« Un jour en classe, le prof d’histoire nous a dit que les filles étaient très mignonnes sur les photos de classe, mais que celles qui étaient en pantalon ou en salopette étaient moins mignonnes parce qu’on ne voyait rien. Il disait que c’était mieux de venir en robe ou en jupe et qu’elles soient courtes. » raconte Patricia, étudiante, à France Inter.

Plus de 50 rassemblements

Ce 14 novembre, le mot d’ordre était féministe : « Le machisme en dehors des salles de classe ». Dans plusieurs grandes villes d’Espagne, des milliers de jeunes femmes, lycéennes ou étudiantes se sont rendues dans la rue pour protester contre le sexisme dans l’enseignement, répondant à l’appel du Syndicat des étudiants.  

La secrétaire générale du Syndicat, Ana García appelle à la suppression des « pratiques répressives concernant les tenues vestimentaires, qui ne s’appliquent qu’aux filles » et exige l'expulsion des enseignants qui encouragent ou participent aux violences à l'égard des femmes.

Education sexuelle non sexiste

Toutefois, leur revendication principale porte sur la mise en place de cours d’éducation sexuelle égalitaires dans le primaire, secondaire et dans l’enseignement supérieur, s’adressant à tous les élèves dans leur diversité et donc n’étant ni machistes ni homophobes.

« Non seulement l’enseignement actuel est mauvais, mais en plus il est à peu près inexistant. Il n’y a qu’une heure d’éducation sexuelle pendant toute l’année, ce n’est pas assez. Comme on est adolescents, c’est un sujet tabou. On demande que l’on puisse parler davantage du sujet. » explique Elena, 16 ans, toujours au micro de France Inter.

Ana García dénonce le poids de la religion dans le domaine éducatif, comme le rapporte le quotidien La Vanguardia : « Nous critiquons les ressources dont dispose l'Eglise catholique pour propager des idées homophobes et sexistes, alors qu'elles devraient être consacrées à un sujet d'éducation sexuelle. »

Vidéo du jour

Révolution féministe ?

Ce mouvement rappelle la grève générale de leurs aînées à l’occasion du 8 mars, journée internationale des droits des femmes. L’ampleur inattendue de cet évènement, qui avait mobilisé plus de 5 millions d’espagnoles à travers le pays indique un réel éveil des consciences à propos des inégalités de genre.

Le monde hispanophone vit une vraie émulation féministe ces derniers mois. Les manifestations d’hier font également écho au mouvement estudiantin chilien au printemps dernier : de nombreuses universités ont été bloquées à l’initiative d’étudiantes qui dénonçaient le harcèlement sexuel et le sexisme dans l’enseignement supérieur.