La déforestation en Amazonie, considérée comme le poumon de planète, avance à une vitesse folle. L'Agence spatiale brésilienne a comparé le mois de juin 2018 à celui de 2019 et a constaté que la déforestation avait augmenté de 88 % dans le pays de Jair Bolsonaro. Un recul qui constitue une menace pour la biodiversité et les peuples autochtones au moment où l'Union européenne vient de signer un accord de libre échange avec le Mercosur. 

Est-ce déjà l’effet Jair Bolsonaro ? Selon les données de l’agence spatiale brésilienne la déforestation dans la partie brésilienne de la forêt amazonienne a augmenté de 88 % en juin 2019 par rapport à juin 2018. 920 km² de forêts tropicales ont été détruites. Et le mois de juin est un indicateur d’une tendance plus profonde. Le National Institute for Space Research (INPE) du Brésil note ainsi "une hausse de 15,1 %" de déforestation entre août 2018 et juin 2019 par rapport à période août 2017-juin 2018. Au cours des 11 derniers mois, 4 565 km² ont disparu, une superficie équivalente à celle des Hautes-Pyrénées, note l’Agence Reuters.
Le Président Jair Bolsonaro, investi en janvier 2019, a été élu avec le soutien des lobbys de l’agrobusiness. Il ne s’est jamais caché sur sa volonté de faire de l’Amazonie, un eldorado pour les investisseurs agricoles et miniers. "L’Amazonie est un caillou dans les bottes de cuir de Jair Bolsonaro", écrivait dans une tribune au Monde, en mai, l’archéologue Stéphen Rostain, "Le nouveau président brésilien a clairement affiché ses tendances de "démocrature", associées à des dérives climatosceptiques et une intraitable volonté de faire fructifier l’Amazonie, considérée comme inutile".
Une menace pour la biodiversité et les peuples autochtones 
Le Brésil abrite 60 % de la forêt amazonienne, considérée comme le poumon de la planète. Sa déforestation a bien sûr un effet sur la biodiversité, l’Amazonie étant un réservoir exceptionnel accueillant 40 000 espèces végétales, près de 1 300 espèces d’oiseaux ou encore 3 000 espèces de poissons. Mais c’est également le lieu de vie des peuples autochtones, de plus en plus menacés par la politique de déforestation. "Depuis l’élection de Jair Bolsonaro nous vivons les prémices d’une apocalypse", écrivaient 13 représentants de peuples autochtones le 10 avril dernier dans une tribune.
Ces données sur la hausse de la déforestation interviennent au moment de la signature d’un traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, dont le Brésil fait partie. L’UE a concédé l’arrivée sur le territoire de 99 000 tonnes de bœuf par an à un taux douanier préférentiel de 7,5 %. Or, selon une étude de Greenpeace, l’élevage bovin est responsable de 80 % de la déforestation amazonienne. 
Marina Fabre, @fabre_marina

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