MÉDIAS - C’est un fait suffisamment rare pour qu’il mérite qu’on en parle. Pour la première fois depuis sa création en 1999, l’édition mexicaine du plus célèbre des magazines de mode -Vogue- a choisi une femme transgenre indigène pour figurer en couverture de son numéro de décembre.
Comme annoncé sur le compte Twitter du mensuel ce lundi 18 novembre, cette femme s’appelle Estrella Vazquez. À 37 ans, elle pose devant l’appareil de Tim Walker dans l’une des tenues traditionnelles de l’État d’Oaxaca, au Mexique, une couronne de fleurs dans les cheveux, un éventail rose dans la main.
“Il était une fois un pays plein de magie, de lianes d’or et d’iguanes, dans lequel la brise chaude murmure encore ses légendes à l’oreille des passants. Depuis des temps immémoriaux, l’histoire du troisième genre fascine. Elle est arrivée jusqu’à la couverture de Vogue Mexique.”
Au programme de ce numéro, un dossier sur les “muxe”. Le terme, qui provient de “mujer” [“femme”, en espagnol], désigne les femmes assignées dans un corps d’homme à la naissance et qui adoptent les vêtements et comportements associés au genre féminin propre à la culture indigène Zapoteca.
“Tous les gens qui ont vu cette couverture me félicitent”, confie Estrella Vasquez au Guardian. Cette dernière, qui n’avait encore jamais entendu parler de Vogue il y a quelques mois, a été conviée par le magazine à se faire prendre en photo en août dernier. “C’est difficile de faire le tri dans toutes ces émotions. Ça me donne presque envie de pleurer”, témoigne la trentenaire.
Les muxes, une communauté méconnue
Comme le souligne le quotidien britannique, la communauté des “muxe” est méconnue dans le monde. Au Mexique, où ce troisième genre est reconnu, il n’est pas rare de les voir défiler lors d’événements culturels ou pendant la marche des fiertés. Cependant, peu de statistiques existent. “On estime qu’elles se comptent par centaines ou milliers”, note le journal.
Malgré leur acceptation, les muxes sont encore victimes de discriminations. Plus progressiste que certaines des autres éditions du magazine de mode dans le monde, le Vogue mexicain fait ici un geste fort contre l’homophobie et la transphobie qu’elles subissent.
Ce n’est toutefois pas son premier tour de force. Au mois de décembre 2018, elle avait déjà fait parler d’elle grâce à sa couverture mettant en scène l’actrice Yalitza Aparicio. Là aussi, c’était une grande première. Jamais une femme Amérindienne n’avait fait la Une du titre dans le pays.
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