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ANALYSE

Un an après l'assaut du Capitole, Donald Trump veut venger "sa victoire volée"

Un an après l'assaut du Capitole, Donald Trump persiste à dénoncer des allégations de fraude lors de l'élection présidentielle de 2020. Un thème devenu fédérateur auprès de sa base électorale alors que l'ancien président semble d'ores et déjà poser ses pions pour s'assurer un retour à la Maison Blanche en 2024.

Donald Trump s'exprime lors de la Conférence pour l'action politique des conservateurs, à Dallas, au Texas, le 11 juillet 2021.
Donald Trump s'exprime lors de la Conférence pour l'action politique des conservateurs, à Dallas, au Texas, le 11 juillet 2021. © Andy Jacobsohn, AFP
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Il y a un an jour pour jour, le 6 janvier 2021, au moment où les élus américains se réunissaient pour certifier la victoire de Joe Biden à l'élection présidentielle, des centaines de partisans de Donald Trump entraient de force dans le Capitole, faisant cinq morts. Immédiatement, les critiques ont fusé de toute part, y compris dans les rangs du président sortant, jugé responsable de cette attaque sans précédent contre l'un des symboles de la démocratie. 

Quelques jours plus tard, le 20 janvier, au moment de céder officiellement sa place à la Maison Blanche à Joe Biden et de se retirer en Floride, dans une quasi indifférence, la carrière politique de Donald Trump semblait prendre fin. Pourtant, un an plus tard, le millionnaire exubérant fait toujours bel et bien parler de lui. Depuis sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, il semble même préparer à distance l'élection présidentielle de 2024, et avant cela les élections de mi-mandat prévues en novembre 2022. 

"Trump est déjà candidat"

"La réalité, c'est que Trump est déjà candidat pour 2024", analyse auprès de France 24 Nicole Bacharan, politologue spécialiste des États-Unis et auteure de l'ouvrage "Les Grands jours qui ont changé l'Amérique" (éditions Perrin). "Évidemment, il peut se passer bien des choses d'ici là, mais l'ancien président est bien déterminé à se présenter et à être élu."

Malgré la débâcle de janvier dernier, le milliardaire n'est pas resté longtemps tapi dans l'ombre. "Il est particulièrement actif depuis l'été 2021 dans la sphère publique", détaille Tamara Boussac, historienne spécialiste des États-Unis, contactée par France 24. "Il multiplie les meetings – ces grands rendez-vous qu'il adore et dans lesquels il excelle – et cela marche très bien. Sa  base électorale est toujours vive et répond présente."

À chacune de ces rencontres, devant une foule arborant des casquettes rouges et parfois des t-shirts "Trump 2024", il égrène les mêmes sujets. Il fustige systématiquement "la mauvaise administration Biden", notamment sa gestion de la crise du Covid-19 et de la question migratoire. Mais surtout, il ne cesse d'alimenter sa théorie du "Stop the Steal" ("Fin au vol"), la thèse selon laquelle sa victoire à l'élection présidentielle de 2020 lui a été volée par le parti démocrate. "Nous avons gagné l'élection deux fois, et il est possible que nous devions la regagner une troisième fois", aime-t-il ainsi répéter à ses supporters. 

"Stop the Steal", un thème fédérateur

"Ces allégations sont devenues l'un des éléments phares de la rhétorique politique de Donald Trump et un thème fédérateur avec ses partisans", analyse Tamara Boussac. "Ce discours lui permet aussi de minimiser les événements du 6 janvier et de les reléguer au second plan ; la véritable faute n'est pas d'avoir attaqué le Capitole, mais que les démocrates soient coupables de fraude électorale."

Ainsi, mardi, en annonçant l'annulation de sa conférence de presse organisée à l'occasion de l'anniversaire de l'assaut du Capitole, il a ainsi de nouveau fustigé "la fraude"  de la dernière élection, dénonçant "le crime du siècle". 

"Plus que n'importe quelle ambition politique, c'est son seul but : prendre sa revanche sur Joe Biden", assure Nicole Bacharan. "Il veut être réélu avant tout pour faire reconnaître que cette victoire était la sienne".

Et chez les électeurs du Grand Old Party (GOP), l'adhésion à cette thèse d'une élection volée est sans appel. Selon une étude de l'université d'Amherst, dans le Massachusetts, publiée le 28 décembre, 70 % d'entre eux pensent que Joe Biden n'a pas été élu légitimement à la Maison Blanche. 

Les mid-terms de 2022, un "référendum" pour Trump

En coulisses aussi, Donald Trump s'active. "Quand il n'est pas en meeting, il multiplie les rencontres chez lui, en Floride, avec les membres du Parti républicain pour adouber ceux qui le soutiennent", explique Tamara Boussac. 

Car fort de sa base électorale solide, même privé de son compte Twitter, l'ancien président est toujours très influent au sein du parti. À l'horizon des élections de mi-mandat de novembre 2022, les candidats de chaque État se bousculent pour recevoir son soutien.

"Malgré tout, sa position s'étiole. Dans les rangs du parti, certains voudraient passer à autre chose et laisser Trump au passé", estime Nicole Bacharan. Parmi eux, par exemple, le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, qui a notamment exhorté Donald Trump à rester en dehors du scrutin "pour parler du futur, et plus du passé."

"Ces mid-terms prennent ainsi l'allure d'un référendum de soutien à l'ancien président avec d'un côté le poulain adoubé et de l'autre des candidats plus modérés", ajoute-t-elle. "En cela, les élections de mi-mandat seront déterminantes pour évaluer le niveau de soutien dont bénéficiera Donald Trump en vue de la présidentielle", abonde Tamara Broussac.

L'intégrité des élections en question

En parallèle, Donald Trump s'affaire à un autre chantier. Depuis plus d'un an, le GOP s'affaire à transformer profondément l'appareil électoral au niveau local. L'objectif affiché : "Sécuriser le processus électoral".

"Il y a eu des propositions de loi dans 41 États", détaille Nicole Bacharan. Il est proposé tantôt de restreindre l'accès au vote par correspondance, ou encore de limiter le nombre de bureaux de vote, notamment dans certains fiefs démocrates où vivent souvent les minorités ethniques.

"Les républicains essaient aussi de prendre le contrôle des résultats du vote", dénonce la spécialiste. "Jusqu'alors, les résultats étaient vérifiés par un membre des deux partis qui promettait de rester impartial. Mais de nombreuses procédures ont été engagées pour réserver ce rôle à un seul représentant républicain." Selon la spécialiste, ces mesures pourraient ainsi faire tomber certains garde-fous qui avaient empêché de contester la victoire de Joe Biden en 2020. 

Une question reste aussi en suspens : les ambitions politiques de Donald Trump peuvent-elles être contrariées en raison de l'enquête sur l'assaut du Capitole ? "Il y a peu de chance", tranche Nicole Bacharan. Et d'ironiser : "Quand on a de l'argent et de bons avocats, la capacité à faire obstruction à la justice est vertigineuse."

"De toute façon, la commission d'enquête n'a pas la capacité de le poursuivre pénalement. Elle s'occupe d'auditionner des témoins, d'éplucher des documents et les réseaux sociaux, mais elle ne pourra rendre qu'un avis", rappelle la spécialiste des États-Unis. "Le ministère de la Justice ne sera pas du tout obligé de suivre cette recommandation."

"Il ne faut par ailleurs pas se leurrer. Si les républicains l'emportent aux élections de mi-mandat et gagnent la majorité au Congrès, il y a de fortes chances pour que l'enquête soit réduite à peau de chagrin", estime-t-elle. 

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