent également quelques problèmes de fond. Non seulement Laura et David s'estiment lésés – leurs conseils parlent d'une « discrimination entre enfants » contraire aux décisions de la Cour européenne des droits de l'homme –, mais ils pensent également, selon nos informations, que Jade et Joy, les deux filles que Johnny a adoptées avec Læticia, pourraient être mieux protégées.

Le problème de la « résidence habituelle »

Pour eux, Johnny Hallyday ne pouvait, pour régler sa succession, choisir une autre loi que la loi française. Le rockeur, lui, se revendique de la loi californienne, et estime qu'il détient sa « résidence habituelle » à Los Angeles. Était-ce vraiment le cas ? Selon un règlement européen de 2012, la résidence habituelle d'une personne décédée s'évalue en fonction de « l'ensemble des circonstances de la vie du défunt au cours des années précédant son décès et au moment de son décès, prenant en compte tous les éléments de fait pertinents ».

La durée et la régularité de la présence de Johnny outre-Atlantique et les raisons de sa présence à Los Angeles vont être examinées. Læticia Hallyday va devoir prouver que son mari avait un lien « étroit et stable » avec les États-Unis. Or, la star concentrait l'immense partie de son activité économique et artistique en France. Selon nos informations, 95,44 % de ses revenus liés à la musique (vente de disques, droits d'auteur…) étaient générés en France.

Jade et Joy héritent à travers leur mère

Que représentent les ventes de Johnny aux États-Unis ? Moins de 1 % du total. Un de ses plus mauvais albums, en termes de bénéfices ? Celui qu'il a chanté en anglais. Un de ses meilleurs ? Sang pour sang, composé par David. C'est en France que Johnny avait son public, c'est en France et pas aux États-Unis qu'il a décidé d'être hospitalisé et de finir ses jours et c'est en France qu'il est enterré. David et sa demi-sœur Laura veulent donc croire qu'ils disposent de quelques arguments solides à avancer pour faire valoir leurs droits.

Peut également se poser la question de l'héritage de Joy et Jade. En droit français et s'il n'y avait pas eu de testatement, le conjoint survivant – Læticia en l'espèce – aurait pu obtenir un quart de la succession. Le reste étant réparti à parts égales entre les enfants, à savoir David, Laura, Joy et Jade. Les donations du vivant faites à Laura et David auraient été naturellement retranchées de la somme qui leur revenait. Johnny ayant choisi la loi californienne, c'est Læticia qui a hérité de l'intégralité de sa fortune, et pas ses deux filles adoptives. Ces dernières n'héritent donc qu'indirectement.


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Commentaires (71)

  • Francois28

    Les médias se passionnent pour cet épisode de Dallas, qui concerne la vie privée d'une famille.
    Et oublient que toute sa vie, Johnny et sa famille ont tout fait pour éviter le fisc Français.

  • Simon Lanterni

    Pour ou contre Laeticia ? Pour ou contre Laura et David ? Et quand ces deux derniers se déchireront aussi, qui choisira-t-on ? Voilà qui est fondamental dans nos vies. Les tables à magazines des salons de coiffure tremblent. Voilà le signe de notre époque. Ne nous parlez plus de l'affaire Dreyfus, une histoire de nains de jardin à côté de celle-là. Et dans quelques jours, le sujet d'Histoire à l'écrit de SciencesPo Paris sera-t-il : "De Gaulle et la Russie" ou plutôt "Johnny, chantre de la culture française, et son influence sur la culture sous la Vème République ? ". On voit tout de suite où est le véritable sujet.

  • guy bernard

    A l’époque, qui était aussi celle des "Deschiens", il y avait un lien : le "3615 code Qui-n'y-va" et tout le monde en abusait.
    on allait même jusqu'à couronner un produit français (PanEuroLife, distribué par l'UAP de Peyrelevade, logé au Luxembourg, comme le meilleur placement ( !).
    depuis, il n'y a plus de Minitel...