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Cinq fautes de français qui peuvent ruiner un mail professionnel

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«Selon que» ou «selon si»? «Incessamment sous peu», «d’ici trente minutes»... Les erreurs et maladresses peuvent être la cause de remarques désagréables. Florilège des pièges à éviter.

Cela ne se joue parfois à pas grand-chose. Une petite erreur d’orthographe, une légère maladresse... Si votre employeur est particulièrement sensible aux fautes de français, il se peut que vous souffriez d’une ou deux remarques déplaisantes. Ainsi que le faisait remarquer Aurore Ponsonnet, dans une interview donnée au Figaro , «on ne fait pas confiance à un employé qui fait des fautes d’orthographe». Florilège de ces pièges à éviter lors de la rédaction d’un mail professionnel.

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«Écoutes!», «regardes!»

Ah, l’impératif! Nous aimons l’employer. Grâce à lui, nous raisonnons, nous ordonnons, nous conseillons... Mais savons-nous toujours l’écrire? La faute est courante: «Regardes comme le projet est beau!» ou «écoutes ce que mon collègue raconte.»

Quelle est la règle? Ainsi que nous pouvons le lire sur le site du «Projet Voltaire», «d’une manière générale les verbes du premier groupe (-er) ne prennent pas de s à la deuxième personne du singulier de l’impératif présent». Ainsi, il faudrait écrire «Regarde comme le projet est beau!» ou «écoute ce que mon collègue raconte.» A noter, cependant, que «lorsque ces impératifs ont comme complément les pronoms en et y, on leur adjoint un s euphonique», précise l’Académie française dans son ouvrage Dire, ne pas dire: du bon usage de la langue (Philippe Rey). Exemple: «manges-en», «restes-y».

«Incessamment sous peu»

La formule est banale... et maladroite. «Je vous réponds incessamment sous peu», voit-on parfois. Voilà un joli pléonasme insoupçonné. En effet, la locution adverbiale «sous peu» signifie «bientôt, dans un temps très rapproché», indique l’Académie française. L’adverbe «incessamment», lui, veut dire «d’une manière incessante, sans interruption» mais, plus largement, «sans délai, au plus tôt, très prochainement, toutes affaires cessantes». Employer «incessamment» suivi de «sous peu» est quelque peu redondant...

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«Après que», «selon que»

Nous avons tendance à penser que derrière la locution «après que», vient le subjonctif. Exemple: «Nous sommes partis après qu’il soit venu nous présenter ce projet». Or, ainsi que le rappelle Julien Soulié dans son petit livre Trucs et astuces pour écrire sans fautes (First), «après que», contrairement à «avant que», indique que l’action a déjà eu lieu. «À ce titre, elle se construit très logiquement avec le mode indicatif (et plus particulièrement avec les temps composés)». Ainsi faut-il écrire: «Nous sommes partis après qu’il est venu nous présenter ce projet».

«Selon si vous travaillez ou non, vos résultats ne seront pas les mêmes.» Cet exemple, donné par l’Académie française, comporte une erreur. En effet, il faudrait écrire: «Selon que vous travaillez ou non, vos résultats ne seront pas les mêmes.» Revenons un instant sur ce petit mot qu’est «selon». D’abord, rappelons qu’il peut avoir plusieurs natures. Il peut être préposition: «Selon elle, ce n’est pas de sa faute»; «selon votre collègue, cette solution est incorrecte». Mais aussi, adverbe «dans des tours comme c’est selon». Enfin, il est surtout employé «pour former la locution conjonctive selon que qui signifie dans la mesure où, si». Ainsi, il importe de ne pas remplacer le «si» par un «que». En effet, «selon que» est un synonyme de la conjonction de condition «si».

«Interpeller», «s’ensuivre»...

Il y a certains verbes dont nous dénaturons le sens. C’est le cas d’«interpeller». Ainsi que le rappelle Julien Soulié, ce mot signifie «appeler en s’adressant vivement, apostropher». Exemple donné par l’auteur: «Les députés se sont interpellés et invectivés durant toute la séance». Pourtant, il n’est pas surprenant de lire dans un mail professionnel: «Ce sujet m’interpelle». Ici, le verbe est utilisé au sens de «susciter l’intérêt». Un tel emploi est à proscrire.

Qu’en est-il du verbe «s’ensuivre»? Nous avons tout simplement tendance à le découper, à «séparer le préfixe du radical, aux temps composés». Exemple: «Je l’ai rappelé à l’ordre. Il s’en est suivi une dispute générale». Or, explique Julien Soulié, conjugué aux temps composés, le verbe pronominal impersonnel «doit rester intact et surtout ne pas se voir démembrer». Ainsi: «Je l’ai rappelé à l’ordre. Il s’est ensuivi une dispute générale».

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De même, on évitera les barbarismes tels que «prioriser» ou «prioritiser» (préférons la formule «accorder la priorité à»; «établir des priorités»); «confusionner» (employons le terme «confus»); «forwarder» («transférer» en français). Pour peu que votre employeur soit sensible à l’usage abusif d’anglicismes...

D’ici trente minutes

«Je vous rejoins d’ici trente minutes». L’erreur est discrète, il est vrai. Il faut être un poil tatillon pour vous en faire le reproche. Sachez cependant que la formule exacte serait «Je vous rejoins d’ici à trente minutes». En effet, la préposition «à» est «nécessaire à la correction de cette tournure», prévient Julien Soulié.

Bonus

Une fois cette règle connue, nous la voyons la faute partout. Elle saute aux yeux. En effet, l’on peut entendre: «C’est de cela dont je veux parler». Or, le pronom relatif «dont» a déjà le sens de «de qui, de quoi, duquel». Inutile donc «de l’annoncer par un de superflu!» s’exclame l’auteur de Trucs et astuces pour écrire sans fautes. Écrivez (et dites) donc: «C’est de cela que je veux parler» ou «c’est cela dont je veux parler».

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20 commentaires
  • Dante

    le

    Ruiner un mail ? Je ne comprends pas, quelle est cette langue ?

  • Ara qui rit

    le

    2 toutte fasson, mon shef il è movè en aurtograf. cé moa ki lui korrige cè fote.

  • Florestan68

    le

    Est-ce qu'on dit "ruiner un mail " ? Voilà une audace qui peut nuire au crédit d'un article de presse.