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Tariq Ramadan était menacé de plainte depuis 2010

Une femme de nationalité suisse a été entendue comme témoin dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte contre Tariq Ramadan. Dès 2010, l'hypothèse d'’une plainte visant Tariq Ramadan avait été évoquée.

Stéphane Joahny , Mis à jour le
Tariq Ramadan est mis en examen pour viols.
Tariq Ramadan est mis en examen pour viols. © Reuters

De nouveaux nuages s’accumulent sur la tête de Tariq Ramadan. Une avocate américaine a annoncé dans un message en anglais sur les réseaux sociaux qu'elle avait déposé une plainte dans son pays contre le théologien musulman, sans donner toutefois plus de précisions. Sollicitée par le JDD, elle n'a pas donné suite. Selon nos informations, c'est de l'instruction ouverte en France par une double mise en examen pour viol du théologien que sont venus les éléments les plus troublants. Il y a d'abord cette lettre, datée du 12 novembre 2009. Elle est adressée, en recommandé, à Iman, l'épouse de Ramadan, par une femme suisse qui se présente comme "une des maîtresses de Tariq". Celle-ci précise d'abord qu'"ayant reçu des menaces", elle ne peut révéler son identité.

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Dans ce bref courrier qui figure au dossier, cette femme invoque son "devoir" de dire "la vérité que vous connaissez certainement" et avoue que "cela fait plusieurs années" qu'elle entretient "une relation intime" avec son mari. Avant d'ajouter "et je sais qu'il y a beaucoup d'autres femmes dans le même cas." Selon son récit, Tariq Ramadan l'"a courtisée" en lui disant "qu'il n'y avait plus rien entre vous, que vous alliez vous séparer…" "Je regrette cette prise de contact", poursuit-elle, mais "tout ceci doit cesser, il fait trop de mal autour de lui". Cette femme, de nationalité suisse, a été entendue comme témoin dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte contre le théologien.

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Lire aussi : Affaire Ramadan : le JDD a retrouvé le magistrat qui avait rencontré "Christelle" en 2009

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"Tariq Ramadan fait trop de mal autour de lui", écrivait en 2009 son ancienne amante

Dans ce bref courrier qui figure au dossier, cette femme invoque son "devoir" de dire "la vérité que vous connaissez certainement" et avoue que " cela fait plusieurs années" qu’elle entretient " une relation intime" avec son mari. Avant d’ajouter "et je sais qu’il y a beaucoup d’autres femmes dans le même cas." Selon son récit, Tariq Ramadan l’"a courtisée" en lui disant "qu’il n’y avait plus rien entre vous, que vous alliez vous séparer…" "Je regrette cette prise de contact ", poursuit-elle, mais "tout ceci doit cesser, il fait trop de mal autour de lui". Cette femme, de nationalité suisse, a été entendue comme témoin dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte contre le théologien.

Si l’on en croit les messages (mail, SMS, échanges via BlackBerry Messenger) qui ont suivi cette lettre courant 2010, la question d’une plainte visant Tariq Ramadan est déjà clairement évoquée. Le 21 octobre 2010, ce dernier répond à son auteure : "... Au tribunal, ils te poseront une seule question. Vous a-t-il maltraitée? Et là tu seras confondue sans soutien ni moyen de défense…" Ou encore le 6 novembre : "Tu parles encore une fois de moi, tu continues à médire et salir sur le Net ou dans tes milieux et c’est la foudre juridique qui s’abat sur toi. Dernier avertissement. Disparais et tais-toi."

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Soumission totale de ses conquêtes exigée

Une autre série de messages semble jeter une ombre sur la personnalité de Ramadan "Je vais te troncher toi"… "Je vais te défoncer"… Menaces physiques ou promesses d'ordre sexuel? Datés du 26 janvier 2017, ces mails ont pour destinataire une jeune femme qui dit avoir entretenu une liaison avec lui pendant six ans. En raison de "pressions" exercées jusqu'à cet automne, elle a obtenu le droit de témoigner sous X. Dans les éléments matériels (mails, etc.) qu'elle a fournis à la justice, pas de preuve explicite de viol mais la confirmation que le prédicateur exige une soumission totale de ses conquêtes. Avec lui (message du 7 août 2015), il faut "répondre à toutes mes demandes de disponibilité, de photos, de choses insolites à faire…" ou encore (le 7 août) : "Quand je dis fais, tu fais et tu auras le meilleur de moi…"

Depuis le début de cette affaire, Ramadan a contesté toutes les accusations portées contre lui et a refusé de s'exprimer sur sa vie privée et sexuelle. En coulisses, ses avocats, Mes Yassine Bouzrou et Julie Granier, qui ont déposé plainte pour subornation de témoin, agitent la thèse de la collusion entre les deux plaignantes à Paris, et l'essayiste Caroline Fourest, opposante de longue date du Suisse. Une expertise téléphonique révèle que, si les deux jeunes femmes n'ont jamais communiqué directement, leurs téléphones respectifs sont entrés en contact avec celui de la compagne de Caroline Fourest 116 fois pour l'une et 156 pour l'autre, entre le 6 mai et le 6 novembre 2017. "Énième rideau de fumée qui évite de parler du fond !", rétorque Me Éric Morain, l'avocat d'une des plaignantes. "Ma cliente n'a jamais caché qu'elle est en contact avec Caroline Fourest depuis 2009. Mme Fourest mène son combat contre Tariq Ramadan. Ma cliente poursuit son combat judiciaire de son côté."

Le soutien de son épouse

L'état de santé de Tariq Ramadan est, par ailleurs, devenu l'un des enjeux du dossier. Il souffre d'une sclérose en plaques, et a été transféré vendredi dans un hôpital de la région parisienne. Incarcéré depuis le début du mois, l'islamologue s'est vu refuser jeudi une remise en liberté par la cour d'appel de Paris. Le médecin qui l'avait examiné en prison avait pourtant conclu, selon un certificat manuscrit que le JDD a pu lire, que "son état de santé actuel est incompatible avec la détention". Une nouvelle expertise a été demandée. La cour d'appel statuera le jeudi 22 février. En attendant, le théologien a reçu le soutien public de son épouse, Iman, mère de ses quatre enfants. "Je crois fondamentalement à son innocence" – et exprimer son souhait de le voir "libre jusqu'à son procès", a-t-elle déclaré dans un message vidéo. "Pour moi, c'est une évidence d'être là. C'est un honneur de l'accompagner", insiste dans une vidéo Iman Ramadan, qui se plaint de ne pas avoir été autorisée à lui rendre visite. Elle évoque un homme "fondamentalement droit, dévoué, honnête, juste, qui se préoccupe des autres…"

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