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Politique

SONDAGE. Présidentielle 2022 : Macron et Le Pen largement en tête, Bertrand en embuscade, la gauche lâchée

A un an du premier tour, Emmanuel Macron et Marine Le Pen arrivent en tête dans tous les scénarios selon notre sondage Ifop-Fiducial pour le JDD et Sud Radio. À droite, Xavier Bertrand distance ses concurrents. À gauche, ni Yannick Jadot ni Anne Hidalgo ne percent.

David Revault d’Allonnes , Mis à jour le
Emmanuel Macron et Marine Le Pen lors d'une rencontre à l'Elysée en février 2019.
Emmanuel Macron et Marine Le Pen lors d'une rencontre à l'Elysée en février 2019. © Reuters

C'est presque devenu un poncif du débat politique : les Français ne souhaiteraient pas la réédition du duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2022. À un an du premier tour, l'enquête Ifop-Fiducial réalisée pour le JDD et Sud Radio* révèle exactement le contraire : le champ de bataille demeure outrageusement dominé par les deux finalistes de 2017. Certes, l'offre électorale est loin d'être figée (à la même date il y a cinq ans, Macron n'était pas encore candidat) et les scénarios demeurent nombreux. Mais les dix hypothèses que nous avons testées, parfois en y faisant figurer des personnalités jamais évaluées à ce stade (Laurent Wauquiez, Arnaud ­Montebourg, Éric Piolle) débouchent tous sur un match retour entre le chef de l'État et la présidente du Rassemblement national (RN).

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Ce qui était déjà le cas en octobre, à l'occasion de la précédente édition de notre enquête. C'est pourquoi les autres scénarios de second tour que nous avons testés ne sont pas publiés ici : à lire les résultats des premiers tours, aucune autre configuration que le duel Macron-Le Pen n'apparaît – pour l'instant – plausible.

Macron : stabilité mais motifs d'inquiétude

Dans notre enquête d'octobre, Macron arrivait en tête dans la majorité des configurations de premier tour ; ce n'est plus le cas aujourd'hui. Même si l'écart reste serré, Le Pen ravit la pole position dans six scénarios sur dix, contre un seul pour le chef de l'État, qui se situe entre 23 et 28% (ils font jeu égal dans trois hypothèses). "C'est le reflet d'une certaine dynamique de Le Pen autant que de relatives difficultés de Macron dans ce contexte exceptionnel de la crise sanitaire", décrypte Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop.

Lire aussi - Éric Piolle, maire EELV de Grenoble : "Il ne faut pas faire de hold-up sur l’union de la gauche"

De fait, le socle du macronisme s'effrite quelque peu, et des catégories qui semblaient jusqu'ici acquises se montrent moins convaincues. En six mois, le Président voit son potentiel électoral s'éroder de 4 points chez les salariés du secteur privé et de 12 points chez les cadres et professions libérales. Encore plus inquiétant : il en perd 10 chez ceux qui ont voté pour lui en 2017 (de 72% à 62%). S'il tient le choc pour se qualifier pour le second tour, Macron doit prendre garde à préserver son capital politique.

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Le Pen : en dynamique au premier tour

Jamais l'électorat de la présidente du RN, évalué entre 25% et 27%, n'a été si éloigné de celui du fondateur d'En marche. "Le match Macron-Le Pen est aussi un duel sociodémographique, diagnostique Dabi. Il y a deux France qui se superposent sans aucune zone de frottement." Contrairement au passé, où l'on trouvait toujours des cadres supérieurs pour voter à gauche ou des ouvriers à droite.

Alors que les catégories d'âge les plus acquises à Macron restent les 18-24 ans (27%) et les plus de 65 ans (3 %), celles qui votent le plus Le Pen sont les 25-34 ans (35%) et les 50-65 ans (33%). "C'est dans ces générations charnières que Marine Le Pen atteint ses scores les plus élevés : celle de l'insertion, touchée de plein fouet par la crise et en recherche de stage ou de travail, mais aussi celle d'avant la retraite, qui se fait licencier, qui épargne le moins chaque mois et qui est confrontée à la dépendance des proches", note Dabi.

Plus classiquement, Le Pen demeure en position de force chez les employés (42%) et ouvriers (45%) ainsi que dans la population faiblement diplômée (36% chez les titulaires d'un CAP ou d'un BEP, 34% chez les bacheliers). Tout le contraire de Macron. À noter : la candidate d'extrême droite, comme aux élections européennes de 2019, semble en passe de remporter la bataille du salariat (elle en recueille 30%, soit 9 points d'avance sur le chef de l'État), et même celle du secteur public (29%, soit 6 points d'avance). Mais si sa dynamique semble forte, elle s'arrête aux portes de l'Élysée : avec 46% des suffrages, elle perdrait le second tour contre Macron (54%). Ce qui interdit toujours à la candidate d'extrême droite, malgré ses bons scores, de revendiquer le statut de favorite.

La droite enlisée, Bertrand se détache

Si le scrutin avait lieu aujourd'hui, la droite subirait son deuxième "21 avril" d'affilée : aucun de ses représentants ne se qualifierait pour la finale. Ni Xavier Bertrand (16%), ni Valérie Pécresse (11%), encore moins Laurent Wauquiez (7%) ou Bruno Retailleau (6%). Le président de la Région Hauts-de-France a pourtant des raisons d'espérer : après sa déclaration de candidature à la présidentielle, il rebondit de 2 points par rapport au précédent sondage Ifop (pour Marianne, en mars) et creuse l'écart à droite, alors que la partie, à l'automne, semblait beaucoup plus serrée.

Si sa stratégie visant à ratisser à gauche ne fonctionne pas (4% des sympathisants seulement voteraient pour lui), pas plus que ses appels du pied à l'électorat populaire (10%), qui reste à conquérir, il attire 53% des électeurs de François Fillon en 2017 et 17% de ceux de Macron. Et obtient un bon résultat chez les personnes âgées (27%), loin devant ses concurrents de droite. Pas encore au second tour, donc, mais en passe de réussir son pari tactique : tuer dans l'œuf, en se déclarant si tôt, la primaire de la droite.

A gauche, le grand désert

Même constat pour la gauche : à ce stade, elle ne qualifierait personne pour le second tour. Son meilleur prétendant actuel, Jean-Luc Mélenchon, même dans la plus favorable des configurations, n'obtient que 13,5% (il a atteint 19,58% en 2017), et vogue plutôt entre 10 et 11%. "L'espace politique et le potentiel électoral de la gauche n'ont jamais été aussi faibles sous la Ve République : entre 26 et 28%", note Dabi.

Quant aux autres représentants de ce camp, aucun d'eux ne perce. Anne Hidalgo, qui avance ­pourtant vers une candidature depuis l'automne, stagne à 7%. Yannick Jadot, en dépit de son récent appel au ­rassemblement, plafonne à 6%. L'ex-socialiste Arnaud ­Montebourg, qui a manifesté des velléités de retour, ne dépasse pas les 5%. Enfin, le maire de Grenoble, Éric Piolle, candidat préféré des écologistes, atterrit au niveau du score d'Eva Joly en 2012 (2%)… Nulle dynamique, donc. Plus cruel encore : en cas d'union du PS, du PCF et d'EELV, le champion de la gauche, qu'il s'agisse d'Hidalgo ou de Jadot, rassemblerait à peine 9 à 10% des suffrages.

Second tour : Macron toujours devant

Vainqueur au second tour à 54 % : c'est un point de plus pour le chef de l'état que dans le dernier sondage Ifop (pour Marianne) en mars. En plein débat sur la volonté des électeurs de gauche de faire barrage au RN, 51 % des sympathisants Insoumis et 84 % de ceux du PS voteraient Macron. Il récupérerait 59 % de ceux qui avaient voté Mélenchon en 2017 et 88 % de ceux qui avaient opté pour Hamon. Le Pen serait certes battue avec 46 %, mais Frédéric Dabi le rappelle : "Jamais, à un an du vote, un candidat frontiste n'a obtenu un tel score."

Bertrand perce

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Avec 16% des intentions de vote, le président de la Région Hauts-de-France, sans décoller de façon spectaculaire, peut revendiquer le statut de meilleur prétendant à droite. Chantre d'une droite sociale, Xavier Bertrand ne séduit pas encore les catégories populaires (12%). Il triomphe en revanche chez les sympathisants de droite (59%) et des Républicains (73%).

Pécresse stagne

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Coincée entre le soutien des Républicains (LR) et une potentielle future alliance avec les macronistes dans sa campagne régionale, la présidente de la Région Île-de-France stagne à 11%. Valérie Pécresse ne dépasse les 20% que chez les Français ayant les plus hauts revenus (23%), et dans sa Région (9% en province). 53 % des LR se disent toutefois prêts à voter pour elle.

Wauquiez à la peine

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Laurent Wauquiez, qui effectue un timide retour sur la scène nationale avec sa campagne régionale en Auvergne-Rhône-Alpes, est nettement distancé par ses homologues, n’attirant que 7% des Français. Il n’est pas majoritaire chez les sympathisants LR (46%), et même très à la peine dans les catégories traditionnelles du vote de droite : seulement 12 % des plus de 65 ans.

Retailleau très loin

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Les 6% de Français prêts à voter pour le président des sénateurs LR ressemblent à ceux que séduit Wauquiez : Bruno Retailleau réalise des scores similaires à ceux de l'Auvergnat dans la plupart des catégories de population. Il est pourtant moins performant dans l'électorat LR (36%), qu'il rêve de convaincre à la faveur d'une primaire.

Montebourg en panne

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Face à Mélenchon, Jadot et un candidat du PCF, Arnaud Montebourg atteindrait 5% des suffrages. L’ex-ministre du Redressement productif de François Hollande ne rassemble que 27% des sympathisants socialistes, et 26% des électeurs de Hamon en 2017. Ses prises de position souverainistes, plus éloignées de son ancien parti, ne séduisent pas à droite : seuls 2 % des sympathisants.

Piolle inexistant

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S’il était le champion d’EELV, confronté à un candidat du PCF, à Mélenchon et à Hidalgo, Éric Piolle, maire de Grenoble, atteindrait 2% des suffrages. Soit l’étiage d’Eva Joly à la présidentielle de 2012. Candidat préféré de son parti, sur une ligne plus à gauche que celle de Jadot, il ne séduit pourtant que 14% des sympathisants ELLV. Et seulement 1% des électeurs de Benoît Hamon de 2017. 

La gauche unie sert Bertrand

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C’est la mauvaise nouvelle pour la gauche : même rassemblée, elle ne fait pas mieux… Candidate commune du PS, du PCF et d’EELV, Anne Hidalgo recueille 10% des suffrages. C’est Xavier Bertrand qui en profite, qui atteindrait là son meilleur résultat (20%) de toutes les hypothèses de premier tour.

Hidalgo ne décolle pas

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Toujours pas de progression pour la maire de Paris, même soutenue par le PS, le PCF et EELV : elle ne dépasse pas les 10%. Et même face à sa rivale francilienne Valérie Pécresse… cette dernière n’en profite guère, qui demeure mesurée à 12 %. C’est en revanche Macron qui attire, dans ce cas, 23% des sympathisants socialistes, et parvient à faire jeu égal avec Le Pen avec 27% d’intentions de vote.

Mélenchon devant Jadot

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Jadot candidat commun du PS, du PCF et d’EELV, et Xavier Bertrand champion de la droite : cette configuration n’arrange pas les affaires du premier, qui ne parvient toujours pas à atteindre un score à deux chiffres (9  %). Elle favorise en revanche le second, qui se hisse à 19%, en attirant notamment dans ce cas 16% des sympathisants socialistes. Et, à gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui touche là son plus haut résultat : 13,5%.

Jadot encalminé

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Le député européen, malgré ses efforts pour faire dialoguer ensemble toutes les composantes de la gauche, ne passe pas le mur du son, et plafonne à 6 %. Celui qui refuse la primaire de son parti rassemble tout de même 53 % des sympathisants écologistes, et un tiers (32 %) des électeurs de Hamon en 2017.

Sondage Ifop-Fiducial pour le JDD et Sud Radio, réalisé par questionnaire autoadministré en ligne du 2 au 8 avril 2021, auprès d’un échantillon de 1.730 personnes inscrites sur les listes électorales, extrait d’un échantillon de 2.003 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La marge d’erreur des résultats d’ensemble s’établit, selon le score visé, entre plus ou moins 1,0 et 2,2 points.

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