Norvège : ce que l'on sait sur les 33 personnes décédées après avoir été vaccinées

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Norvège : ce que l'on sait sur les 33 personnes décédées après avoir été vaccinées

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En Norvège, Svein Andersen, 67 ans, est le premier à avoir reçu le vaccin Pfizer-Biontech contre le coronavirus, le 27 décembre 2020.
En Norvège, Svein Andersen, 67 ans, est le premier à avoir reçu le vaccin Pfizer-Biontech contre le coronavirus, le 27 décembre 2020.
© AFP - NTB / Fredrik Hagen

Depuis le début de la campagne vaccinale, 33 décès ont été recensés chez des personnes vaccinées en Norvège. Mais le vaccin n'est pas directement mis en cause : à chaque fois, il s'agit de sujets très âgés, fragiles, présentant un ou plusieurs facteurs de comorbidités. Huit questions sur ces décès examinés de près.

Ils sont scrutés de près dans le monde entier : les éventuels effets secondaires du vaccin. Alors que la planète s'est lancée, depuis fin décembre 2020, dans une course à la vaccination, un chiffre inquiète. En Norvège, où presque tous les résidents des maisons de retraite ont reçu la première dose du sérum Pfizer-BioNTech (seul vaccin disponible jusqu'alors dans le pays), 33 cas de décès post-vaccination ont été recensés à la mi-janvier, comme l'a confirmé l'Agence norvégienne du médicament à France Inter mercredi soir. 

Un chiffre qui incite désormais à la prudence : s'il n'est pas possible d'établir un lien direct avec le vaccin, l'Institut norvégien de santé publique recommande désormais une évaluation médicale avant d'administrer la seconde injection

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33 décès post-vaccins enregistrés au 17 janvier

"Au 17 janvier, un total de 33 rapports faisant état d’effets indésirables suspects avec une issue mortelle ont été enregistrés", nous a écrit l'Agence norvégienne du médicament mercredi. "Des suspicions d'effets indésirables ont été signalés et les rapports décrivent les événements qui se sont produits après vaccination", précise l'Agence. Mais cela "ne signifie pas nécessairement qu'il y a un lien causal entre les vaccins et ces faits", rappelle-t-elle.

Jusqu'à lundi, la presse française, comme anglo-saxonne, avait évoqué 23 cas de décès suspects, se basant sur les derniers communiqués de presse des autorités de santé norvégiennes. Ces dernières donnaient en outre, dans un document datant du 14 janvier, les détails des effets indésirables constatés depuis le début de la campagne de vaccination dans le pays. 

Que sait-on de ces décès en Norvège ?

Parmi les 33 rapports suspects, 13 ont donc d'ores et déjà été examinés de près par les autorités. À chaque fois, il s'agissait de personnes très âgées, de plus de 80 ans au moins. Elles résidaient en maison de retraite, étaient fragiles et présentaient une ou plusieurs pathologies, "des maladies graves", a souligné Camilla Stoltenberg, directrice de l'Institut de santé publique, lors d'une conférence de presse lundi. Par ailleurs, aucune information de localisation de ces décès n'est disponible : impossible de savoir s'ils ont eu lieu dans la même ville ou la même région par exemple. 

À ce stade, et même si les informations rapportées sont étudiées de très près, l'Agence norvégienne du médicament ne peut pas établir avec certitude que les effets non désirables du vaccin aient provoqué la mort, mais ne peut pas non plus exclure cette hypothèse

Combien de personnes ont été vaccinées en Norvège ? 

En Norvège, environ 40.000 personnes résident en maison de retraite. Au 19 janvier, 50.477 premières doses du vaccin Pfizer-BioNTech ont été administrées, d'après l'Institut de santé publique : cela représente à peine 1% de la population totale du pays (environ 5,4 millions de norvégiens). Quant aux 33 décès, ils représentent 0,06% de la population vaccinée avec une première dose. 23 sont intervenus dans les six jours suivant la vaccination.

Comment les autorités sanitaires norvégiennes ont-elles réagi ?

Après le signalement de ces décès, la Norvège a précisé qu'elle recommandait désormais une évaluation médicale avant l'administration du vaccin (ou de la seconde dose) à une personne très fragile ou en fin de vie, comme c'est déjà le cas dans d'autres pays. 

"On s'attend à ce que des décès surviennent à un moment proche du moment de la vaccination", souligne l'Agence du médicament, considérant l'état de santé de certaines des personnes jusque-là vaccinées. En Norvège, 400 personnes en moyenne meurent chaque semaine dans des maisons de retraite et des établissements de soins de longue durée, ajoute l'institution.

Que sait-on des effets du vaccin sur les personnes très âgées ?

"Nous ne pouvons pas exclure que les effets indésirables courants, tels que la fièvre et les nausées, puissent contribuer à une évolution plus grave et fatale chez certains patients fragiles, déjà atteints de maladies sévères", a rappelé Sigurd Hortemo, médecin en chef de l'Agence norvégienne des médicaments, précisant que les essais sur le vaccin Pfizer-BioNTech n'avaient pas inclus de patients souffrant d'une maladie instable ou aiguë et ne comptaient que peu de personnes de plus de 85 ans.

"Ce n'est pas impossible qu'une partie de ceux à qui on propose la vaccination soient si fragiles (...) que ça ne vaille pas la peine de les vacciner car ils peuvent potentiellement voir leur état se dégrader à cause des effets secondaires normaux", a confirmé lundi la directrice de l'Institut de santé publique. 

Qu'en dit Pfizer-BioNTech ?

Pfizer et BioNTech ont indiqué lundi à l'AFP "travailler avec l'Agence norvégienne du médicament pour réunir toutes les informations pertinentes", en rappelant que la campagne de vaccination norvégienne a commencé par les personnes âgées vivant dans des établissements médicalisés. "La plupart d'entre eux sont très âgés avec des maladies et certains sont en phase terminale", a souligné Pfizer.

Tous les dossiers sont "soigneusement analysés", précise l'Agence norvégienne du médicament, en particuliers ceux "survenus dans les premiers jours suivant la vaccination"

Qu'en est-il dans les autres pays européens ?

En Europe, au moins 71 décès (dont cinq en France) ont été enregistrés à la suite d'une vaccination contre la Covid-19, d'après une information communiquée par le Ministère français de la Santé. Ce chiffre comptabilise également les décès norvégiens. Contacté, le ministère n'a pour l'heure pas donné plus de détails sur cette comptabilité. Également sollicitée, l'Agence européenne du médicament n'a pas encore donnée suite. 

En Allemagne, au moins 7 cas de décès ont été observés après vaccination, chez des personnes âgées de 79 à 93 ans, d'après les derniers chiffres disponibles de l'institut Paul Ehrlich, agence fédérale du médicament, en date du 14 janvier. À chaque fois, le décès est survenu de quelques heures à 4 jours après la première injection. 

Mais il n'y a pas d'augmentation significative par rapport aux décès d'ordinaire attendus dans la population vaccinée. Il semble s'agir de morts survenues à cause de pathologies déjà présentes et non à cause de l'inoculation du vaccin. Dans le pays, 1.254.760 personnes ont reçu la première dose. 

Au-delà de l'Europe, il faut souligner que plus de 50 millions de doses ont été administrées à travers la planète sans provoquer un nombre important de décès. 

Et en France ?

Depuis le début de la campagne de vaccination, cinq personnes sont mortes en France après avoir reçu le sérum Pfizer-BioNTech, d'après les informations communiquées par le ministère de la Santé et confirmées par le bulletin sur la surveillance des vaccins anti-Covid édité par l'Agence nationale de sécurité des médicaments. Trois de ces décès ont été enregistrés par le centre régional de pharmacovigilance de Nancy, un par celui de Tours, et le dernier par celui de Montpellier. 

"Il s’agissait de personnes âgées résidant en Ehpad ou en résidence vieillesse qui présentaient toutes des maladies chroniques et des traitements lourds. Au regard des éléments dont nous disposons à ce jour, rien ne permet de conclure que les décès rapportés sont liés à la vaccination", indique l'agence. 

Ces personnes "ont pu décéder dans les jours qui ont suivi la vaccination, sans pour autant présenter des signes de réactions allergiques après la vaccination", a précisé le ministre de la Santé Olivier Véran, en déplacement à Nancy mardi. "On s'adresse là à des personnes qui, par définition, sont très fragiles, en perte d'autonomie, souvent avec beaucoup de maladies, beaucoup de médicaments et dont les causes du décès peuvent être totalement indépendantes", a ajouté le ministre.

Au total, 139 remontées d'effets indésirables graves ou inattendus ont été recensés en France depuis le début de la campagne de vaccination par les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV), chargés de surveiller et signaler les effets indésirables des médicaments et des produits de santé. "Chaque décès déclaré chez un patient vacciné est analysé par le CRPV", précise l'ANSM.

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