Anne Hidalgo alerte sur les dangers sanitaires de la pollution
La maire de Paris a organisé le 5 avril une matinée dédiée à la lutte contre la pollution dans la capitale. Plusieurs études présentées montrent des liens avérés entre des maladies respiratoires ou cardiovasculaires et une mauvaise qualité de l’air.
Anne Hildago voit une immense tache rouge posée sur la ville de Paris et les communes aux alentours. "Cette tâche, c’est celle de la pollution de l’air qui touche la capitale et les villes aux alentours", explique la maire de Paris, qui appelle à réagir au plus vite pour résoudre la situation. "L’heure est grave. Nous devons agir maintenant, de façon efficace et méthodique. Nous savons désormais que la pollution tue et nous connaissons les substances qui en sont responsables."
Pics de pollution et pics d’AVC
Plusieurs études ont permis de venir à ces conclusions. "Il y a 20 ans, on découvrait que la pollution de l’air aggrave l’asthme pendant les pics. Aujourd’hui, nous savons que c’est même un facteur d’apparition de maladies. Il existe des liens avérés sur le développement respiratoire des enfants, le cancer du poumon. Ainsi que des liens possibles avec la prématurité des enfants, l’apparition du diabète de type 2 et la démence", explique Alain le Tertre, responsable de l'unité évaluation des risques et impacts sanitaires liés aux milieux chez Santé publique France.
"En 2050, nous pensons que 50% de la population aura des allergies respiratoires." Bruno Housset #StopPollution pic.twitter.com/zYFPa58WB5
— Paris (@Paris) 5 avril 2018
Jean-Marc Treluyer, médecin à l’APHP et chef du pôle de recherche clinique en santé publique à l’hôpital Necker a présenté les résultats d’une étude regroupant les passages aux urgences et les données d’Airparif, une association de surveillance de la qualité de l’air en Ile-de-France. "En plus des effets pulmonaires, nous avons aussi constaté une prématurité des allergies, une diminution de la capacité respiratoire et des infections pulmonaires plus fréquentes. Chez l’adulte, ce sont les pathologies cardio-vasculaires qui sont accrues. Par exemple, pendant le pic de fin 2016, nous avons connu un pic d’AVC aux urgences." Si bien que d'ici à 2050, 50% de la population pourrait être sujette à des allergies respiratoires selon Bruno Housset, le président de la Fondation du souffle.
Surtout dans les transports
D’autres études ont également été menées sur les taux de pollution auxquels sont exposés les enfants. Isabelle Momas, professeure à la faculté de médecine de Paris Descartes, évoque les résultats du projet Cohorte Paris "Etude des environnements intérieur et extérieur des enfants". Elle cible une cohorte de plusieurs enfants qui a ont été suivis pendant de nombreuses années, de la naissance à l’adolescence, et surveillés à tous les âges de la vie juqu'à 15 ans. "Les enfants ont été équipés de sac-à-dos munis de capteurs. Nous avons étudié leur exposition dans plusieurs lieux, en prenant en compte le trafic routier mais aussi la topographie, la hauteur des immeubles."
Des travaux qui ont abouti à deux conclusions majeures. D’abord, en sept ans, l’exposition aux substances polluantes a diminué, "ce qui est imputable aux politiques publiques menées à ce moment-là", selon la spécialiste. Ajouté à cela, deux substances nocives ont été identifiées. Le carbone suie et les particules ultrafines (PUF). Dans les deux cas, c’est dans les transports que les enfants y ont été le plus exposés, devant l’école et la maison.
Contre la #Pollution, nous agissons car nous savons.#StopPollution #Paris https://t.co/hWUkTWML8W
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 5 avril 2018
Anne Hidalgo en a profité pour rappeler les mesures votées à l’unanimité au Conseil de Paris. "D’ici à 2024, Paris aura progressivement interdit les voitures diesel et d’ici à 2030, ce sera de même pour les véhicules thermiques." Elle veut aussi limiter l’entrée des voitures dans la ville et promouvoir le vélo, citant ses deux villes modèles, "Tokyo pour le diesel et Copenhague pour le vélo." La maire de Paris prévient que les résultats ne se verront pas au bout de six mois, mais à plus long terme. D’ici là, beaucoup d’autres études risquent d’être menées pour évaluer l’influence de la qualité de l’air sur notre santé.