Publicité
En chiffres

Le cinéma coûte-t-il vraiment de plus en plus cher ?

Victimes d'une large baisse de fréquentation depuis le début de la pandémie, les salles obscures sont régulièrement pointées du doigt pour leurs tarifs jugés excessifs. Le cinéma serait-il devenu un loisir inabordable ? Explications en chiffres et en infographies.

0701967133971_web_tete.jpg
(Getty Images/EyeEm)

Par Tom Février

Publié le 7 juil. 2022 à 10:17Mis à jour le 7 juil. 2022 à 12:17

Les cinémas français reprennent des couleurs. Après avoir subi de plein fouet la crise sanitaire, avec près de sept mois de fermeture en 2020 et 2021, la fréquentation a retrouvé un niveau presque normal le mois dernier. Les salles obscures ont ainsi attiré 10,86 millions de spectateurs au mois de juin (en baisse de seulement 13 % par rapport à juin 2019), grâce aux cartons « Top Gun : Maverick » et « Jurassic World : Le Monde d'après » . La Fête du cinéma, qui vient de s'achever, a également attiré plus de 837.000 spectateurs dès dimanche dernier (un chiffre supérieur à la fréquentation en 2017 et en 2018).

Véritable retour du public ou bien simple phase ? Car depuis le début de l'année, et malgré la levée du passe sanitaire, la fréquentation des salles est en baisse de plus de 30 % par rapport à la période pré-pandémique. Pour certains, la raison du désintérêt du public serait tout autre : les tarifs des cinémas seraient bien trop élevés. Pour s'en convaincre, il suffit de consulter les sites de réservations des principales chaînes de multiplexes : chez Pathé-Gaumont ou UGC, le tarif plein atteint bien souvent les 14 voire 15 euros. Avec les suppléments 3D, IMAX, Dolby ou 4DX, les prix peuvent même parfois dépasser les 20 euros — face aux abonnements attractifs de Netflix ou Disney+, le choix est souvent vite fait.

6 places sur 10 vendues moins de 7 €

Mais qu'en est-il réellement ? Selon le dernier rapport annuel du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), 95,5 millions d'entrées ont été vendues en 2021, pour des recettes guichets de 672,4 millions d'euros — soit une moyenne de 7,04 € par ticket. Dans le détail, ce sont même près de 62 % des entrées qui sont vendues moins de 7 €… bien loin des tarifs pleins pratiqués par les exploitants. En réalité, la très grande majorité des places s'échangent à prix réduits : tarifs enfants et étudiants, séances à prix cassés en heures creuses, cartes 5 films, événements (Printemps du cinéma, etc.), comités d'entreprises, ou encore abonnements illimités.

Publicité

De plus, si les tarifs des cinémas ne cessent d'augmenter depuis 30 ans, cette augmentation est bien inférieure à l'inflation. Ainsi, depuis 2012, ils n'ont augmenté que de 4,8 % tandis que les prix subissaient une hausse de 10,1 %. En ajustant les tarifs pour l'inflation, il apparaît donc que le cinéma est un loisir bien plus accessible aujourd'hui qu'auparavant, et qu'il n'a jamais été aussi peu cher que ces dix dernières années.

Pourtant, les apparences ont la vie dure, et nombre de spectateurs ont l'impression que le cinéma est devenu hors de prix. Ce qui est certain, c'est que la part d'entrées vendues plus de 10 € a explosé ces dernières années. En 2007 et 2008, moins de 1 % des places s'écoulaient à ce prix ; en 2010, c'était près de 6 %, et aujourd'hui près d'un ticket sur 6. On peut dater le début de cette inflation des tarifs à 2009… année de sortie du premier « Avatar », qui impose durablement dans les salles la 3D (et le surcoût associé).

Des spectateurs occasionnels souvent contraints de payer « plein pot »

Malgré un prix moyen accessible, cette hausse des tarifs pleins n'est pas sans conséquence. En effet, toujours selon les chiffres du CNC, près des trois quarts des Français fréquentant les cinémas sont des spectateurs dits « occasionnels », se déplaçant en salle moins d'une fois par mois. À l'inverse, les spectateurs « réguliers » (allant au cinéma plus d'une fois par mois) et « assidus » (plus d'une fois par semaine), qui ne représentent qu'un quart du public, génèrent à eux seuls les deux tiers des entrées. Et contrairement à ces habitués, les spectateurs occasionnels profitent rarement des tarifs réduits ou des cartes illimitées (qui ne deviennent rentables qu'à partir de 2 ou 3 séances par mois), et sont contraints de payer « plein pot ».

Au-delà de la question des tarifs, cette désaffection du public pour la salle a de quoi inquiéter. Car de la fréquentation des cinémas dépend non seulement l'avenir des près de 6.200 salles françaises — un maillage exceptionnel —, mais également celui de l'industrie cinématographique tricolore. En effet, le budget du CNC et de son fonds de soutien à la création dépend intrinsèquement du nombre d'entrées, avec une taxe spéciale additionnelle (TSA) de 10,72 % prélevée sur chaque ticket vendu. En 2019, ce sont plus de 154 millions d'euros qui avaient été collectés, dont 66,3 millions avaient été investis dans la production cinématographique de l'année. Avec la baisse de la fréquentation, les recettes de la TSA n'étaient plus que de 28,5 millions d'euros en 2020 (-82 %), et de 56,9 millions en 2021 (-63 %).

Tom Février

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité