Marie Bochet : «Cela me rend fière qu’on parle de moi comme de Martin Fourcade»

Avec ses quatre médailles d’or en ski lors des Jeux paralympiques qui se sont achevés ce dimanche, les Français ont découvert une championne d’exception. Interview.

 En remportant le slalom, Marie Bochet a décroché une quatrième médaille d’or lors des Jeux paralympiques de Pyeongchang.
En remportant le slalom, Marie Bochet a décroché une quatrième médaille d’or lors des Jeux paralympiques de Pyeongchang. REUTERS/PAUL HANNA

    Drôle, intelligente et performante… Marie Bochet, héroïne tricolore de ces Jeux Paralympiques, a décidément tout pour elle. De retour en France ce mardi, elle rêve de partager ce qu'elle a vécu avec tous les Français. Et montrer ses quatre médailles d'or (descente, super-G, slalom géant et slalom) obtenues en Corée, elle qui avait déjà remporté quatre fois le titre suprême il y a quatre ans à Sotchi.

    Entre une 4e médaille d'or et la cérémonie de clôture, vous avez vécu une dernière journée très riche en émotions…

    MARIE BOCHET. Tout a été si riche… Cela fait 4 ans que je me prépare, 4 ans que je parle de la Corée et en quelques minutes, tout se termine. Il y a à la fois de l'euphorie avec cette 4e médaille d'or et de la nostalgie car c'est fini. On a vraiment vécu une quinzaine de folies. On est arrivés avec une toute petite équipe en disant : vous verrez, on vous surprendra. Et ces 20 médailles pour la France montrent que le nombre ne fait pas la qualité. On est tous tellement fiers.

    Vous avez été très présente sur Twitter. On a l'impression que vous vous êtes aussi amusée durant cette quinzaine ?

    J'ai eu une saison particulière, je suis arrivée en Corée construite et sereine. Ces Jeux, j'avais décidé de les vivre pleinement.

    On vous a même vue en photos avec du fromage…

    Du Beaufort (elle rit) ! C'est ma famille qui m'a apporté quelques morceaux, ça a été mon petit réconfort. Le Beaufortain, c'est ma petite vallée, mon petit cocon… Avoir un petit bout de ce territoire, de ce patrimoine avec moi en Corée, c'était très important. Et croyez-moi, le Beaufort n'a jamais été aussi bon qu'à Pyeongchang !

    Les Français ont suivi vos aventures. Sentez-vous que le regard sur le handisport est en train d'évoluer ?

    On peut parler de coup de cœur. Au-delà des médailles, ces histoires de vie font que les gens s'attachent à nous. Désormais, ce qui attire aussi ce sont les performances sportives. J'ai horreur des comparaisons, mais cela me rend fière qu'on parle de moi comme de Martin Fourcade, qu'on évoque mon record, que, finalement, une médaille d'or paralympique ait la même valeur qu'un titre olympique. C'est une belle avancée, on est sur la bonne voie en France.

    Les Jeux paralympiques à Paris en 2024 peuvent-ils servir de booster ?

    Oui d'autant qu'il y a une vraie volonté du comité d'organisation de mettre les Jeux paralympiques à la hauteur des Jeux olympiques. C'est important qu'à cette occasion, on mette les sportifs en lumière. Les Français auront la possibilité de voir les athlètes paralympiques en vrai, ce sera encore mieux qu'à la télévision !

    Marie Bochet souffre d’une agénésie de l’avant-bras gauche. REUTERS/PAUL HANNA
    Marie Bochet souffre d’une agénésie de l’avant-bras gauche. REUTERS/PAUL HANNA REUTERS/PAUL HANNA

    Avez-vous envie de vous impliquer dans l'organisation ?

    J'étais un peu impliquée dans la phase de candidature, je me suis ensuite concentrée sur mes Jeux mais oui, il est possible que j'occupe un rôle au Cojo. Quand on participe aux Jeux paralympiques, on a envie, lorsque ceux-ci se déroulent à la maison, de pouvoir décider de certaines choses pour aider à construire un vrai beau projet.

    Peut-on rêver que les Jeux olympiques et paralympiques ne fassent qu'un, et qu'un jour, ils soient organisés en même temps ? Je ne sais pas si on doit rêver de ça. Si on les associait aux Jeux olympiques, les paralympiques bénéficieraient sans doute de moins de visibilité. Aux JO, certaines disciplines passent à la trappe. Les mentalités ne sont pas suffisamment ouvertes pour que le handisport prenne le pas sur le sport valide. C'est bien que chacun ait sa quinzaine. Ce qu'il faut, c'est qu'on soit capables de mettre les mêmes moyens pour que chacun soit mis en lumière de la même façon.

    Sur le plan personnel, à quoi rêvez-vous désormais ?

    Lors de ces Jeux, je suis passée d'une course à l'autre sans trop me rendre compte de ce que je vivais, alors je veux profiter. J'ai aussi envie que chacun prenne ce bout de médaille qui lui revient. J'ai eu un soutien extraordinaire, il y a des tellement de petits morceaux de personnes dans mes récompenses !

    Vous n'avez que 24 ans, serez-vous à Pékin en 2022 ? J'ai du mal à me projeter. Ça ne veut pas dire que je n'y serai pas mais j'ai envie de me poser, de réfléchir. Je vais déjà savourer mes médailles…