La coalition antijihadistes dirigée par les Etats-Unis a de nouveau démenti dimanche avoir tué des civils dans des frappes contre le groupe Etat islamique (EI) dans l'est de la Syrie et a accusé le régime syrien d'avoir bombardé le secteur. Plus de sept ans après le début de la guerre en Syrie, les vastes territoires qui étaient contrôlés par l'EI se sont réduits, sous le coup de plusieurs offensives, à une petite poche dans la province de Deir ez-Zor, à la frontière irakienne.
Dans ce secteur, les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes soutenue par la coalition, tentent désormais de déloger les derniers jihadistes de la rive orientale du fleuve Euphrate, tandis que les forces du régime, soutenues militairement par l'allié russe, sont stationnées sur la rive occidentale.
Samedi, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a affirmé que 43 personnes, dont 36 membres des familles des combattants de l'EI, avaient été tuées par des raids aériens contres le village d'Abou el-Hosn, dans la province de Deir ez-Zor, en les imputant à la coalition.
L'OSDH, qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, détermine les auteurs des raids à partir du type d'avion utilisé, du lieu de la frappe, des plans de vol et des munitions utilisées. Mais le porte-parole de la coalition, qui a confirmé des frappes dans le secteur d'Abou el-Hosn, a nié samedi qu'elles aient visé des civils.
Sur son site, la coalition a le même jour fait état de 19 raids contre des zones "libres de toute présence civile" entre vendredi et samedi après-midi dans cette zone mais "dix frappes supplémentaires" ont été "détectées" dans "la même région" et "ne provenaient pas de la coalition ou des forces partenaires".
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"De l'autre côté"
Dimanche, l'émissaire américain Brett McGurk a lui aussi nié que la coalition avait causé la mort de civils. Il a affirmé sur Twitter que des forces "de l'autre côté du fleuve" avaient bombardé le secteur, en référence apparemment aux troupes du régime. "Toutes les autres forces devraient immédiatement cesser les bombardements non coordonnés depuis l'autre côté du fleuve".
Les forces gouvernementales mènent sporadiquement des bombardements à l'artillerie contre l'ultime poche de l'EI tandis que les échanges de tirs sont quasi-quotidiens entre les deux camps, d'après l'OSDH. Selon l'ONG, des tirs entre prorégime et jihadistes ont effectivement été échangés samedi dans le secteur, mais l'artillerie du régime "n'a pas visé Abou el-Hosn".
La coalition internationale dit avoir tué "involontairement" plus de 1.110 civils en Irak et en Syrie depuis le début de ses opérations antijihadistes dans ces deux pays en 2014.
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"Progression"
Sur un autre front, le régime de Bachar el-Assad a repris samedi à l'EI sa dernière poche dans le sud de la Syrie, à Tloul al-Safa, située entre les provinces de Damas et de Soueida, au terme de plusieurs semaines de bombardements intensifs.
Les forces gouvernementales "contrôlent désormais la région après le retrait des combattants de l'EI vers l'est, dans la Badiya (désert)", a indiqué l'OSDH. Ce nouveau revers pour l'EI intervient moins de dix jours après la libération par l'armée syrienne de 17 otages druzes enlevés en juillet par le groupe jihadiste dans la province de Soueida.
L'organisation ultra-radicale est désormais acculée dans l'est syrien, en sus d'une présence dans le désert.
Selon les analystes, "l'EI n'a pas de grandes chances de rester dans la poche de Hajine", la place forte des jihadistes dans l'est syrien, estime Julien Théron de l'Institut d'études politiques de Paris. L'alliance entre la coalition et les FDS "a déjà fait preuve d'une grande efficacité ces dernières années".
Déclenché en 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 360.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.
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commentaires (3)
Comment peuvent-ils être aussi catégorique en niant sans avoir les moyens de vérifier !
Shou fi
08 h 02, le 19 novembre 2018