L'exposition aux PCB et composés perfluorés était plus élevée en France que dans d'autres pays.

L'exposition aux PCB et composés perfluorés est plus élevée en France que dans d'autres pays.

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Pour la première fois, des chercheurs ont pu mesurer à l'échelle européenne l'exposition des enfants, et de leur mère pendant leur grossesse, aux produits chimiques présents dans notre environnement. Et les résultats de cette étude menée sur 2 600 participants répartis dans six pays (France, Espagne, Royaume-Uni, Grèce, Norvège et Lituanie) ont de quoi inquiéter : sur les 45 contaminants environnementaux recherchés, deux tiers ont été retrouvés chez 90% des participants.

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Parmi les polluants analysés, des métaux lourds (plomb, mercure), des phénols (bisphénol A, triclosan...), des phtalates, des composés perfluorés (PFOS et PFOA, utilisés pour imperméabiliser les tissus ou sur les poêles antiadhésives), des retardateurs de flamme ou encore des pesticides organophosphorés. Autant de produits ayant des effets sanitaires avérés ou suspectés, auxquels la population peut être exposée à travers l'alimentation, l'air, la poussière domestique ou encore les cosmétiques et autres produits d'entretien.

Effet cocktail

"Il n'y avait jamais eu jusqu'ici de données collectées pour un tel nombre de substances, de façon standardisée dans autant de pays, à la fois chez la mère et son enfant. Les études passées étaient soit polluant par polluant, soit uniquement chez la femme enceinte et pas l'enfant, soit sur des effectifs bien plus faibles", souligne Rémy Slama, directeur de recherche à l'Inserm et coordinateur de la partie française de ce travail publié dans la revue Environment International. L'intérêt d'une étude aussi large : obtenir une meilleure caractérisation des expositions, qui soit davantage un reflet de la réalité, afin de mieux connaître, à terme, l'impact relatif de chacune des substances, mais aussi de leur combinaison - le fameux "effet cocktail".

Les mères ont subi des prélèvements pendant qu'elles étaient enceintes, puis leurs enfants quand ils ont eu entre six et douze ans. Les polluants détectés se trouvaient toutefois le plus souvent en quantités assez faibles, sauf pour le mercure et les composes perfluorés. "Pour ces molécules, les niveaux atteints dans une majorité d'échantillons dépassent les seuils au-delà desquels une réduction de l'exposition est recommandée par les autorités sanitaires", notent les auteurs de l'étude. Le mercure est un neurotoxique avéré, et les composés perfluorés peuvent agir comme des perturbateurs endocriniens. De façon générale, les quantités de produits chimiques retrouvées étaient plus importantes chez les femmes enceintes que chez leurs enfants. "Mais ce n'est pas forcément très rassurant, car on sait que la période foetale est particulièrement sensible", relève Rémy Slama.

Moins de bisphénol A

Autre enseignement, le niveau d'exposition aux différentes substances était très variable selon les pays. En France, les analyses sur 200 femmes enceintes et leurs 200 enfants résidant dans la région de Poitiers ont surtout montré une contamination des adultes aux PCB (longtemps utilisés comme isolants dans les transformateurs électriques) plus élevée qu'à l'étranger, ainsi qu'aux PFOA. Bonne nouvelle en revanche, les petits Français ont paru moins contaminés par le bisphénol A que les enfants des autres pays. Sans doute un effet de l'entrée en vigueur à cette période de l'interdiction de cette molécule des contenants alimentaires.

Quel est l'impact réel de l'exposition à ces polluants sur le devenir des enfants? Pour le savoir, les chercheurs ont également collecté des données sur leur santé. Notamment sur leur croissance, leur poids et leur santé respiratoire, avec une mesure de leurs capacités pulmonaires. Leur neuro-développement a aussi été analysé, grâce à des scores de comportement destinés à détecter une éventuelle hyperactivité, par exemple. "Ces informations vont être croisées avec les expositions chimiques, de façon à mieux évaluer l'impact respectif des différents polluants", précise Rémy Slama. Les premières réponses sont attendues l'année prochaine.

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